La Cour de cassation turque a confirmé aujourd’hui la condamnation de la journaliste kurde Beritan Canözer à 1 an et 10 mois de prison
Beritan Canözer, journaliste du média féminin JinNews

La Cour de cassation turque a confirmé aujourd’hui la condamnation de la journaliste kurde Beritan Canözer à 1 an et 10 mois de prison en raison de ses publications sur les médias numériques.

Beritan Canözer avait été condamnée en 2020 à un an et dix mois de prison pour « propagande en faveur d’une organisation illégale par le biais de la presse et de la radiodiffusion ». La cour criminelle de Diyarbakir avait retenu comme élément à charge les informations publiées par la journaliste kurde sur les réseaux sociaux entre 2013 et 2016. Cette condamnation ayant été confirmée par la cour d’appel en 2021, la jeune femme s’est pourvue en cassation.

La cour de cassation vient de rejeter le pourvoi, estimant que les juridictions du fond n’avaient pas commis d’erreur de droit et que les éléments à charge avaient été obtenus conformément à la loi. Suite à cette décision qui rend la condamnation définitive, Bertian Canözer devrait être envoyée en prison.

Saisine de la Cour constitutionnelle

L’avocat de Beritan Canözer, Resul Temur, a déposé une requête auprès de la Cour constitutionnelle au motif que le droit de sa cliente à la liberté d’expression, garanti par la Constitution et la CEDH, avait été violé.

Beritan Canözer a été arrêtée cinq fois et détenue à deux reprises. Son domicile a été perquisitionné par la police à six reprises au cours des dix dernières années, depuis qu’elle a commencé sa carrière de journaliste en 2014. La correspondante du média féminin JinNews fait l’objet de huit procédures pénales, dont quatre pour « appartenance à une organisation illégale », trois pour « propagande en faveur d’une organisation illégale », et une autre pour « insulte à un fonctionnaire public dans l’exercice de ses fonctions ». 

La journaliste a été acquittée dans trois affaires, mais condamnée dans quatre autres à une peine totale de 7 ans et 6 mois de prison. Elle a en outre été condamnée à une amende pénale pour avoir  « insulté » le Premier ministre de l’époque, Recep Tayyip Erdoğan.

Hier, un autre journaliste kurde, Özgür Paksoy, également condamné à la prison pour ses publications sur les médias sociaux, a vu sa peine confirmée par la cour de cassation. En Turquie, la répression ambiante n’épargne pas les journalistes, surtout lorsque ceux-ci travaillent pour des médias kurdes. Les libertés d’expression et de la presse sont mises à mal par un régime de plus en plus autoritaire qui cherche à étouffer toutes les formes de contestation.