Trente ans après l'interdiction du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) par le gouvernement allemand, les répercussions sur la communauté kurde demeurent prégnantes.

Trente ans après l’interdiction du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) par le gouvernement allemand, les répercussions sur la communauté kurde demeurent prégnantes.

Cette décision, prise par le ministre de l’Intérieur de l’époque, Manfred Kanther, continue d’avoir des effets notables sur la communauté kurde locale. Les implications sont particulièrement lourdes pour ceux engagés dans des activités politiques, avec des risques de poursuites judiciaires et de perte de droits de résidence en cas d’implication dans des affaires liées au terrorisme.

Actuellement, onze Kurdes sont détenus ou en détention préventive en Allemagne, risquant jusqu’à trois ans de prison, certains en isolement. Même après leur libération, des conditions strictes, comme des présentations hebdomadaires à la police et l’interdiction de toute activité politique, sont imposées. Les Kurdes non-allemands font face à des menaces supplémentaires telles que la déportation ou le rejet de leur demande d’asile.

La Cour administrative fédérale a récemment confirmé l’interdiction de deux entreprises kurdes, Mezopotamien Verlag et MIR Muzik, accusées de diffuser de la propagande du PKK et de le soutenir financièrement. Cette décision est perçue par certains comme une forme de censure et une atteinte aux libertés fondamentales.

La position vis-à-vis du PKK a évolué en Allemagne, surtout après les actions du PKK pour créer un couloir de sécurité pour les Yézidis en Irak en 2014, face à l’invasion de l’État islamique. Des politiciens allemands, y compris Rolf Mützenich, chef du groupe parlementaire social-démocrate, ont loué les actions du PKK et appelé à la levée de son interdiction, bien que ce soutien soit maintenant principalement porté par la gauche et les Verts.

En 2014, le parti Die Linke a proposé une motion pour mettre fin à la criminalisation du PKK, réclamant des mesures politiques pour la levée de l’interdiction, une amnistie et la reprise des pourparlers de paix avec le gouvernement turc. L’Association des juristes démocrates a appuyé ces revendications.

En mai 2022, le PKK a demandé au ministère fédéral de l’intérieur de lever l’interdiction, mais la décision est toujours en attente. La levée de l’interdiction est considérée comme potentiellement préjudiciable aux relations entre l’Allemagne et la Turquie, et on s’attend à un rejet.

Une récente manifestation à Berlin contre l’interdiction du PKK a souligné les sentiments d’abandon, d’exclusion et de discrimination vécus par les Kurdes en Allemagne. Les participants ont demandé une réévaluation de l’interdiction et ont interpellé le gouvernement allemand pour répondre aux doléances de la communauté kurde.

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