Reportage à propos du référendum d’indépendance au Sud-Kurdistan (irak), de Tijda Yağmur, avec Riza Altun membre du Conseil exécutif du KCK (publié sur Yeni Özgür Politika et effectué le 16 septembre 2017).
Depuis ce reportage, différentes évolutions se sont faites jour. En voici quelques unes.
- L’armée turque poursuit “l’opération” qu’elle a commencée le 18 septembre à la frontière de Habur, massant des blindés et proférant des menaces, avec le soutien appuyé de la presse alliée de l’AKP.
- Les ministres des affaires extérieures de la Turquie, d’Iran, d’Irak se sont réunis à New-York. Ils ont fait une déclaration commune “Le référendum ne serait pas en faveur des Kurdes, et de l’administration de la Fédération”… et de ce fait, se sont entendus sur le fait de “prendre des précautions à son encontre”.
- La dite communauté internationale a désapprouvé l’initiative, à l’exception de l’Etat d’Israël.
- Barzani a eu des rencontres avec différents dirigeants internationaux, et a fait plusieurs prises de parole, dont une où il évoque “une possible démocratie dans un Etat fédéral irakien”…
- Une réunion des membres du Conseil de Sécurité de l’ONU a appelé à repousser cette consultation et à l’ouverture de négociations sur le sol irakien…
- Le 23 septembre, le Parlement turc a voté lors d’une cession exceptionnelle (normalement prévue le 30 octobre) la reconduction du dispositif autorisant le gouvernement à entreprendre des interventions au delà des frontières d’Irak et de Syrie, pour un an. Le HDP a refusé le dispositif. Le MHP l’a soutenu sans condition, quant au CHP, il a apporté son soutien avec la condition suivante “Si cela renforce l’armée dans sa lutte contre le terrorisme”. Le dispositif notifie l’importance donnée par la Turquie, à la protection de son intégrité territoriale, et celle de l’unité nationale et la stabilité en Irak, et ajoute “Par ailleurs, le fait qu’en Irak, le PKK et Daech poursuivent leur existence, leurs initiatives séparatistes basées sur l’ethnicité, constituent des menaces contre la paix régionale, la stabilité et la sécurité de notre pays.”[…] “La prise des précautions nécessaires dans le cadre de nos droits (selon le Droit international), contre tous les risques, actions et menaces qui peuvent mettre en danger notre sécurité nationale, ciblée par le terrorisme, l’intégrité territoriale d’Irak et de Syrie, des violations illégitimes accomplies dans la zone, est d’une importance vitale pour notre sécurité nationale.”
– Dans le Sud-Kurdistan, il y a à la fois une crise économique, et le référendum prochain, dans l’actualité. Pour vous, est-ce que ce référendum est venu dans l’actualité comme une conséquence de la crise ou est-il vu comme une méthode de sortie de cette crise ? Quelles seront les avancées dans le proche avenir dans le Sud-Kurdistan.
En réalité, le référendum et la crise du Sud-Kurdistan ne se chevauchent pas tout à fait. La crise a généré le référendum ou le référendum résoudra la crise, ce dilemme n’explique pas la situation. Ceci ne correspond pas à la réalité du Sud-Kurdistan. La crise est plutôt liée aux politiques qui tiennent le Sud-Kurdistan entre leurs mains. En réalité la crise est une conséquence de la faiblesse de gouvernement et de maladresse. Au contraire, il aurait pu ne pas avoir du tout de crise dans le Sud-Kurdistan. Lorsque la crise du Moyen-Orient est apparue, le Sud-Kurdistan était la région la plus sûre et la plus prospère. C’était une région qui était à la fois sous la protection des forces internationales, et appropriée par les quatre parties des Kurdes. Si une politique conséquente, à l’avantage des Kurdes avait été menée, elle aurait pu créer une très grande union des Kurdes entre eux, et, également, une entité fédérée aurait pu être réellement fondée. L’Irak aurait pu se transformer en une structure parfaite dans cette fédération. Mais cela n’a pas pu être réalisé, et de mauvaises politiques ont été menées, et les Kurdes n’ont pas pu s’unir, et se sont divisés.
Maintenant, suite aux mauvaises politiques régionales et internationales, une crise est née. Et celle-ci s’étant réunie avec le chaos de la région, une situation que personne ne peut résoudre, est présente. Par ailleurs, il n’existe pas de modèle d’organisation sociale, et un modèle économique n’a pas été crée non plus. Il existe seul un modèle centralisé et basé sur une hégémonie politique. Il apparait alors une politique qui s’est reposé e sur la souveraineté, l’oppression, l’exploitation et le pillage. Au lieu de prendre la force, du peuple, en s’adossant aux forces de la région, la crise est arrivée à un point insoluble. Ni une entité fédérée n’a pu exister, ni une société stable, ni une force économique, ni militaire ni politique…
– Comment cette crise peut-elle être résolue dans ce cas ?
La crise peut être résolue, en prenant en main, les problèmes d’une façon correcte. Le fait de mettre dans l’actualité un référendum, dans une région frappée par la crise, est discutable. Pourquoi et comment le référendum est-il fait ? Disons qu’il est fait pour mettre à la lumière du jour, la revendication de l’indépendance du peuple, etc. Lorsque la revendication de l’indépendance s’est exprimée, l’indépendance est transformée en une politique. Mais les approches des mouvements, et la situation en Irak, les circonstances, ne sont pas favorables pour cela.
Premièrement, une structure confédérale n’a pas pu être instaurée dans une fédération. Il n’a pas eu des pourparlers sur la constitution d’Irak, et pour faire avancer des résolutions de crise.
Deuxièmement, les forces politiques qui composent la fédération kurde, n’ont pas pu dépasser les problèmes entre elles et n’ont réussi à atteindre l’union politique, pour devenir une entité fédérée. Les mésententes à Bagdad, la non entente des mouvements politiques kurdes en Irak, le fait qu’ils ne fassent pas fonctionner leur parlement, on amené ce parlement presque a une dissolution.
Par ailleurs, une faillite économique est subie, le pouvoir d’achat de la population a baissé, et il est question d’une grande dépendance. Ils n’ont même plus les moyens de payer les salaires des peshmergas. Comment alors, dans une région si déchirée, allons-nous mesurer la volonté du peuple pour l’indépendance ? Le fait de résoudre les problème dans ce chaos, d’établir une stabilité et la prospérité et d’aller vers un référendum est une chose, mettre en jeu une volonté politique dans l’atmosphère de chaos en est autre.
Le sujet, du “pourquoi ce référendum” est attire l’attention et crée le doute. Un référendum est un moyen démocratique pour mettre à la lumière du jour une volonté. Mais pour faire cela d’une façon démocratique, il est nécessaire d’avoir une société stable, une ambiance stable et des mécanismes qui fonctionnent. C’est seulement de cette façon là que la volonté d’un peuple peut être avérée. La crise politique et sociale existant dans le Sud, n’est pas vraiment opportune pour un référendum. C’est comme une partie de poker. Cela peut être interprété comme une approche pour forcer toutes les forces en réaction, pour qu’elles se “désistent” de leur revendication d’indépendance. Il n’est pas possible de savoir à l’avance, où ira la réaction du peuple. C’est une politique curieuse, et dangereuse. Le référendum n’est pas arrivé dans l’actualité de ce besoin. Aussi, dans quelle mesure, les résultats du référendum, peuvent-ils réellement faire disparaitre la crise existante ? disons que la volonté du peuple est mise en lumière, et il revendique l’indépendance. Cette volonté d’indépendance peut être amenée vers un Etat indépendant et ceci veut dire se condamner. Si ce pas est entamé, comment l’Etat peut-il être fondé malgré la politique menée jusqu’aujourd’hui et le chaos dans les fondations ? Il n’y a aucun sens, à ce qu’une politique qui n’arrive même pas créer une fédération, qui n’arrive pas montrer le talent de se rendre indépendant même au sens fédéral, mène la volonté d’indépendance exprimée par le peuple vers un Etat indépendant. Les mouvements qui déclarent qu’ils feront un référendum, ne sont pas disponibles eux-mêmes pour cela. Ils sont dans une position où ils ne peuvent pas le faire. Le référendum n’est pas alors, la solution de la crise. Nous pouvons discuter cela sous différents angles. Le référendum est une situation à multiples problèmes. Et pourquoi ce référendum est-il mis précisément dans l’ordre du jour, à ce moment, et dans ces conditions… c’est le sujet d’une sérieuse discussion.
– Alors pourquoi un référendum ?
Premièrement, les situations chaotiques, crises et déchirements politiques ne sont pas opportunes pour un référendum. Secundo, une démarche préalable est nécessaire auprès des kurdes dans d’autres parties du Kurdistan, pour que les différents milieux qui ont des approches et tendances très différentes, puissent discuter du référendum. Aller vers un référendum sans prendre le soutien de tous les kurdes est une approche problématique. Et pour finir, en prenant en compte la situation régionale et internationale, insister, contre tout le monde, quel genre de politique est-ce là ?
Le pays auquel on fait le plus confiance sont les Etats-Unis, et ils ne l’acceptent pas. Les pays de la région ne l’acceptent absolument pas, excepté l’Israël. Ni l’Union Européenne, ni la Russie ne l’approuvent. Pourquoi sommes-nous rentrés dans un processus de référendum qui n’est pas accepté par les forces de la région ? Soit tu possèdes une force très grande et tu es prêt à mettre en dynamique ta volonté, et tu te prononces malgré tout, “je vais vers le référendum”… Mais ceci est un sérieux problème et crée une sérieuse confusion dans les têtes.
Les résultats du référendum sont importants pour ces aspects. Si l’indépendance ne sort pas des urnes, qui donnera des comptes pour cela ?Je dis cela pour le parti au pouvoir actuellement : qui va rendre des comptes ? Comment encaissera-il [le parti au pouvoir] les résultats ? A-t-il une idée sur ce que cela veut dire ? Si un tel résultat sort des urnes, ils doivent tous démissionner. Il faut qu’ils arrêtent la politique. Si le résultat est l’indépendance, tu entres sous la responsabilité de transformer cette décision en un Etat. Lorsque le peuple revendique l’indépendance, tu ne peux pas dire, ‘je ne peux pas instaurer un Etat’. Dans quelle politique trouve-t-il une place, le fait d’exposer une telle volonté du peuple, tout en sachant que les forces régionales et internationales prennent tous une position [défavorable], donc en sachant qu’un tel Etat ne sera pas reconnu ? De quelle approche politique stratégique peut-il être question ? Il y a un problème sur ce sujet. Il faut alors demander réellement : Qu’est-ce que ce référendum ? Et où vont conduire les résultats de ce référendum ? Si ce moment continue, il y aura des résultats que personne ne reconnaîtra, aucune force ne sera en osmose. Le Sud-Kurdistan, qui actuellement alimenté par les forces internationales et régionales, arrivera au point de faillite. C’est là un pas fait en avant sans prendre en compte tout cela.
– Quelle est la raison du fait que les forces kurdes, qui sont celles qui devraient avancer ensemble en priorité, avancent pour différents agendas d’une façon détachée l’une de l’autre ? Pour vous, quels doivent être l’ordre du jour et l’objectif prioritaires des Kurdes ?
Entre les Kurdes, des lignes politiques et idéologiques différentes existent depuis longtemps. Chacune de ces lignes ont des ordres du jour qui leur sont adaptés. Il ne faut pas refuser cela, mais les conditions actuelles nous mettent devant l’obligation d’avancer ensemble malgré les différences. C’est pour cela, qu’il faudrait réunir les agendas autant que possible, ou arriver au point qui permette d’avancer ensemble. Maintenant cela est devenu une nécessité. Les Kurdes vivent une situation qui a rarement rencontrée dans l’histoire. Depuis toute l’Histoire, les Kurdes n’ont pas pu trouver une telle occasion. Les résultats de la crise du Moyen-Orient et la lutte et la résistance que les Kurdes ont menée leur ont donné une grande ouverture. Les Kurdes sont entréEs dans l’ordre du jour mondial et la question kurde est devenu un sujet international. C’est une conquête importante.
La fédération du Sud-Kurdistan, la situation au Rojava, confédération en Syrie du Nord, la lutte menée au Rojhilat dans le Nord-Kurdistan, ont placé la réalité kurde devant les yeux du monde. La possibilité que les Kurdes gagne est très forte. Mais les forces régionales et internationales hésitent encore à parler du statut kurde et elles tiennent sous leur main, la possibilité d’instrumentaliser les Kurdes d’une certaine façon. Par conséquent, les Kurdes qui ont une grande chance de victoire, sont devant un grand risque d’échec. Alors, ce qu’il faudrait, plutôt que d’avancer avec des agendas différents, pour des ordres du jour différent, ce serait de réaliser l’union des Kurdes qui représenterait les Kurdes dans leur globalité, dans laquelle chacun peut s’organiser, s’exprimer dans son environnement démocratique. Mais, ce qui ne se fait pas , c’est bien cela.
Le fait que le Congrès National initié par le KNK, soutenu par le KCK, et que nous faisons progresser, revienne dans l’actualité est dû à une telle considération. C’est à dire que nous l’avons réalisé, dans une situation où il est question d’une grande conquête et à la fois d’un important risque de perte, pour créer une union kurde, et créer des ordres du jour commun, plutôt que d’avancer à travers des ordres du jour différent. Mais on n’y arrive pas tout à fait. Chacun compose son agenda, dans un climat politique défini par ses propres forces et limité par les forces avec lesquelles il est en relation.
Par exemple dans l’Est-Kurdistan, il y a un grand silence. Ce silence est plutôt dû à l’attitude de certains mouvements là-bas, qui font mine de sortir de temps à autre mais qui, en réalité, ne font rien. Mais une attente [de réaction] existe aussi. Ils se comportent, avec un attentisme, qui dit ‘la crise du Moyen-Orient pourrait peut-être créer une occasion pour nous aussi’. Ils conditionnent leur politique à cela. Dans cet endroit, ils font la politique et se placent, selon des calculs sur l’ouverture d’un chemin qui pourrait être ouvert par les évolutions internationales ou régionales, plutôt que d’adopter une politique basée sur l’Union kurde, et la force kurde. Et cela revient à jouer le rôle de roue de secours de la politique des forces régionales et internationales. Ce style de politique ne fait rien gagner aux Kurdes.
De l’autre côté, lorsque nous regardons au Sud-Kurdistan, plutôt que de rassembler les forces et les victoires, et de les positiver en politique, ils tentent de s’exprimer avec des voies qui ne correspondent pas à l’époque, sous prétexte de faire des pas politiques, et sans se soucier de leur propre situation de crise et de chaos. Ce ne sont pas des politiques qui tendent vers l’union qui s’expriment. L’une est l’attente d’une issue politique qui s’exprimerait à travers les forces extérieures. L’autre veut ouvrir le chemin par des approches politiques qui ne sont qu’agitation et propagande. On avance centré sur soi, sur une partie. Le fait qu’un mouvement basé sur un parti, sur sa seule force politique, avance selon son seul désir, est, dans cette période, très dangereux.
Le fait de tomber dans le filet de la politique régionale et internationale que chacun a transformé en une quasi tentacule de soi-même, sous le nom d’ordre du jour “d’indépendance”, qui prend comme principe le déchirement, la séparation, est une approche dangereuse. Cet ordre du jour doit être dépassé.
Si les Kurdes avaient réussi à instaurer des unions, s’ils avaient réussi à créer les environnements démocratiques pour avancer ensemble, s’ils avaient trouvé le moyen de préserver l’indépendance organisationnelle, idéologique et politique. Ils n’en seraient pas là… …Nous pensons que cela doit être dépassé. Pour cela, au lieu d’une approche qui prend comme principe une partie, ou soi -même, il faut adopter une approche qui se base sur le problème des Kurdes, concernant la “patrie”, et l’union. Le Kurdistan est un tout ; il faut une approche qui prend cette globalité. Secundo, le Kurdistan est divisé. Sans instaurer l’intégrité, et l’union de cet ensemble, nous ne pouvons pas mettre en sécurité les parties.
Les mentalités qui veulent prendre pouvoir tout en refusant cette globalité, sont plutôt ceux qui veulent poursuivre les accords Sykes-Picot. Comment contester Sykes-Picot, et dans le même temps, accepter comme légitime la division faite par Sykes-Picot et faire de la politique à partir de là, produire des solutions… Tu dois d’abord produire des solutions dans, au sens général, l’union kurde, et au pays des kurdes, auprès du peuple uni kurde, pour que les parties puissent produire des solutions libres sous un tel parapluie. Sinon, ils ne peuvent pas produire des solutions. C’est pour cela que les ordres du jour basés sur des partis séparés peuvent conduire à des résultats dangereux et chaque partie peut perdre gros.
– Que faut-il alors faire ?
Il faut, à minima, instaurer l’union des Kurdes et sécuriser les conquêtes. Avec la force des conquêtes, mises en sécurité, défendre l’union et l’intégrité du Kurdistan basé sur les quatre parties, et à la fois, instaurer une assurance qui met en avant l’autonomie et le statut de chacune des parties. Et le chemin juste pour cela passe par l’union des Kurdes. Une Union kurde basée sur une politique qui prend comme principe la liberté des Kurdes et la résolution démocratique, doit être fondée. C’est avec ces résolutions politiques que cette union peut se former, et avancer en commun, que les Kurdes peuvent obtenir enfin les plus grandes conquêtes.
– Certains milieux expriment qu’ils soutiennent le référendum au Sud-Kurdistan. Pourquoi ces milieux ressentent-ils le besoin d’une telle expression ? Pour vous, est-ce possible ?
Dans le Sud-Kurdistan, bien que tout soit clair et visible, le PDK utilise en continu le mensonge. Ils déclarent que les Nations-Unies soutiennent le référendum, que la Turquie le soutient… Je ne sais pas exactement pourquoi ils disent de telles choses, mais les Nations-Unies ont fait leur déclaration officielle. Ils ont dit que le timing du référendum n’était pas bien choisi. Ils en ont même parlé dans leurs réunions. Il lui ont demandé [à Barzani] lorsqu’il s’est rendu aux Etats-Unis, et quand les représentants sont venus pour les pourparlers, de reporter le référendum. Les forces européennes ont demandé la même chose. Quand Barzani s’est rendu en Europe en délégation, il n’a pas reçu beaucoup de marques d’intérêt. Mais leurs propres médias, allons savoir pourquoi, écrivent sans cesse que les Etats-Unis, l’Europe et même la Turquie soutiennent le référendum. Le Président de la République turque a fait une déclaration, il a dit “Ils paieront le prix !”. Cette parole, n’est pas une chose à prendre à la légère. Ils n’ont pas dit qu’ils étaient pour un report, mais qu’il étaient contre. Et là, il y a quelque chose d’intéressant, c’est la psychologie d’orphelin. C’est comme si en créant le sentiment de “quelques uns nous soutiennent”, qu’ils essayent de se protéger de la solitude…
Si la Turquie soutient le référendum, pourquoi alors, dans la démarche de la démocratisation de laTurquie, n’y a-t-il rien pour la question kurde ?
C’est à dire que quelques uns insistent, pour montrer la Turquie comme si elle n’était pas hostile aux Kurdes, comme une amie des Kurdes. Cela n’est pas vrai. Le régime politique en Turquie, le gouvernement d’Erdoğan sont hostiles envers les Kurdes. et cette hostilité n’est pas seulement envers les Kurdes au Nord, mais aussi envers les Kurdes du Rojava. Elle est tournée contre les Kurdes du sud, et des Kurdes du Rojhilat. Il [Erdoğan] crie partout qu’il n’accepterait pas de statut kurde. Alors, quand on dit “la Turquie soutient le référendum”, on peut avoir des doutes. Si un ennemi des Kurdes, des assassins de Kurdes soutenait ce référendum, on pourrait dire qu’un référendum ne peut apporter rien de bien pour les Kurdes. Mais je ne veux pas dire cela. Je ne dis pas que le KDP garde des relations avec la Turquie et, tient ouvert la porte pour des massacres des Kurdes. Mais je veux dire qu’exonérer la Turquie, de cette façon là, n’est pas acceptable. Pour tout cela, je ne pense pas que la Turquie soutiendrait quoi que ce soit qui serait favorable pour les Kurdes. Nous ne pouvons pas nous attendre à ce que la Turquie accepte même dans l’opportunisme de la politique actuelle. Par exemple il ne serait pas juste non plus de penser comme ceci : prendre ce paysage comme si la Turquie montrait un pseudo soutien, pour lutter contre le PKK en bloc avec les forces du Sud, c’est à dire le PDK à la tête.
Finalement l’acceptation de l’indépendance des Kurdes est une chose au delà ce cela, une situation stratégique. Accepter l’indépendance des Kurdes, veut dire, l’acceptation de la question kurde dans le Nord, au niveau de l’Etat turc. Et il n’est pas possible que la Turquie accepte cela. Je ne pense pas que nous arriverons à cette étape. Ni politiquement, ni tactiquement, la Turquie ne parviendrait à un tel point, et surtout dans une phase comme celle-là. Dans cette phase, le gouvernement de l’AKP a une seule politique : que les Kurdes n’aient pas le moindre droit dans le Moyen-Orient, que les Kurdes n’obtiennent pas le moindre statut, et même, si c’est nécessaire, dans des endroits où des possibilités se montrent, prendre des risques, et intervenir pour les liquider.
Pour cela, exprimer que les turcs ont accepté ce référendum est une très mauvaise propagande.
Traduit par KEDISTAN