Selon le rapport publié par la Fondation des Droits de l’Homme de Turquie (TIHV), 781 personnes ont sollicité la fondation en 2023 en déclarant avoir été torturées et maltraitées. Six personnes ont perdu la vie durant leur détention.

La Fondation des Droits de l’Homme de Turquie (TIHV), qui œuvre pour la prévention de la torture ainsi que pour le traitement et la réhabilitation des victimes de torture, a publié le “Rapport 2023 des Centres de Traitement et de Réhabilitation”.

D’après ce rapport, 781 personnes ont sollicité la TIHV en 2023 pour dénoncer des actes de torture et de mauvais traitements dont elles-mêmes (739) ou leurs proches (42) ont été victimes. Au cours des dix dernières années, 7 548 personnes ont fait appel à la TIHV pour des raisons similaires, et depuis sa création en 1990, ce chiffre s’élève à 21 894. Le rapport précise que la plus jeune victime de torture avait 7 ans.

Six décès

Le rapport indique qu’au moins 7 personnes sur 10 ayant sollicité la TIHV en 2023 avaient subi des actes de torture et de mauvais traitements au cours de l’année précédente, et au moins 9 personnes sur 10 au cours des six dernières années. Il est souligné que la mort de six personnes durant leur détention en 2023 est “un indicateur important de la prévalence et de la gravité des pratiques de torture.”

Un tiers des victimes sont des femmes ou des personnes LGBTI+

Parmi les victimes de torture, 240 se sont identifiées comme femmes (32,8 %), 428 comme hommes (58,5 %), et 63 comme non-binaires ou queer. La répartition des sollicitations aux bureaux de la TIHV à Istanbul, Izmir et Ankara montre une augmentation significative des cas de torture et de harcèlement en juin et juillet, liée aux événements de la Semaine des Fiertés.

La plus jeune victime avait 7 ans, la plus âgée 77 ans

La plus jeune personne à avoir sollicité la Fondation en raison de tortures avait 7 ans, et la plus âgée 77 ans. Près de la moitié des personnes ayant sollicité la TIHV (49,2 %) étaient âgées entre 19 et 35 ans.

Le rapport mentionne que 598 des 781 sollicitations (81,8 %) concernaient des détentions officielles. 133 demandeurs (18,8 %) ont déclaré que leur dernière détention n’avait pas été enregistrée et qu’aucune mesure officielle n’avait été prise.

Istanbul en tête des sollicitations

En 2023, le plus grand nombre de sollicitations pour torture a été enregistré aux bureaux de la fondation à Istanbul avec 251 cas, suivi par Izmir avec 172 cas et Van avec 161 cas. Le bureau de représentation d’Amed, malgré une interruption de service de près de quatre mois due au séisme de février 2023, a reçu 125 sollicitations. Les bureaux de Cizre et Ankara ont enregistré respectivement 40 et 32 sollicitations.

La Direction de la Police d’Istanbul arrive en tête des lieux où les détenus ont été soumis à la torture, suivie par les départements de police de Diyarbakır, Ankara et Van.

67 % des victimes de torture ont le kurde comme langue maternelle

Le rapport conclut : “En évaluant les sollicitations à la TIHV en fonction du lieu de naissance et de la langue maternelle des demandeurs, nous constatons que l’identité ethnique kurde est plus exposée à la torture que les autres identités ethniques. 67 % des sollicitations proviennent de personnes dont la langue maternelle est le kurde.”