Les autorités iraniennes ont exécuté en secret le prisonnier politique kurde Hamid Hosseinnezhad Heidaranlou et ont refusé de remettre son corps à sa famille, selon les informations révélées par le Réseau des droits humains du Kurdistan (KHRN).
La famille du défunt, désormais sous pression, a également été empêchée d’organiser une cérémonie publique.
Le 21 avril au soir, la famille d’Hosseinnezhad Heidaranlou a été convoquée par des responsables judiciaires à Ourmia (province de l’Azerbaïdjan occidental), qui leur ont confirmé son exécution. Le procureur adjoint, Behzad Sarkhanlou, leur a déclaré qu’ils ne recevraient pas la dépouille et leur a interdit toute commémoration publique. Dans le même temps, les autorités judiciaires ont affirmé que l’exécution avait eu lieu à Téhéran, alors que les investigations du KHRN indiquent qu’elle se serait en réalité déroulée plusieurs jours plus tôt à Ourmia. Le corps aurait été inhumé dans un lieu tenu secret.
Depuis plusieurs jours, la famille campait devant la prison centrale d’Ourmia. Après avoir appris la nouvelle, elle est rentrée dans sa ville natale de Chaldoran, où une cérémonie privée a été organisée. Le ministère du Renseignement a empêché un religieux sunnite d’y assister et a convoqué plusieurs membres de la famille, les menaçant d’arrestation. Parmi eux figure la fille du prisonnier, Ronahi Hosseinnezhad Heidaranlou, qui avait donné des interviews aux médias étrangers.
Cette exécution est intervenue alors qu’une demande de réexamen du dossier était en cours auprès de la Cour suprême, et qu’un recours en grâce avait été déposé. Malgré cela, et sous pression du ministère du Renseignement, l’exécution a été maintenue.
Le 16 avril, Hosseinnezhad Heidaranlou avait été placé à l’isolement en vue de son exécution. Le 18 avril, son avocat avait reçu une notification officielle indiquant que la sentence devait être appliquée ce jour-là. Face à la mobilisation internationale et aux protestations de sa famille, le prisonnier avait brièvement téléphoné à ses proches pour dire qu’il était encore en vie et leur demander de poursuivre leurs efforts.
Le même jour, le directeur de la prison d’Ourmia, Peyman Khanzadeh, avait affirmé que l’exécution avait été suspendue sur ordre du procureur et que le dossier faisait l’objet d’un réexamen. La famille avait alors poursuivi son sit-in devant la prison et le tribunal révolutionnaire, sans toutefois obtenir d’informations précises, les autorités affirmant que le prisonnier était sous la garde des services de sécurité.
Le traitement réservé à Hamid Hosseinnezhad Heidaranlou s’inscrit dans une politique de répression continue des prisonniers politiques kurdes en Iran, dans un contexte d’absence de transparence judiciaire, d’arbitraire et d’atteintes graves aux droits humains.