Hülya Alökmen Uyanık dénonce un scandale: le maintien en détention des détenus ayant purgé leur peine
Hülya Alökmen Uyanık (au centre) dans la maison d'arrêt d'Elazig, avec deux autres prisonnières politiques : Necmiye Boz (à gauche) et Remziye Yaşar (à droite)

Hülya Alokmen Uyanik , ancienne co-maire de Diyarbakir, élue en 2019, destituée, emprisonnée et libérée le 5 juin2024, pour laquelle nous [Amitiés kurdes de Bretagne] avions lancé une opération “stylo”, nous adresse, à peine remise en liberté, un message émouvant dans lequel elle nous redit combien il est important, pour ceux et celles qui sont privés de liberté, de recevoir du courrier, donne des nouvelles de ses ex-compagnes de détention et attire notre attention sur une pratique scandaleuse et illégale : le maintien en détention des détenus ayant purgé leur peine.

Plus de 3 ans à la maison d’arrêt d’Elazığ

« … j’ai été emprisonnée pendant plus de 3 ans à la maison d’arrêt d’Elazığ. Vos soutiens nous ont permis de surmonter moralement les rudes conditions carcérales. C’est avec une grande émotion et joie que j’avais pris connaissance de la campagne de stylos en solidarité avec les élues emprisonnées et c’est avec les mêmes sentiments que nous recevions les cartes postales provenant de nombreux amis. J’ai regagné ma liberté le 5 juin dernier, mais je ne me suis toujours pas affranchie de l’action de la justice turque qui pèse sur moi comme une épée de Damoclès. Je cours encore le risque d’être détenue et envoyée en prison ». Hülya Alokmen Uyanik n’est pas tout à fait libre de ses mouvements. Elle a, par exemple, interdiction de quitter le territoire de la Turquie. 

« J’ai abandonné 8 de mes codétenues » :

  • Besra Erol âgée de 63 ans a été opérée à trois reprises en prison. Sa mise en liberté est prévue pour le mois de décembre prochain, tout en restant sujette au bon vouloir de l’administration pénitentiaire qui peut, à sa discrétion, la différer. 
  • Fatoş Demirhan, 27 ans. Sa mise en liberté était prévue pour le mois de mars 2023, mais elle est toujours retenue arbitrairement en prison.
  • Songül Erdem Şahin est la mère de Roza. Il lui reste encore 2 ans de peine privative de liberté. 
  • Dilan Aydın est incarcérée depuis 8 ans et sa mise en liberté est prévue pour juillet 2025.
  • Emine Erkan est emprisonnée depuis 8 ans et sa mise en liberté est prévue pour le mois de novembre de l’année en cours à condition qu’elle ne soit pas différée…
  • Necmiye Boz est emprisonnée depuis 8 ans, il lui reste encore deux ans de peine privative de liberté.
  • Remziye Yaşar , arrêtée alors qu’elle était maire de Yüksekova (district de Hakkari), est emprisonnée depuis 2019. Elle a été condamnée à 17 ans de peine privative de liberté pour appartenance à deux organisations sur la base d’une ancienne procédure judiciaire. Toutes les voies de recours sont dorénavant closes pour cause d’irrecevabilité à la suite de la décision de la Haute Cour d’Appel ratifiant sa condamnation.
  • Gül Demir vient d’être arrêtée afin de purger une peine privative de liberté de 3 ans.

Gül Demir, co-président du HDP du district de Kadıköy (Istanbul) avait été arrêtée et inculpée en 2017 pour «propagande envers une organisation terroriste » au vu de documents, trouvés lors d’une perquisition au siège du HDP, contenant des images de Figen Yüksekdağ, co-présidente emprisonnée du HDP, et d’Abdullah Öcalan.

 À maintes reprises, AKB a donné la parole à ces détenues sur son site:

Au bon vouloir de l’administration pénitentiaire

« Les détenues sont confrontées à de nombreux problèmes essentiellement pour leur seule condition d’être une femme. À la cantine, nous rencontrions de sérieux problèmes pour accéder aux produits de nos choix. Nos familles n’étaient pas autorisées à nous les apporter. Le problème le plus sérieux auquel s’affrontent les détenues est leur maintien en détention de façon arbitraire pour « mauvais comportement », quand bien même la durée de la peine serait échue ».

Avec Hülya Alökmen Uyanık, qui “souhaite tout simplement partager ces informations avec nous’”, dénonçons ce scandale qui conditionne la libération des prisonniers politiques au bon vouloir de l’administration pénitentiaire, aux ordres du pouvoir politique, avec la complicité du pouvoir judiciaire.

André Métayer