À son retour de Hatay, le député HDP Ali Kenanoğlu a dénoncé les graves manquements de l’État dans cette région du sud de la Turquie qui vient d’être frappée par un troisième tremblement de terre.
De retour de Hatay, Ali Kenanoğlu, député du Parti démocratique des Peuples (HDP), s’est entretenu avec l’agence de presse Firat News (ANF) sur la situation humanitaire dans la région du sud de la Turquie lourdement frappée par trois séismes meurtriers. Le dernier tremblement de terre survenu le 20 février a provoqué l’effondrement de plusieurs bâtiments déjà endommagés par les premiers séismes du 6 février. Six autres personnes ont perdu la vie sous les décombres. Le député HDP, qui se trouvait alors sur place, a dénoncé la carence des autorités dans les secours et l’aide humanitaire. Il a évoqué également la visite dans la région du président turc Recep Tayyip Erdoğan, entourée d’un important dispositif de sécurité.
Pénurie de tentes et de nourriture
« Le problème des tentes, des abris, du chauffage et des toilettes perdure à Hatay. Des tentes sont installées près et autour des bâtiments. Les gens qui n’ont pas de tentes improvisent des abris de fortune avec du plastique et des couvertures. Ils s’abritent près des bâtiments. Si le tremblement de terre de magnitude 6,4 [celui du 20 février] avait duré 30 secondes de plus, les gens autour de ces bâtiments auraient été ensevelis sous les décombres », a déclaré M. Kenanoğlu. « Bien sûr, a-t-il poursuivi, les responsables gouvernementaux disent de ne pas s’approcher des bâtiments, mais ils ne mettent pas en place les conditions pour assurer l’éloignement. Pour cela, il faudrait mettre à la disposition des habitants des abris et répondre à leurs besoins en matière de chauffage et de toilettes, ce qui n’est pas le cas. Notre parti, le HDP, a mis en place un centre de coordination ici. Les gens nous demandent constamment des tentes ainsi que de la nourriture. »
La colère grandissante de la population
Le député d’Istanbul a souligné la frayeur et le désespoir des victimes, évoquant par ailleurs la colère grandissante au sein de la population. « Lorsque nous sommes allés à Samandağ [ville située dans la province de Hatay], les gens ont dit que la moitié de ceux qui ont perdu la vie là-bas auraient pu être sauvés si les équipes de sauvetage étaient venues à temps. »
Évoquant la visite du président turc Erdoğan à Hatay, M. Kenanoğlu a dit: « Bien sûr, nous ne l’avons pas vu, mais plus important encore, les habitants de Hatay ne l’ont pas vu. Une zone spéciale lui a été réservée, les routes ont été fermées et la zone a été barricadée. Les gens n’étaient pas autorisés à entrer. Ils n’ont laissé entrer que des personnes triées sur le volet. Tayyip Erdoğan est venu à Hatay, mais les habitants de Hatay ne le savaient pas. Les gens sont en colère, les médias ne montrent pas la réalité de la situation. Les gens ne vivent pas, ils essayent de survivre. »