Les forces de sécurité turques sont violemment intervenues dans la région kurde de Sirnak pour disperser une manifestation contre l’écocide
Les manifestants attaqués par les forces de sécurité turques avant de pouvoir atteindre le mont Djoudi

Les forces de sécurité turques sont intervenues dans la région kurde de Sirnak avec des grenades lacrymogènes et des canons à eau pour disperser une manifestation contre l’écocide. Le mouvement écologiste de Mésopotamie avait appelé à cette marche vers le mont Djoudi.

Des milliers de personnes ont marché samedi dans la province de Sirnak, au nord du Kurdistan, pour protester contre la destruction de la nature. Les manifestants demandaient au régime turc de mettre un terme à l’écocide au Kurdistan. Les forces de sécurité turques ont répondu par l’utilisation de grenades lacrymogènes et de canons à eau. Plusieurs personnes ont été blessées.

« Nous marchons contre la guerre destructrice et la surexploitation de la nature », tel était le mot d’ordre de la marche vers le mont Djoudi, à laquelle le mouvement écologique de Mésopotamie avait appelé avec le soutien d’une large alliance de partis politiques et d’organisations de la société civile. Plus haute montagne de Sirnak, le Djoudi est un symbole de la destruction écologique au Kurdistan, une destruction ciblée par l’État turc comme élément central de la conduite de la guerre. Depuis plus de deux ans, de vastes étendues d’arbres sont détruites et d’immenses zones forestières ont été effacées de la carte.

D’Edirne, dans l’ouest de la Turquie, à Hakkari, aux confins du Kurdistan, des personnes venues de presque toutes les régions du pays ont afflué à Sirnak pour participer à la protestation massive pour la défense de la nature. Bien que la manifestation ait été autorisée au préalable, un grand nombre de policiers et de soldats étaient déployés au pied de la montagne avec une grande quantité de véhicules blindés et de canons à eau. Selon les organisateurs, les autorités turques ont également tenté d’entraver la manifestation en amont en mettant en place de nombreux points de contrôle sur le route et en empêchant le passage des manifestants. Ainsi, à Diyarbakır, les sièges régionaux du Parti démocratique des Peuples (HDP) et du Parti démocratique des Régions (DBP), points de rassemblement et de départ des manifestants, ont été assiégées par la police toute la journée sans que les autorités ne donnent d’explication. Pendant onze heures, personne n’a été autorisé à quitter les bâtiments.

Pas de vie sans le Djoudi

« Ceux qui pensent pouvoir nous impressionner avec un tel déploiement de troupes se trompent », a déclaré Berdan Öztürk, coprésident du Congrès pour une société démocratique (DTK), une plateforme réunissant plusieurs organisations de la société civile dans la région du Nord-Kurdistan. Après plusieurs tentatives vaines de négociation avec la police, les manifestants ont bravé l’interdiction et avancé de quelques mètres. C’est alors que les tirs de gaz lacrymogènes et les jets de canons à eau ont commencé. « Pas de vie sans le Djoudi », « Nous défendrons chaque arbre, nous défendrons la vie », « Le Kurdistan sera le tombeau du fascisme », tels étaient les slogans scandés par la foule en réaction à l’intervention violente des forces de sécurité turques.

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