Mauro Palma, ancien président du CPT, met en lumière les violations des droits humains résultant de l’isolement carcéral d'Öcalan
Mauro Palma, juriste italien et ancien président du CPT (à gauche) évoque la situation du leader kurde Abdullah Öcalan (à droite) sous l'angle des droits humains

Mauro Palma, ancien président du CPT, met en lumière les violations des droits humains résultant de l’isolement carcéral du leader kurde Abdullah Öcalan, emprisonné depuis 25 ans sur l’île d’Imrali en Turquie. Soulignant la nécessité d’une solution politique, il exhorte le CPT et le Conseil de l’Europe à adopter une position plus claire sur les conditions de détention d’Öcalan, qui ne répondent pas aux normes pénitentiaires internationales.

L’isolement prolongé d’Öcalan est une violation des droits humains et de la dignité, a soutenu le professeur Mauro Palma, ancien président du Comité européen pour la prévention de la torture (CPT). Dans un entretien avec Serkan Demirel de MedyaHaber, le professeur Palma a évoqué la situation du leader kurde Abdullah Öcalan emprisonné sur l’île d’Imrali depuis 25 ans.

Soulignant la gravité et le caractère inacceptable de l’isolement prolongé, M. Palma a décrit les conditions de détention d’Abdullah Öcalan comme une violation des droits humains et de la dignité. « Les conditions de détention d’Abdullah Öcalan, à savoir l’isolement absolu auquel il est soumis, sont inacceptables », a-t-il déclaré.

Mauro Palma a fait valoir que ce traitement n’était pas conforme aux normes internationales en matière de conditions de détention, appelant à des approches plus humaines et plus respectueuses des droits dans les systèmes pénitentiaires de toute l’Europe, y compris la Turquie. Il a souligné par ailleurs l’interaction limitée d’Öcalan avec les autres détenus de la prison d’Imrali. « Une communication limitée avec d’autres prisonniers ne peut être considérée comme une socialisation », a-t-il expliqué.

Pointant la nature politique de l’emprisonnement d’Öcalan, M. Palma a évoqué la nécessité d’une résolution politique, plutôt qu’une solution uniquement punitive. « Il est grand temps que le CPT ou d’autres organes du Conseil de l’Europe adoptent une position plus claire sur les conditions de détention d’Öcalan », a-t-il insisté, soulignant le rôle des institutions européennes dans le traitement de cette question complexe.

Fort de sa grande expérience de l’observation des conditions de détention en Europe, Palma a mis en lumière les circonstances uniques et difficiles de l’île. Ayant visité la prison d’Imrali à trois reprises durant son mandat au CPT de 2000 à 2011, il a mentionné les difficultés d’accès à l’île, en particulier pendant l’hiver, et l’exacerbation de l’isolement d’Öcalan qui en résulte.

L’ancien président du CPT, qui est aujourd’hui président de l’institution italienne Garant national des droits des personnes privées de liberté, a également évoqué le contexte plus large des conditions d’emprisonnement en Europe, y compris le système pénitentiaire italien rigoureux découlant de l’article 41-bis. Il a établi une distinction entre ces systèmes et l’isolement extrême subi par Öcalan, soulignant la nécessité d’une approche humaine qui ne prive pas les prisonniers de leur capacité à se sentir humains. « Le CPT a tendance à mettre l’accent sur les progrès plutôt que sur les situations à risque, mais il devrait être plus actif en ce qui concerne Öcalan », a noté M. Palma.

D’après l’éminent juriste italien, la situation d’Öcalan est une question politique qui requiert une solution politique. M. Palma a souligné la complexité de la résolution d’une affaire aussi médiatisée, qui a accumulé d’importantes implications juridiques et politiques au fil des ans. « La situation d’Öcalan représente une réalité et je crois au droit des réalités historiques de s’exprimer librement », a-t-il affirmé.

M. Palma a plaidé en faveur d’un examen approfondi et d’une réforme des pratiques d’isolement dans toute l’Europe, y compris des régimes spéciaux tels que le régime italien ou le régime français de haute sécurité. Il a souligné l’importance de veiller à ce que la punition ne conduise pas à un traitement déshumanisant.