Jean-Yves Le Drian, Ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères.

Lors de la réception donnée le 1er décembre dernier en mairie de Rennes à l’intention des acteurs de la solidarité internationale, Madame Nathalie Appéré, maire de Rennes, a souligné dans son discours les liens particuliers qui unissent Rennes et Diyarbakir et fait part à nouveau publiquement de sa préoccupation concernant le sort de Madame Gültan Kışanak, co-maire de Diyarbakir, destituée et incarcérée depuis le 25 octobre 2016 et pour laquelle elle était intervenue le 9 octobre dernier auprès de Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères.

Rencontre entre Nathalie Appéré et Saïf, un des protagonistes d’ »Open the border »

 A l’issue de la réception, les représentants des Amitiés kurdes de Bretagne ont présenté à la Maire leur hôte, Saïf, un des jeunes Yézidis qui a vécu une des tragédies partagées par la population yézidie et relatée dans le film de Mickael Baudu, « Open the border ». Ce fut l’occasion de rappeler que la ville de Rennes avait participé financièrement à l’action de la ville de Diyarbakir en faveur des réfugiés yézidis (camp de Fidanlik) et aux activités des AKB en direction des enfants et des jeunes accueillis dans ce camp.

Ils ont également évoqué leur vive inquiétude pour tous leurs amis kurdes qui, pour la plupart, sont aujourd’hui emprisonnés. Nathalie Appéré, qui partage leur inquiétude, leur a fait part du courrier daté du 2 novembre 2017 qu’elle a reçu de Jean-Yves Le Drian, qu’elle a qualifié « d’encourageant. »

Courrier de Jean-Yves Le Drian

« Par courrier en date du 9 octobre dernier, vous appelez mon attention sur la situation de Madame Gültan Kışanak, co-maire de Diyarbakir, en détention depuis un an.

La France est très attentive à la situation en Turquie des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, dont le respect constitue le socle central des engagements européens et internationaux d’Ankara. Nous appelons régulièrement dans nos échanges avec nos interlocuteurs turcs à ce que la Turquie, pays candidat à l’adhésion à l’Union européenne et membre du Conseil de l’Europe, garantisse pleinement le libre exercice des droits individuels et le pluralisme démocratique.

A ce titre, nous sommes préoccupés par les arrestations d’élus du parti HDP?, dont ses deux coprésidents Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdağ et de nombreux élus locaux. Ces arrestations ainsi que la nomination dans plusieurs villes d’ »administrateurs » pour remplacer des élus locaux en détention suscitent des préoccupations concernant le respect du vote au niveau local.

Nous appelons au plein respect du droit à un procès équitable et de la démocratie locale. Plus généralement, la France a rappelé la nécessité pour les autorités turques d’inscrire les mesures prises après la tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016 dans le cadre de l’Etat de droit. S’agissant de Diyarbakir, la France a également fait part de ses préoccupations à l’égard des destructions intervenues depuis la reprise des affrontements à l’automne 2015, en particulier dans le quartier historique de Sur, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO et aujourd’hui détruit à 40%.

Sachez, enfin, que nous accompagnerons les efforts des acteurs culturels et de la société civile dans cette région : l’Institut français de Turquie mène en partenariat avec l’Institut Goethe, les Consulats généraux de Suède et des Pays-Bas et la Fondation Anadolu Kûltur le projet Spaces of culture, espace culturel multidisciplinaire pour le jeune public, avec un volet patrimonial et proposant un travail sur la mémoire ».

 Par André Métayer