Je me souviens encore de notre première rencontre fin 1997 : Mgr Jacques Gaillot avait ce jour-là accepté d’être le premier signataire de l’appel que la Délégation rennaise Kurdistan (DRK, devenue Amitiés kurdes de Bretagne) voulait lancer en faveur d’un Kurde, prisonnier politique, incarcéré à Fleury-Mérogis.

Je me souviens encore de notre première rencontre fin 1997 : Mgr Jacques Gaillot avait ce jour-là accepté d’être le premier signataire de l’appel que la Délégation rennaise Kurdistan (DRK, devenue Amitiés kurdes de Bretagne) voulait lancer en faveur d’un Kurde, prisonnier politique, incarcéré à Fleury-Mérogis. Sa signature entraina beaucoup d’autres, dont celles de France-Libertés, du MRAP, de la CIMADE… et le 28 janvier 1998 ce prisonnier politique était remis en liberté. Il s’agissait de Faruk Eyyup Doru qu’on ne présente plus ici.

J’apprends aujourd’hui le décès de mon ami Jacques Gaillot et je voudrais rendre hommage à son militantisme, à sa détermination dans maintes luttes sociales, morales ou politiques qui valut quelques déboires à l’évêque d’Évreux qu’il fut mais aussi une reconnaissance internationale à l’évêque in partibus de Partenia qu’il devint en restant fidèle à ses engagements. Quel meilleur hommage puis-je faire que de publier la préface qu’il signa pour le livre « Vingt-cinq années aux côtés du peuple kurde » ?

André Métayer
Président-fondateur des Amitiés kurdes de Bretagne

« J’aime le peuple kurde.

Ce peuple oublié de l’histoire, toujours sans État, connaît la tourmente.

Réprimé, trahi, humilié, il résiste et tient bon.

Pour les dix ans d’emprisonnement d’Öcalan, un rassemblement se tenait à Strasbourg.

Une foule immense était venue dire son attachement à son chef vénéré.

Il suffisait que son nom soit prononcé pour que les cœurs s’enflamment et qu’une grande clameur jaillisse.

Dans cette foule, j’écoutais avec joie la rumeur d’un peuple à la dignité rebelle.

Dix-huit Kurdes étaient en grève de la faim à Montpellier.

Ils avaient entrepris toutes les démarches possibles pour se faire régulariser mais en vain.

Allongés sur des lits, tous portaient un bandeau blanc sur le front. L’un d’eux se leva, vint vers moi,

et retira son bandeau :

 « J’aimerais que vous mettiez votre signature sur mon bandeau ».

Je m’appliquais à signer ce bandeau qu’il tenait dans ses mains et lui dit :

 « Maintenant je me sens lié à toi ». « Et moi aussi à vous ». Il avait 20 ans.

Ce qui touche les Kurdes me touche. Ce qui les blesse me blesse. Je porte avec eux l’oppression et l’injustice dont ils souffrent aujourd’hui.

Mais je garde la conviction que rien ne pourra jamais arrêter le destin du peuple kurde.

Jacques Gaillot


Évêque de Partenia
Paris 27/05/2020 »

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