Le DBP maintient son objectif de faire reconnaître l'identité culturelle kurde et de l'ancrer dans la constitution turque.
Des femmes kurdes brandissant le drapeau du DBP au cours d'une manifestation

Le DBP maintient son objectif de faire reconnaître l’identité culturelle kurde et de l’ancrer dans la constitution turque. L’introduction du kurde comme langue officielle et éducative est associée à cet objectif.

Le Parti démocratique des Régions (DBP, filiale régionale du HDP) a tenu dimanche son 6e congrès à Ankara. La salle du centre culturel Nazım Hikmet a accueilli 1 500 délégués et invités.

Mettre fin à l’isolement d’Imrali, résoudre la question kurde

Le problème des droits humains en Turquie ne peut être surmonté que si la question kurde est résolue. Cela aurait également un effet positif sur les autres États-nations dans lesquels vit le peuple kurde. Telle était la principale conclusion du congrès qui a également souligné qu’Abdullah Öcalan était le seul acteur capable de résoudre la question kurde : « Ocalan est non seulement un leader fort, mais aussi  le seul acteur politique dans toute la région du Moyen-Orient qui, malgré toutes les tendances opposées, pourrait défendre et faire avancer le modèle de démocratie progressive avec sa proposition de confédéralisme démocratique. Parce qu’Öcalan ne voit pas la question kurde comme une question nationale ou ethnique, mais comme une question de libération de la société dans toute la région. Son isolement est donc absolument inacceptable et le briser est considéré comme l’un des plus grands défis. »

Retour à l’accord de Dolmabahçe

C’est également ce qu’a déclaré le président du DBP, Keskin Bayındır : « Abdullah Öcalan représente la clé d’une solution politique et pacifique à la question kurde. Son traitement est un indicateur de la volonté du gouvernement turc de trouver une solution. Cette volonté n’existe pas, comme en témoignent les milliers de Kurdes emprisonnés uniquement pour s’être opposés à la politique d’anéantissement et de négation, ainsi que l’agression militaire dans tout le Kurdistan. C’est le plus grand obstacle à la résolution du conflit. C’est pourquoi des mesures en faveur d’une politique démocratique doivent être prises immédiatement. L’étape suivante est la libération d’Öcalan et de tous les autres prisonniers politiques. Un processus de solution nécessite un environnement de négociation transparent et démocratique dans lequel une constitution démocratique peut être élaborée. La base en est l’accord de Dolmabahçe [plan en dix points présenté en 2015 par Öcalan, définissant le cadre des négociations de paix entre l’État turc et le PKK, ndlr], qui symbolise la volonté démocratique de trouver une solution. Nous demandons à l’État d’abandonner sa politique de guerre anti-kurde et de revenir à l’accord de Dolmabahçe. Car le pays n’a que deux choix : continuer la guerre contre les Kurdes – auquel cas tous les peuples du pays seront perdants – ou opter pour une solution démocratique à la question kurde et ouvrir la voie à de nouvelles négociations. Mais pour trouver une solution, il faut s’adresser aux bonnes personnes au bon endroit. C’est le cas du Parlement ».

Structures d’autonomie locale

Le congrès a adopté plusieurs résolutions mettant à jour les principaux documents d’orientation sur le travail du parti. Le DBP s’en tient à son objectif de parvenir à la reconnaissance de l’identité culturelle kurde par l’État et à son ancrage dans la constitution. L’introduction du kurde comme langue officielle et le droit à l’éducation dans la langue maternelle sont associés à cet objectif. Deuxièmement, le DBP demande la fin de la militarisation et de l’arbitraire dans les régions kurdes. L’État centralisé doit laisser la place à l’autonomie municipale et aux structures administratives axées sur les citoyens, en favorisant la participation des citoyens à la politique municipale et le renforcement de la démocratie locale.

Sancar : Il est temps d’organiser une conférence nationale kurde

Dans son discours, le coprésident du Parti démocratique des Peuples (HDP), Mithat Sancar, a souligné la pierre angulaire la plus importante pour l’avenir du peuple kurde : le modèle d’une nation démocratique comme alternative à l’État-nation. Cependant, la mise en œuvre réussie de cet objectif ne peut être atteinte qu’avec l’unité kurde: « L’unité nationale est indispensable car l’existence, la liberté et la volonté politique du peuple kurde sont en jeu. Ce n’est qu’en agissant ensemble et en surmontant la fragmentation que l’existence du peuple kurde et ses réalisations pourront être préservées. »

Aydeniz et Bayındır réélus

Après d’autres discours et la lecture des messages de personnalités politiques emprisonnées, Leyla Güven, Gültan Kışanak, Sebahat Tuncel, Selahattin Demirtaş et İdris Baluken, le congrès a procédé à l’élection des nouveaux coprésidents, du conseil administratif du parti et des membres du comité. À l’issue du vote, les anciens coprésidents, Saliha Aydeniz et Keskin Bayındır, ont été réélus.