Le député du DEM Parti, Ömer Öcalan, est revenu dans un entretien accordé au quotidien kurde Yeni Özgür Politika sur sa dernière visite à son oncle, le leader kurde Abdullah Öcalan, dans le cadre d’un entretien familial réalisé le 31 mars dernier, au lendemain du Ramadan.
Il y partage les paroles, les réflexions et les messages clés d’Öcalan, notamment en ce qui concerne la situation politique actuelle, le sens du 4 avril, la mémoire collective du mouvement kurde et les perspectives pour un avenir démocratique.
Un message de salut et d’ancrage dans le peuple
Dès l’ouverture de l’entretien, Ömer Öcalan transmet un message central d’Öcalan :
« Le Président a dit : ‘Un socialiste, c’est quelqu’un de social. Être social, c’est aller vers le peuple, marcher avec le peuple, travailler avec lui.’ »
Il insiste sur l’importance du lien organique avec la population et sur la nécessité de rester ancré dans le vécu, les besoins et les aspirations des masses populaires.
4 avril : bien plus qu’un anniversaire personnel
Pour Öcalan, le 4 avril, date de naissance d’Abdullah Öcalan, n’est pas simplement un anniversaire individuel :
« Le peuple kurde le vit comme sa propre naissance. Ce jour est un acte d’engagement, une déclaration d’irade collective. »
Des dizaines de milliers de personnes ont déjà célébré cette date dans les villes du Kurdistan et de Turquie, y voyant le symbole de la renaissance d’un peuple.
Un souvenir partagé avec Cemil Bayık et Mehmet Öcalan
Lors de la visite, un échange marquant a eu lieu autour d’un souvenir datant de la fin des années 1970. Le père d’Ömer, Mehmet Öcalan, a raconté une discussion entre Abdullah Öcalan et Cemil Bayık à l’époque de leurs débuts politiques :
« Mon grand-père leur avait dit : ‘La lutte pour le Kurdistan est plus difficile que celle pour le socialisme. Elle vous épuisera. Vous n’avez ni tribu, ni soutien : vous serez seuls.’ »
Cette anecdote, aujourd’hui replacée dans le contexte d’un mouvement qui compte des millions de partisans à travers le Moyen-Orient, révèle la profondeur du chemin parcouru.
« La naissance d’un peuple »
Pour Ömer Öcalan, le parcours d’Abdullah Öcalan est l’incarnation d’un miracle politique :
« D’un jeune révolutionnaire isolé, sans ressources ni soutien, est née une force politique capable de dominer l’agenda du Moyen-Orient. Le mouvement kurde est devenu un modèle, une alternative, une voix pour les peuples. »
Il rappelle que les Nations Unies, les États-Unis, la Russie, la Chine et l’Union européenne ont salué positivement l’appel du 27 février, preuve de la reconnaissance internationale croissante de ce projet politique.
La table d’Imralı est toujours debout
Abdullah Öcalan, selon Ömer, continue d’analyser finement l’actualité au Moyen-Orient, en Syrie, en Irak, en Iran et en Turquie. Il suit certains canaux de télévision turcs lorsqu’il y a accès, et reste pleinement engagé intellectuellementmalgré l’isolement :
« Nous avons vu de nos propres yeux que la table d’Imralı est encore debout, que Sayın Öcalan est dans une position à la fois déterminée et souple, attentif aux équilibres, prêt à jouer son rôle. »
Un paradigme pour le XXIe siècle
Öcalan propose selon lui un modèle de coexistence entre tous les peuples et confessions :
« Il a formulé la manière dont un Kurde et un Turc, un Arabe et un Perse, un Alévi et un Sunnite, un Assyrien et un Arménien peuvent vivre ensemble dans la dignité et le respect mutuel. »
Un appel clair à l’organisation
En conclusion, Ömer Öcalan insiste sur l’importance que son oncle accorde à l’organisation :
« Le Président a dit : ‘Depuis mon enfance, je m’organise partout où je vais. À l’école, j’avais mon groupe. À la mosquée, j’avais mon groupe. Il n’y a pas de place pour le vide en politique. Celui qui ne s’organise pas disparaît.’ »
Un message d’espoir, malgré les doutes
Abdullah Öcalan est également conscient des doutes du peuple kurde liés aux expériences passées :
« Il a dit : ‘Le peuple a raison d’être méfiant. Mais moi, je garde l’espoir et je ferai tout pour que ce processus aboutisse.’ »
Ce témoignage d’Ömer Öcalan réaffirme que, malgré l’isolement et les obstacles politiques, la pensée d’Abdullah Öcalan demeure vivante, active et porteuse d’un horizon démocratique pour l’ensemble du Moyen-Orient.