Accusée d’ « atteinte à la sécurité nationale », Berivan Ayub Hassan est en détention provisoire à Hewlêr (Erbil) depuis octobre 2020.
Devant le palais de justice de Hewlêr (Erbîl), un manifestant brandit une pancarte sur laquelle est écrit "Liberté pour les prisonniers de Behdînan"

Accusée d’ « atteinte à la sécurité nationale », Berivan Ayub Hassan est en détention provisoire à Hewlêr (Erbil) depuis octobre 2020. Cette mère de cinq enfants doit comparaître pour la première fois devant un tribunal à la mi-février.

Après seize mois de détention préventive à Hewlêr, au Sud-Kurdistan (Irak), Berivan Ayub Hassan comparaîtra pour la première fois devant un tribunal le 14 février. Elle sera jugée pour « atteinte à la sécurité nationale ».

Berivan Ayub Hassan est détenue depuis le 13 octobre 2020. Elle est accusée d’être membre du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Une accusation liée aux manifestations antigouvernementales survenues dans la région de Duhok, à la suite desquelles plus d’une centaine de militants, de travailleurs de la presse et d’enseignants ont été arrêtés. Certaines des personnes arrêtées, dont des journalistes, ont déjà été condamnées à plusieurs années de prison.

Mère de cinq enfants, Berivan Ayub Hassan vivait à Duhok jusqu’à son arrestation. Peu après son incarcération, son mari s’est séparé d’elle. Selon le militant des droits humains Kamaran Osman, de l’organisation Christian Peacemaker Teams-Iraqi Kurdistan (CPT-IK), Berivan Ayub Hassan n’a été autorisée à recevoir la visite de son avocat qu’une seule fois au cours de sa détention provisoire, qui dure maintenant depuis plus de quinze mois. « Pour protester contre cette situation et la longue période de détention provisoire, Berivan s’est mise en grève de la faim à six reprises. Elle a également contracté le diabète pendant sa détention », a déclaré Osman. Le CPT-IK a critiqué les arrestations survenues après les manifestations dans la région de Duhok comme étant politiquement motivées. Il a appelé à plusieurs reprises le gouvernement régional du Kurdistan (KRG) à libérer immédiatement les détenus.

Le CPT-IK a également critiqué les conditions de détention des prisonniers, estimant qu’elles étaient « déplorables ». L’ « Initiative pour les droits des prisonniers de Behdinan [région de Duhok] », composée en grande partie de proches des détenus, a qualifié la situation carcérale d’ « inhumaine ». Les prisons sont surpeuplées et manquent d’aération. L’accès à l’hygiène et aux soins est limité, sinon inexistant. Les mauvais traitements et la torture prévalent notamment dans les centres de détention gérés par le Service de renseignement Asayîsh (forces de sécurité intérieures rattachées au clan Barzani).