Murat Karayilan, commandant du Centre de défense du peuple (HSM, structure faitière des organisations militaires kurdes) a expliqué, lors d’une interview accordée à la radio Dengê Welat (La Voix du pays), que la défaite d’Erdogan contre la guérilla au Sud-Kurdistan le conduit à menacer le Rojava.
Murat Karayılan a déclaré que le gouvernement turc avait prévu de conquérir toutes les zones contrôlées par la guérilla au Sud-Kurdistan (Kurdistan irakien) au plus tard en juillet : « S’il avait réussi, il aurait pu proclamer la victoire et programmer des élections anticipées pour novembre 2021 comme prévu. C’était leur objectif. »
En août, Erdogan n’avait pas pris de décision et préparait encore les conditions pour des élections. Lorsqu’il est devenu plus qu’évident qu’il n’y aurait pas de victoire et que la crise gouvernementale s’aggravait en conséquence, le chef d’État turc a rejeté les élections anticipées.
M. Karayılan a déclaré : « S’ils avaient pu nous chasser de ces régions, le régime se serait consolidé. Avec leurs ambitions néo-ottomanes, ils auraient mis en œuvre une terreur d’État contre la population de la région jusqu’à des extrêmes dangereux et des temps très sombres seraient arrivés. Cela aurait signifié la destruction de la société kurde. Avec l’occupation des zones contrôlées par la guérilla, ils auraient eu un libre accès au sud-Kurdistan. Cependant, les guérilleros de la liberté du Kurdistan ne les ont pas laissé passer. »
« Maintenant, a poursuivi M. Karayılan, ils veulent dissimuler leurs défaites. Le plan est d’occuper le Rojava, parce qu’ils sont coincés ici, au Sud-Kurdistan. C’est pourquoi ils se tournent vers le Rojava une fois de plus. Ils sont en crise non seulement sur le plan économique et politique, mais aussi sur le plan social, culturel et diplomatique. Erdogan a joué toutes ces cartes, leurs réserves ont été épuisées. Pour masquer cette défaite, ils veulent lancer une nouvelle offensive en Syrie contre le Rojava. »