Les avocats de Servet Turgut et d’Osman Şiban ont saisi la Cour constitutionnelle turque pour violation du droit à un recours effectif.
Osman Şiban et Servet Turgut, deux villageois kurdes jetés d'un hélicoptère suite à une opération de l'armée turque dans la région de Van, le 11 septembre dernier. Le second est décédé depuis les faits.

Les avocats de Servet Turgut et d’Osman Şiban, deux Kurdes jetés d’un hélicoptère en septembre dernier, lors d’une opération de l’armée turque dans la région de Van, ont saisi la Cour constitutionnelle turque pour violation du droit de leurs clients à un recours effectif.

Osman Şiban et Servet Turgut avaient été jetés d’un hélicoptère après avoir été arrêtés par l’armée turque, suite à une opération menée le 11 septembre dernier à Çatak, dans la province de Van. Alors que Servet Turgut, 55 ans, est décédé à l’hôpital des suites des blessures causées par la chute, après 20 jours de soins intensifs, la seconde victime a survécu avec de lourds traumatismes.

L’enquête concernant la plainte pour torture a été classée confidentielle par le parquet de Van, ce qui empêche les avocats des victimes d’avoir accès aux éléments du dossier. Ces derniers ont saisi la Cour constitutionnelle turque, arguant que cette mesure de confidentialité portait atteinte au droit de leurs clients à un recours effectif.

Lundi 2 novembre, Ahmet Şık, Député indépendant d’Istanbul, avait présenté, dans une conférence presse à l’assemblée nationale, un rapport établi suite à une série d’entretiens, notamment avec Osman Siban. Dans cet entretien, la victime avait livré le témoignage suivant :

« Je prenais le thé devant ma maison lorsque j’ai vu trois soldats s’approcher. Ils emmenaient Servet Turgut. Ils avaient mis quelque chose comme un sac sur sa tête. L’un des soldats a demandé qui était Osman Şiban. J’ai levé la main et j’ai dit ‘Je suis Osman Şiban’. ‘Viens ici’, ont-ils dit. Je me suis levé quand ils sont venus vers moi. Ils ont enlevé le sac de la tête de Servet et lui ont demandé : ‘Est-ce que c’est Osman Şiban ?’. Servet a répondu ‘Oui’. Ils ont continué à crier : ‘Dis la vérité, est-ce que c’est Osman Şiban ?’. Ils ont posé cette question à trois reprises. Plus tard, ils m’ont demandé ma carte d’identité, que je leur ai donnée. Un soldat a regardé la carte, et pointant Servet, m’a demandé si je le connaissais. J’ai dit : ‘Oui, c’est Servet Turgut, c’est mon neveu, comment pourrais-je ne pas le connaître ?’ ».  

Selon le rapport, Servet Turgut et Osman Şiban ont été arrêtés le 11 septembre, vers 16h, et emmenés dans un hélicoptère, où ils ont été torturés pendant tout le vol.

Au moment de l’atterrissage de l’hélicoptère au poste de commandement de la gendarmerie de Van, les villageois ont été jetés à terre et la torture a continué. Turgut et Şiban ont été lynchés par de nombreux soldats.

L’état de santé des deux personnes s’étant aggravé, elles ont été emmenées par les gendarmes dans un hôpital privé, vers 19h.

Le rapport indique en outre que, selon des témoignages recueillis auprès du personnel de santé de l’hôpital, les gendarmes ont présenté les deux victimes comme des « terroristes » qui avaient été surpris lors d’un affrontement et qui avaient ensuite tenté de s’échapper en sautant de l’hélicoptère.

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