Suite à la mort jeudi d’un cycliste danois dans l'explosion d'une mine terrestre au Sud-Kurdistan, le PKK a réfuté toute responsabilité.

Suite à la mort jeudi d’un cycliste danois dans l’explosion d’une mine terrestre à Kanî masî, au Sud-Kurdistan, les autorités de la région ont immédiatement désigné la guérilla du PKK comme responsable. Celle-ci a cependant réfuté toute responsabilité.

Une explosion dans la région du Kurdistan d’Irak a tué jeudi un cycliste danois et en a blessé un autre. Selon des sources officielles, l’incident survenu sur un “chemin de terre” entre deux villages du sous-district de Kanî Masî, au nord d’Amadiya, est dû à l’explosion d’une mine terrestre. Les autorités sécuritaires de la région gouvernée par le Parti démocratique du Kurdistan (PDK du clan Barzani) et les médias pro-gouvernementaux ont immédiatement désigné le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) comme responsable.

Rejetant toute responsabilité dans l’explosion, le centre de presse des HPG (Forces de Défense du Peuple / branche armée du PKK) a publié un communiqué ce samedi : « Le site de l’explosion n’est pas une zone où nos forces sont actives ou en mouvement. De plus, la guérilla n’utilise pas de mines terrestres. Nous rejetons toute responsabilité et demandons l’ouverture d’une d’enquête pour déterminer les causes de l’incident. »

Le ministère danois des Affaires étrangères a confirmé la mort du cycliste âgé de 28 ans. La victime serait entrée dans la zone depuis Hakkari, via le poste frontière de Sarzerî (nom turc : Üzümlü), quelques heures seulement avant l’explosion, accompagnée d’une personne d’à peu près le même âge. Blessée dans l’explosion, cette dernière se trouve actuellement dans un hôpital de Kanî Masî. Les deux jeunes hommes se dirigeaient vers le site archéologique d’Amadiya, rattaché administrativement au gouvernorat de Duhok. Selon les informations, l’explosion s’est produite entre les villages de Kamberke et Barukhi. Les autorités de Hewlêr n’ont fourni aucune explication sur les raisons pour lesquelles deux cyclotouristes se trouvaient dans une zone où des combats sont censés opposer le PKK et l’armée turque.

Le territoire irakien jonché de mines

Les randonnées à vélo sont rares dans la région en raison des sentiers non balisés et des infrastructures défectueuses. Deux facteurs en sont la cause. Premièrement, la Turquie bombarde depuis des années les villages situés de l’autre côté de sa frontière, dans les régions montagneuses du Sud-Kurdistan. Ces bombardements se sont intensifiés ces dernières années. Depuis la tentative d’invasion turque d’avril 2021 et la nouvelle offensive lancée par Ankara le 17 avril, des bombardements sont signalés quotidiennement. Deuxièmement, cette région du Moyen-Orient est parsemée de mines terrestres. Selon l’ONG DEMIRA, l’Irak fait partie des pays qui comptent le plus grand nombre de mines et de munitions non explosées au monde. Quelque 20 millions de mines terrestres et 2,6 à 6 millions de munitions non explosées subsistent dans le pays. Il s’agit des vestiges de la guerre Irak-Iran (1980-1988), de la guerre du Golfe (1991) et de l’intervention américaine en 2003.

Le PKK et les HPG engagés auprès de l’Appel de Genève

Le PKK affirme ne plus avoir de mines terrestres dans son inventaire, ce qui est confirmé par les rapports de l’ONG suisse Appel de Genève. En 2006, le PKK s’est engagé auprès de l’Appel de Genève, en tant que groupe armé non étatique, à respecter la convention d’Ottawa sur l’interdiction des mines antipersonnel. Après avoir signé la déclaration d’engagement, le PKK a procédé à la destruction de 770 mines antipersonnel et de plus de 2 500 autres engins explosifs.

L’Appel de Genève plaide pour que les normes humanitaires internationales, en particulier celles visant à protéger les civils, soient respectées par les acteurs armés non étatiques dans les conflits armés et autres situations de violence. L’ONG est engagée depuis 2001 dans un dialogue avec le PKK et les HPG sur l’interdiction des mines antipersonnel.

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