C’est à l’Hotel Lutetia que le Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) a organisé lundi sa réception du Newroz, nouvel an kurde.
Plus d’une centaine de personnalités, dont beaucoup d’intellectuels, issues de tous les bords ont répondu présent à l’invitation du CDK-F pour passer un moment convivial à la réception du Newroz organisée le 21 mars par le CDK-F, dans un lieu hautement symbolique de Paris, l’hôtel Lutetia.
Accompagnée de la voix magnifique du chanteur kurde Diyar Mehruwi, la réception a été ponctuée par des prises de parole des organisateurs et des convives.
Après avoir évoqué le caractère historique et politique du Newroz qui, au-delà de la renaissance de la nature, symbolise la résistance contre l’oppression, Agit Polat, porte-parole du CDK-F, a abordé les questions géopolitiques. Il a souligné à cet égard les changements intervenus dans le mouvement kurde au cours des dernières décennies : « Il est important de comprendre que les Kurdes ne sont plus les anciens kurdes, le PKK n’est plus l’ancien PKK marxiste-léniniste, le Moyen-Orient n’est plus l’ancien Moyen-Orient et les équilibres politiques et géostratégiques ne sont plus les mêmes. Le monde change, les acteurs politiques, militaires et géostratégiques changent avec. La résistance accrue que les Kurdes ont affichée contre Daesh prouve largement ce changement. »
Dans la suite de son long discours, le porte-parole du CDK-F a mis l’accent sur la nécessité de résoudre la question kurde par des moyens pacifiques et sur le rôle que la France devrait jouer à cet égard : « La résolution de la question kurde par des moyens politiques est un enjeu important à atteindre. Pour ce faire, les alliés et les soutiens des Kurdes doivent également passer à l’action. Faire le nécessaire et se mobiliser pour trouver une solution politique à cette question. La France, quant à elle, doit impérativement s’imposer, user de son influence pour être le garant et le bâtisseur d’un nouveau processus de paix entre les Kurdes et les Turcs ».
Et d’ajouter : « J’appelle ici, solennellement, les intellectuels français à jouer un rôle déterminant dans la résolution historiquement sensible de la question kurde. »
Ensuite, la parole a été donnée aux deux commandants venus du Rojava, Nesrin Abdullah et Nuri Mahmoud. Après avoir salué tous les invités au nom des Unités de Protection des Femmes (YPJ), Mme Abdullah a déclaré : « Newroz signifie la résistance et la liberté. Aujourd’hui, c’est ce qui se passe au Rojava. Nous, les Kurdes, voulons construire une nouvelle société avec les peuples arabe, arménien, assyro-syriaque; une société égalitaire et libre. »
Quand au commandant des Unités de Protection du Peuple (YPG) Nuri Mahmud, il a souligné l’importance de la lutte contre l’organisation djihadiste et de la résistance contre l’embargo régional. Il a conclu son discours par un appel à la solidarité internationale.
À la fin de leur intervention, les deux commandants ont été applaudis par une salle debout.
Parmi les personnalités politiques françaises ayant répondu à l’invitation du CDK-F, figuraient Pierre Laurent, Vice-président du Sénat, Sylvain Maillard, porte-parole du groupe de la République en marche à l’Assemblée nationale, Jean-Christophe Lagarde, Président de l’UDI et du groupe d’études sur la question kurde à l’assemblée nationale, Mathilde Panot, Présidente du groupe La France Insoumise à l’assemblée Nationale, Julien Bayou, Secrétaire national d’Europe écologie les Verts, et Rémi Féraud, Sénateur socialiste de Paris.
Étaient également présents à cette soirée du nouvel an kurde, des intellectuels tels que Patrice Franceschi, Tristane Banon, Franz-olivier Giesbert, Gérard Chaliand, Caroline Fourest, Gilbert Abergel et d’autres encore.
On a pu remarquer par ailleurs la présence de plusieurs représentants d’organisations de la société civile, notamment le Conseil national des Conseils de coordination des organisations Arméniennes de France (CCAF), France-Kurdistan, SOS racisme, la Fondation Danielle Mitterrand, Le Conseil de coordination des Assyro-Chaldéens de France, et la Fondation Islam de France.
La plupart des intervenants ont appelé à la levée du secret-défense sur l’affaire du triple assassinat des militantes kurdes exécutées à Paris par les services de renseignements turcs, et au retrait du PKK de la liste des organisations terroristes. Ces deux points ont également été soulignés par Ara Toranian, coprésident du CCAF, lors du discours de clôture qu’il a prononcé à la fin de la soirée.
La salle a été particulièrement émue lorsque M. Toranian a déclaré qu’il ne serait pas là, à cette place, « si les organisateurs de cette soirée n’avaient pas reconnu le génocide arménien. »