Voilà 100 jours qu’Emine Senyasar et son fils protestent devant le palais de justice d’Urfa pour réclamer la justice.
Ce mercredi 16 juin marque le 100e jour de la « veille pour la justice » d’Emine Senyasar et de son fils Ferit qui réclament inlassablement que les meurtriers des membres de leur famille soient jugés et condamnés.
Le mari d’Emine Senyasar, Hacı Esvet, et deux de ses fils, Adil et Celal, sont morts en 2018 dans une attaque armée menée par des gardes du corps et des proches d’İbrahim Halil Yıldız, député du Parti de la justice et du développement (AKP, parti au pouvoir en Turquie). Le meurtre s’est produit en plein jour, devant de nombreux témoins. Mais les auteurs ne sont toujours pas punis.
Au 100e jour de leur veille, Emine et Ferit Senyasar, lui-même blessé dans l’attaque, étaient, une fois de plus, devant le palais de justice d’Urfa. « Une mère est en veille devant le palais de justice d’Urfa depuis 100 jours. Ses deux enfants et son mari ont été tués à l’hôpital. Après trois ans, il n’y a toujours pas de poursuite judiciaire, parce qu’un député est impliqué dans le massacre », pouvait-on lire sur la pancarte posée devant Emine Senyasar.
« Un massacre a eu lieu à l’hôpital d’État de Suruç sous la direction et le contrôle d’un député. Le procureur général d’Urfa couvre maintenant le massacre, et ce faisant, il commet un crime. Nous avons saisi la Cour constitutionnelle à ce sujet et nous attendons le résultat », a déclaré Ferit Senyasar dans une conférence de presse tenue à l’occasion de ce 100e jour de veille.
Et d’ajouter : « Puisque le procureur couvre ce massacre, il en devient complice. Cela fait 100 jours que nous sommes ici avec ma mère. Les trottoirs du palais de justice d’Urfa sont devenus notre deuxième maison. Nous exigeons et nous nous battons pour la justice ! »
La mère et le fils ont dû faire face à l’intervention de la police à de nombreuses reprises durant ces 100 jours. Plusieurs fois, ils ont été expulsés de la place, voire arrêtés. « Chaque fois que nous entrons dans le palais de justice et que nous demandons à parler aux procureurs, a poursuivi le jeune homme, nous sommes entravés par la police. Les procureurs sont embarrassés par notre quête pour la justice. S’ils sont gênés par notre demande, alors nous continuerons à les gêner. Parce qu’un crime contre l’humanité a été commis et nous ne partirons pas d’ici tant que ce crime ne sera pas mis au jour et que ses auteurs ne seront pas jugés. Nous risquons d’être arrêtés et même tués. Mais nous ne rentrerons chez nous qu’après avoir obtenu justice. »