L’assemblée nationale de Turquie est appelée à voter en janvier un projet de loi approuvant l’envoi de troupes et de forces navales en Libye. Sans attendre cette échéance, la Turquie a déjà transféré plus de 500 mercenaires djihadistes de Syrie en Libye.
L’assemblée nationale turque devra se prononcer en janvier sur une motion concernant l’envoi de troupes en Libye pour soutenir le gouvernement d’union nationale (GNA), seule autorité reconnue par l’ONU dans le conflit qui l’oppose aux forces dirigées par le maréchal Khalifa Haftar.
Malgré les vives réactions des États de la région, Erdogan a accompli ce qu’il avait annoncé la semaine dernière : l’envoi de troupes pour aider le gouvernement de Fayez el-Sarraj basé à Tripoli, à repousser l’offensive de l’armée nationale libyenne qui contrôle l’est du pays.
Déplorant l’ « aggravation de l’ingérence extérieure » dans le conflit libyen, l’émissaire de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé, a estimé, dans un entretien au Monde lundi 30 décembre, qu’il s’agissait là d’une « nette escalade du conflit ».
Lors d’une conversation téléphonique, les présidents français Emmanuel Macron et égyptien Abdel Fattah al-Sissi ont par ailleurs évoqué « les risques d’une escalade militaire », appelant les acteurs internationaux et libyens à « la plus grandes retenue », selon un communiqué publié lundi par l’Élysée.
Un fonctionnaire libyen a déclaré à Bloomberg que les groupes rebelles syriens d’origine turkmène qui ont combattu aux côtés de la Turquie dans le nord de la Syrie devraient renforcer le gouvernement de Tripoli de façon imminente.
Un autre développement remarquable de la semaine dernière a été la visite surprise du président turc Recep Tayyip Erdogan en Tunisie. La crise libyenne aurait été à l’ordre du jour de cette rencontre le 25 décembre. Alors que la présidence tunisienne dément cette information, de nombreuses sources évoquent la volonté du régime turc d’inclure la Tunisie dans la crise libyenne.
Jeudi dernier, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait annoncé que la Turquie enverrait des troupes en Libye à la demande du GNA : « Comme il y a une invitation [de la Libye] en ce moment, nous allons l’accepter », avait-il déclaré lors d’une allocution aux membres de son parti l’AKP, annonçant qu’un projet de loi sur l’envoi de troupes en Libye serait soumis au parlement dès son ouverture. Il avait ajouté que le projet de loi serait adopté dans la deuxième semaine de janvier.
Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des Droits de l’Homme (OSDH), a déclaré aujourd’hui, que 500 combattants avaient d’ores et déjà été envoyés de Syrie en Libye par Ankara. Dans un communiqué publié hier, l’organisation syrienne de défense des droits humains indique que, jusqu’à présent, 1600 mercenaires ont été recrutés par la Turquie au sein des factions de Sultan Murad, de Suleiman Shah et de la Division al-Mu’tasim se trouvant dans la région occupée d’Afrin. Ces recrues dont le nombre augmente de jour en jour selon l’OSDH sont envoyées dans des camps où elles doivent recevoir une formation militaire avant leur transfert en Libye.
« La Turquie offre à chaque combattant des salaires allant de 2000 à 2500 USD, dans le cadre de contrats allant de trois à six mois » indique encore l’OSDH qui ajoute ceci : « Plus la durée du contrat est longue, plus les combattants reçoivent un salaire élevé. Un certain nombre de combattants envoyés en Libye sont d’anciens membres du « Mouvement Hazm » qui a été dissous il y a des années et dont les membres ont ensuite rejoint les factions Suleiman Shah, Sultan Murad et d’autres situées dans les zones tenues par les Turcs en Syrie. »
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