Le groupe paramilitaire SADAT opère à Van sous le couvert de différentes associations. A l’origine des mesures préfectorales interdisant toute manifestation à Van depuis six ans, la société privée est financée par TURGEV, une fondation affiliée à l’AKP, parti au pouvoir en Turquie.
Fondée par 23 officiers retraités de l’armée et par l’ancien général de brigade Adnan Tanriverdi, SADAT est surtout connue pour son aide aux groupes de mercenaires, tels que l’État Islamique (EI) et Al-Qaïda, sévissant dans le nord de la Syrie. Parallèlement à cette action à l’extérieur, l’on a pu observer ces derniers temps une intensification des activités de l’organisation paramilitaire à l’intérieur des frontières de la Turquie. Les forces paramilitaires – des mercenaires tchétchènes entre autres – formées au sein de cette structure financée par le budget présidentiel sont responsables de milliers d’exécutions de civils commises notamment dans les villes et districts kurdes de Sur, Cizre et Nusaybin entre 2015 et 2017.
« Initiative de solidarité civile », un nom de couverture de SADAT à Van
À Van, où la préfecture interdit les manifestations de rue depuis six ans, SADAT opère principalement sous le nom d’ « Initiative de solidarité civile ». Cette structure se présentant comme une ONG est composée de 54 associations qui sont entièrement financées par la Fondation turque pour la jeunesse et l’éducation (TURGEV)
Le président de l’Initiative, Mehmet Emin Akan, rencontre régulièrement le préfet pour échanger des informations et discuter des mesures à prendre particulièrement dans le domaine sécuritaire.
Le chef de SADAT est l’exécutif provincial de l’AKP
Sinan Başak, administrateur local de l’AKP, parti du Président turc Recep Tayyip Erdogan, est la personne en charge de l’organisation de toutes les activités de SADAT à Van. Başak est par ailleurs l’un des responsables de l’organe de publicité et de presse de l’AKP dans la région ainsi que le vice-président d’une structure dite « Plate-forme de pensée », un autre nom de couverture pour l’organisation paramilitaire.
Selon des sources concordantes, SADAT aurait réussi à convaincre l’autorité préfectorale d’imposer une interdiction systématique des manifestations dans la province. Disposant d’une grande influence sur les préfets et les administrateurs désignés par le gouvernement turc en lieu et place des Maires kurdes destitués. SADAT, qui interdit aux partis politiques et aux organisations de la société civile d’organiser quelconque manifestation dans la rue, fournit pourtant aux structures qui lui sont liées le cadre pour agir dans la rue.