Des combattants irakiens du Hachd al-Chaabi, unités paramilitaires avancent dans Tal Afar, l'un des derniers bastions de l'Etat islamique en Irak, le 22 août 2017 afp.com/AHMAD AL-RUBAYE

Les forces irakiennes ont reconquis le centre de Tal Afar, au septième jour de l’assaut lancé sur l’un des derniers bastions jihadistes en Irak, pays où les ministres français des Affaires étrangères et des Armées devaient évoquer samedi la lutte anti-EI et la reconstruction.

Début juillet, les forces irakiennes reprenaient Mossoul, deuxième ville d’Irak et ancien plus gros bastion du groupe jihadiste Etat islamique (EI) dans le pays, mettant fin au bout de neuf mois de combats meurtriers à trois années d’occupation jihadiste.

Dimanche, les troupes gouvernementales et les unités paramilitaires du Hachd al-Chaabi, appuyées par la coalition emmenée par les Etats-Unis, lançaient l’assaut sur Tal Afar, à 70 kilomètres à l’ouest de la ville septentrionale de Mossoul.

En moins d’une semaine, elles ont rapidement progressé dans la cité historique où vivaient jusqu’à l’arrivée des jihadistes en 2014 quelque 200.000 habitants. Elles tiennent aujourd’hui la quasi-totalité de la ville, et notamment son centre-ville et sa citadelle ottomane.

Mais les combats se poursuivent, a indiqué le général Abdelamir Yarallah, chef des opérations militaires de la bataille de Tal Afar, notamment pour reprendre la localité d’al-Ayadieh, à 15 kilomètres au nord et stratégiquement située sur la route reliant Tal Afar à la frontière syrienne.

Samedi, elles ont repris six nouveaux quartiers de Tal Afar, dans le nord de la ville, dont celui de la citadelle ottomane, au coeur du dernier bastion jihadiste de la province septentrionale de Ninive, où se trouve Mossoul.

L’offensive sur Tal Afar, ne cessaient de répéter les commandants militaires au front, serait bien plus rapide que celle de Mossoul et les Irakiens, promettaient-ils, pourront célébrer la victoire pour ou avant la fête musulmane de l’Aïd al-Adha, célébrée le 2 septembre en Irak.

Tal Afar n’est ni aussi grande ni aussi symbolique que Mossoul, mais sa reprise est une étape majeure dans l’offensive antijihadistes, tant en Irak qu’en Syrie voisine.

La reconquête de la ville, assurent autorités irakiennes et coalition internationale, rendrait encore plus difficile tout passage d’armes et de jihadistes entre l’Irak et la Syrie, où l’EI est également la cible de multiples assauts.

‘Bascule’

« C’est une période de bascule entre une guerre qui touche à sa fin et le début de la stabilisation et de la reconstruction » de l’Irak, a relevé le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, lors d’une conférence de presse à Bagdad.

Les deux ministres français devaient rencontrer samedi le Premier ministre Haider al-Abadi et d’autres responsables irakiens à Bagdad avant de se rendre au Kurdistan irakien pour y rencontrer à Erbil (nord) le président de la région autonome Massoud Barzani. Ces mêmes responsables avaient déjà reçu mardi le chef du Pentagone, Jim Mattis.

La France, un des principaux contributeurs de la coalition anti-EI, entend poursuivre ce soutien militaire pour la reprise des dernières poches jihadistes, Hawija dans le nord irakien et des zones frontalières avec la Syrie dans l’ouest.

« Tant que notre ennemi commun n’aura pas été éradiqué, la participation de la France sera maintenue« , a assuré la ministre française des Armées, Florence Parly, en référence aux frappes aériennes et tirs d’artillerie français en appui des Irakiens.

Paris veut aussi soutenir la reconstruction de l’Irak, dont le coût est estimé entre 700 et 1.000 milliards de dollars.

Le Drian et Mme Parly devraient aussi mettre en garde les Kurdes irakiens contre le référendum d’indépendance prévu le 25 septembre, potentiellement déstabilisateur pour l’ensemble de la région.

Les Etats-Unis s’opposent également à ce référendum, tout comme la Turquie et l’Iran qui craignent qu’un tel processus ne fasse tache d’huile chez leur propre minorité kurde.

Les deux ministres devraient aussi aborder la question des combattants français de l’EI, dont certains – « très peu » de source diplomatique française – ont été faits prisonniers par les forces irakiennes.

Les adultes arrêtés, combattants et épouses, seront jugés en Irak pour terrorisme mais les enfants doivent bénéficier d’un traitement judiciaire et social en France, estime Paris.

Environ 600 à 700 ressortissants français se trouvent toujours en Irak et principalement en Syrie, selon les estimations des autorités françaises. Quelque 300 Français y ont été tués depuis 2014.

Source : AFP