Les responsables du meurtre de 24 civils tués pendant les couvre-feux imposés à Nisêbîn en 2015-2016 n'ont jamais été inquiétés.
À Nusaybin assiégée par l'armée turque durant le couvre-feu en 2015-2016, des drapeaux turcs sont accrochés sur les bâtiments détruits par les bombardements

Alors que les responsables du meurtre de 24 civils tués pendant les couvre-feux imposés sur la ville de Nisêbîn (Nusaybin) en 2015-2016 n’ont jamais été inquiétés, le procureur chargé du dossier n’a fait qu’enquêter sur les « liens organisationnels » des victimes, révèle l’agence de presse kurde Mezopotamya.

Pendant les couvre-feux qui ont débuté le 1er octobre 2015 à Nisêbîn, dans la province de Mardin, 24 civils*, dont des personnes malades et handicapées, ont perdu la vie. Cinq ans après, l’enquête sur ces meurtres n’a donné lieu à aucune poursuite.

Les rapports établis par différentes organisations de défense des droits humains ont pourtant indiqué que les victimes étaient mortes sous les balles des forces de sécurité turques.

Malgré les nombreux appels des organisations de défense des droits humains en faveur d’une « enquête effective » sur le meurtre des 24 habitants de Nisêbîn, aucun policier ou militaire n’a été interrogé au cours des cinq années qui ont suivi les événements.

Selon l’agence de presse kurde Mezopotamya (MA), il ressort d’un rapport envoyé au parquet général de Mardin, basé sur les données recueillies par le département de police du district de Nisêbîn, que l’enquête visait, non les auteurs, mais les victimes. Ainsi, après avoir détaillé les identités des victimes, le rapport présente un historique du PKK. Suit une énumération des faits survenus durant les périodes de couvre-feu, avec pour chaque cas une mention qui dit que les forces de sécurité ont agi conformément à la procédure.

UN JEUNE DE 15 ANS QUALIFIÉ DE « MEMBRE DE L’ORGANISATION »

Les enquêteurs se sont intéressés en outre aux funérailles des victimes. Montrant des photos de cérémonies funéraires, le rapport relève que les cercueils étaient couverts de drapeaux verts, rouges et jaunes, ce dont il déduit une « propagande terroriste ».

Le rapport contient par ailleurs des données concernant les activités des victimes sur les réseaux sociaux. Sur la base de ces données, le jeune Hakan Dogan, 15 ans, est qualifié de « membre de l’organisation ».

*Les noms et âges des civils tués pendant les couvre-feux à Nisêbîn sont les suivants :

Fehime Kurumaz, 11 ans (F)

Hakan Doğan, 15 ans

Mahsum Akdoğan, 19 ans

Musur Aslan, 19 ans

Saadet Müjde, 19 ans (F)

Muhammet Altunkaynak, 20 ans

Sedat Güngö, 22 ans

Cudi Teber, 23 ans

Rohat Karakoç, 25 ans

Şahin Turan, 25 ans

Emire Gök, 39 ans (F)

Mehmet Pitek, 40 ans

Heyhat Müjde, 43 ans

Selamet Yeşilmen, 44 ans

Hasan Dal, 45 ans

Medeni Orak, 45 ans

Nurhan Kaplan, 45 ans (F)

Ahmet Sönmez, 54 ans

Mehmet Emin İnan, 55 ans

Şerif Alpar, 55 ans

Fehime Akt, 56 ans (F)

Dilşa Ak, 59 ans (F)

Hasan Korkmaz, 60 ans

Abdulkadir Yılmaz, 65 ans