Détenus pendant 45 jours par la police du PDK, des réfugiés du camp de Makhmour, au Sud-Kurdistan (Irak), ont déclaré avoir subi toutes sortes de mauvais traitements et avoir été enfermés dans les mêmes cellules que des djihadistes de Daesh. Par ailleurs, l’on est toujours sans nouvelles de 16 résidents du camp arrêtés à Hewlêr (Erbil) le 11 octobre dernier.
Le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) dirigé par le clan Barzani maintient depuis deux ans un embargo sur le camp de réfugiés de Makhmour, dans la région autonome du Sud-Kurdistan (KRG). De nombreux réfugiés du camp ont été arrêtés et détenus arbitrairement par les forces de sécurité de la région.
Mahîr Sêrtî et Eşref Korhan ont été libérés après avoir été détenus à Hewlêr pendant près de 45 jours. Ils ont indiqué avoir été arrêtés le 25 septembre par les services de renseignement de la police de Hewlêr, alors qu’ils se rendaient au travail. « Ils ont confisqué nos pièces d’identité et nous ont emmenés au poste de police de Hewlêr où nous avons été détenus pendant près de 25 jours », a déclaré Mahîr Sertî, ajoutant que son ami et lui avaient été victimes de mauvais traitements, d’insultes et de menaces.
Mahîr Sêrtî a indiqué en outre qu’ils avaient été enfermés dans un quartier avec quelque 55 autres détenus dont certains étaient des djihadistes de Daesh. Les deux hommes ont fait état de mauvais traitements et de harcèlement durant les interrogatoires, se plaignant d’avoir été maintenus les mains et les pieds liés pendant des heures.
Après avoir été détenus pendant 25 jours au département de police de Hewlêr, les deux réfugiés ont été envoyés en prison « Alors que nous étions en prison, a déclaré M. Sêrtî, ils ne nous ont pas permis de parler à nos familles au téléphone. Ils nous ont demandé 1 million de dinars (environ 700 euros) pour nous laisser partir. Nous avons dit que nous étions des travailleurs ; nous n’avions pas cet argent. Puis ils nous ont dit « d’accord, donnez-nous 200 dollars alors ». Après avoir reçu cet argent, ils nous ont remis au poste de police de Koyê. »
Et de poursuivre : « Après nous avoir retenus pendant une semaine au poste de police de Koyê, ils nous ont libérés à condition que nous nous engagions à nous rendre au tribunal lorsque nous serions convoqués. Nous n’avons pas encore de date de procès. De cette façon, ils nous ont gardés pendant 45 jours sans raison. »
« C’était une torture en soi d’être détenu au poste de police pendant 25 jours, a ajouté Eşref Korhan. Nous étions détenus avec 55 personnes dans une cellule étroite où il n’y avait rien pour dormir. Beaucoup de détenus étaient des membres de Daesh. »
Soulignant qu’ils se rendaient à Hewlêr régulièrement pour y travailler depuis environ un an et demi, les deux réfugiés originaires du Nord-Kurdistan (Turquie) ont lancé un appel à l’administration du KRG, en particulier au PDK : « Nous ne savons pas pourquoi ils nous ont détenus. Nous ne voulons pas qu’ils nous regardent comme des ennemis et nous traitent comme le fait l’État turc. »
Par ailleurs, l’on est toujours sans nouvelles de 16 des 20 réfugiés du camp arrêtés le 11 octobre dernier par la police du PDK, à Hewlêr, tandis que 4 ont été libérés entre temps. Ces derniers ont également indiqué avoir été victimes d’insultes et avoir été enfermés dans des cellules avec des membres de Daesh.