Retranscription brute d’un entretien réalisé au retour du Rojava de Corinne Morel Darleux.
Pourriez-vous nous dire qui vous êtes et dans quel contexte vous êtes allée au Rojava ?
Je suis Corinne Morel Darleux, je suis conseillère régionale de la région Auvergnes-Rhône-Alpes dans l’opposition à Laurent Wauquiez. Je suis également membre de la direction du parti de gauche en charge du développement à l’international de l’éco-socialisme. C’est dans ce double cadre que je suis allée au Rojava. J’y suis allée en tant qu’élue de la République française et je l’ai fait de manière officielle, en informant les autorités françaises de mon déplacement. Mais aussi comme membre du parti de gauche en charge des questions de l’éco-socialisme. C’est une des raisons qui m’ont poussée à aller au Rojava car il y a beaucoup de points communs entre le contrat-social, le confédéralisme démocratique, l’inspiration prise du côté de Murray Bookchin et un certain nombre de choses que l’ont trouve dans le manifeste pour l’éco-socialisme sur lequel on travaille depuis des années. Je suis allée au Rojava au nom du parti de gauche pour apporter le soutien du parti de gauche à ce qui se joue sur place. A la fois le soutien au peuple kurde, lorsqu’il est attaqué à Afrin, mais aussi le soutien à ce qui est en train de se construire en termes de révolution politique au Rojava. Il y a un moment où on ne peut pas indéfiniment signer des pétition, rédiger des communiqués de presses et il faut que l’internationalisme s’incarne dans une action plus concrète et cela faisait des années qu’on suivait de très près,avec le parti de gauche, cette question, à la fois kurde et du Moyen-Orient. Je suis allée à plusieurs reprises en Turquie pour suivre les procès de membres du HDP. Il y a avait besoin d’avoir une observation direct sur place, des témoignages sur places, car il y a assez peu de choses disponibles en français. Et quand il y a des écrits, c’est souvent sur des sites anarchistes, libertaires, souvent favorables, qui parfois décrivent une situation presque idyllique. J’éprouvais le besoin d’avoir quelque chose qui se rapproche de l’observation directe et pas du témoignage rapporté. On a besoin de savoir ce que l’on soutient. Je voulais aussi pouvoir témoigner à mon retour. Car il y a plus de légitimité à parler du sujet après y être allé, mais aussi parce qu’il faut témoigner de ce qui se passe là bas, c’est très peu connu d’un large public. Même si depuis la libération de Kobané, l’attaque d’Afrin ce sont des thèmes qui commencent à être dans la tête des gens. Sauf que personne n’y comprend rien. Replacer le Rojava là dedans relève du défi et de l’imaginaire collectif. Je ne suis pas une experte, je ne suis pas une politologue, Je ne suis pas une journaliste d’investigation, Je ne suis pas une universitaire, mais j’ai envie de faire un récit de ce que j’ai vu. Je ne vais pas en tirer des conclusions définitives, ni dans un sens ni dans l’autre, mais j’ai vue avec mes propres yeux et pas avec ceux d’un autre, ce qui offre une certaine garantie.
Le Rojava, c’est en Syrie du nord. Vous êtes une élu, vous êtes une française, vous êtes passée par l’Irak. Vous n’avez pas eu peur d’y aller ?
Je me suis posée la question. Ce n’est pas un voyage que tu prépares comme quand tu vas en Grèce ou en Tunisie. En fait, la question m’a surtout été posée par mes proches, car quand tu dis que vas en Syrie et que, en plus, tu vas passer par l’Irak, il y a un moment où les gens te regardent un peu bizarrement en se demandant si tu es bien saine d’esprit. Mais assez rapidement, ces doutes-là ont été levés par l’effet de la raison. Concrètement, j’allais pas dans les zones les plus exposées. D’autres part, j’ai tout préparé en amont de la manière la plus officielle possible et en prenant un maximum de garanties. On ne peut pas les prendre toutes, mais j’en avais quelques unes. Je suis partie avec trois documentaristes de France 2 dont le dispositif de système de sécurité est extrêmement développé. Par exemple, on avait un traqueur GPS pour nous localiser en cas de soucis, et puis je savais que le plus compliqué, c’était d’arriver au Rojava et qu’une fois sur place, je serais prise en charge. Le truc qui m’inquiétait le plus, ce n’est pas tant la guerre en Syrie que les services secrets turcs, parce que je ne suis pas dans les petits papiers de Monsieur Erdogan, de par mes activités militantes. Le plus gros souci pour moi était plus du côté de la Turquie que de celui de l’Irak ou de la Syrie.
Une fois arrivée au Rojava, comment ça c’est passé? Pouvez-vous expliquer votre parcours une fois sur place ?
Sur place, j’ai été accueillie par le Kongra Star, qui est le mouvement des femmes du Rojava par lequel j’avais été officiellement invitée au Rojava. J’ai commencé par une journée de rencontres officielles à Qamishlo, avec des responsables, dont les femmes qui s’occupent de la cellule diplomatique du kongra Star. Mais également les gens du Tev-Dem qui est la plateforme englobant les partis politiques et la société civile au Rojava. J’ai rencontré le PYD, Parti de l’Union Démocratique et, enfin, les représentants de la Fédération du Nord de la Syrie car les forces du Rojava ont repris des villes en dehors du Rojava à Daech, comme c’est le cas de Raqqa, où ils ont le projet d’étendre le modèle politique du Rojava. C’est un point intéressant, on n’est pas face à un projet mené par les kurdes pour les kurdes, mais un projet qui veut s’appliquer à l’ensemble du peuple syrien. J’ai eu toute une série de rencontres, toutes institutionnelles, qui ont été relayées par les médias sur place dont une agence de presse et la télévision kurde. C’est bien, car un de mes objectifs est que les gens au Rojava voient que des gens en Europe s’intéressent à ce qui se passe, qu’ils ne sont pas seuls. Les discussions étaient très intéressantes du point de vue géopolitique, de ce qui se passe en Syrie, à Afrin, du rôle joué par les différentes puissances en présence, notamment de la Russie pour des raisons évidentes, mais aussi de la France pour des raisons évidentes aussi. Ils m’ont interrogée sur les intentions de la France, mais je leur ai dit que j’aurais du mal à m’engager au nom d’Emmanuel Macron. Mais j’étais assez intéressée de voir l’intervention de Macron, le fait qu’il reçoive une délégation de représentants. J’ai eu un retour très positif du rôle de la France, même si tous m’ont dit que cela a été tardif. C’est quand même important de le dire. La question qui est beaucoup revenue, c’est de savoir quelle attitude la France allait adopter et notamment si les troupes françaises positionnées à Manbij allaient rester, si les troupes américaines allaient partir. C’était au moment où Trump avait annoncé son souhait de retirer les forces militaires États-uniennes de Syrie. Depuis, il est revenu dessus, mais cela peut changer encore au vu de la versatilité du personnage. On lit beaucoup d’analyses sur ce qui se passe là bas, on en produit nous-mêmes, mais avoir le point de vue direct des premiers concernés, c’est assez intéressant. J’ai eu d’autre rendez-vous sur le versant institutionnel. Je suis allée voir la porte-parole des YPJ, Nasrin Abdallah, qui avait d’ailleurs rencontré François Hollande en son temps et qui faisait partie de la délégation rencontrée par Emmanuel Macron à l’Elysée. On a passé plus de deux heures ensemble. C’est un des moments forts de mon séjour, avec une femme forte d’intelligence et de simplicité. On a passé deux heures de discussions, sans langue de bois, très éclairantes, avec beaucoup d’humour de sa part. Elle est très humaine. C’est toujours étonnant et c’est un truc qui m’a frappée pendant tout le séjour. On oublie parfois qu’on est dans un pays en guerre, on oublie parfois qu’on s’adresse à des militaires. Cela fait un peu tarte à la crème de dire cela, mais il y a vraiment une humanité, une chaleur, une générosité dans le lien qui est vraiment frappante. C’est un des éléments qui m’a le plus marquée tout au long du séjour. C’est aussi bien de voir des familles de Kobané qui ont quasiment tout perdu et qui organisent des collectes de solidarité pour les familles d’Afrin qui ont encore plus perdu. C’est vraiment très marquant. Cette espèce de chaleur, ce sens de l’accueil, de l’hospitalité qui s’est exprimé partout, même dans la rue en croisant des gens. Tout était très amical et très paisible en fait. J’ai trouvé beaucoup de douceur, contrairement à ce à quoi je m’attendais dans les villages dans lesquels je suis allée, chez les gens chez qui j’ai dormi. Beaucoup de douceur, quelque chose de très apaisé.
Une force de simplicité qui est vraiment admirable. J’ai eu l’occasion, et cela a du sens en tant qu’élue régionale française, d’assister à une assemblée régionale (ou assemblée législative de Cizîre) à Amuda. J’y suis allée avec mon écharpe d’élue, ce qui leur a d’ailleurs donné des idées. Ils trouvaient super d’avoir quelque chose à porter en tant qu’élu. Peut-être verrons-nous fleurir des écharpes des élus du Rojava dans quelques mois. C’était surtout très émouvant, on a commencé par une minute de silence en hommage aux victimes. C’était très curieux pour moi d’être à cet endroit et de faire cette minute de silence qui faisait échos à d’autres minutes de silence que l’on a faites en France, en hommage aux victimes de Daech dans l’assemblée régionale à Lyon. C’était un moment fort. C’était l’occasion de voir qu’il y avait des hommes et des femmes qui prenaient part aux discussions, aux débats et aux travaux. Qu’il y a des arabes et des kurdes qui discutent dans la même pièce des futurs projets de loi. Cette partie-là n’est pas un mythe ! C’était très intéressant de discuter avec les femmes de l’assemblée du fait qu’elles n’ont pas forcément été préparées et formées à participer à des activités politiques, à prendre la parole. On vient quand même de loin dans ces coins là. C’était assez chouette de voir cela et d’écouter les débats, parce que l’on a discuté là d’un projet de loi sur les conditions de sortie et d’entrée du territoire via le Kurdistan irakien. C’était des discussions très intéressantes parce qu’elles ne sont pas simples. On se souvient à ce moment qu’on est dans un pays en guerre et que des menaces s’exercent sur les populations civiles pour vider le territoire. Car c’est plus facile d’envahir un territoire quand il y a moins de civils sous les bombes et de pouvoir le cas échéant remplacer la population parune autre population, comme c’est le cas aujourd’hui à Afrin où les alliés d’Erdogan sont en train d’arabiser et d’islamiser Afrin. Donc, la question d’entrée et de sortie du territoire prend une toute autre dimension. Venir en tant qu’élue française, c’est aussi reconnaître la légitimité de ce qui passe là-bas du point de vue de la démocratie institutionnelle qui est en train de se mettre en place.
Il semble que vous soyez la première élue française à s’être rendue au Rojava. Et en tant qu’élue femme qu’avez-vous constaté au Rojava ? Comment le voyez-vous comparativement à la France ? Quels progrès seraient à faire là-bas ou ici ?
C’est difficile de comparer. Parce que c’est tellement différent, d’un point politique, d’un point de vue culturel, d’enjeux géostratégiques dans la zone. Ce sont des choses difficilement comparables. D’abord, me retrouver dans une situation où ceux qui sont au pouvoir sont des nôtres. Quand je dis des nôtres, je parle pour moi, du camp de la gauche historique marxiste ou sympathisante marxiste, écologiste et démocratique. Déjà, ce n’est pas si souvent que cela arrive ; d’habitude, je vais plutôt voir des opposants au régime. C’est rare que j’aille soutenir ceux qui sont au pouvoir. Le camp du progressisme de gauche. Ceux qui est très étrange aussi, c’est que ceux qui portent les kalachnikovs sont eux aussi tes amis. C’est quelque chose de compliqué à concevoir pour nous. Parce qu’on est plutôt dans une tradition de gauche où celui qui porte le fusil en général est souvent en face de nous plutôt qu’à nos côtés. C’est aussi un rapport à la résistance armée qui est intéressant. On n’est vraiment pas sur un modèle d’armée professionnelle comme on peut la connaître en France, mais sur un modèle d’armée populaire, car, concrètement, tout le monde à un frère, une cousine, un voisin, un ami de la famille engagé dans les YPG/YPJ. Il y a un lien avec les forces de sécurité qui est amical, voir familial. C’est d’ailleurs ce que m’a confirmé la porte parole des YPJ, ce n’est vraiment pas une armée d’attaque, mais c’est une armée de protection du peuple et cela change tout. Du coup, ça fait partie des petits décalages culturels qui changent totalement la manière d’appréhender les choses.
Un décalage culturel ou politique ? Ou les deux ?
Un peu des deux, et c’est en lien avec l’histoire récente du Rojava. Le fait d’avoir fait une première rupture avec le régime syrien, puis la guerre contre Daech, et maintenant, les attaques de l’armée turque, plus le fait de disposer d’un vrai projet politique théorisé par Öcalan, d’avoir une armée de protection du peuple etc… Le sentiment que j’ai eu au Rojava est qu’on avait un peuple constitué. On parle beaucoup en France du peuple mais j’ai le sentiment qu’il n’y a pas de peuple français aujourd’hui et qu’il reste à construire. J’ai été très frappée au Rojava par le sentiment qu’il y avait un peuple constitué. Après, honnêtement, tout n’est pas rose et n’est pas paradisiaque et très loin d’être achevé au Rojava, même en termes de construction politique. Je parlais tout à l’heure de l’assemblé législative. Tous les membres ne sont pas élus, ils sont nommés par les organisations. Pour une raison toute simple : c’est que pour l’instant, ils n’ont pas pu organiser les élections, parce qu’ils sont en guerre. Ils sont en train de le mettre en place. De la même manière, sur la question des femmes, c’est certainement le point où la révolution est la plus avancée. Pour le coup, les avancées se sont faites relativement rapidement. C’est à dire qu’en l’espace de quelques années, les femmes sont sorties de chez elles, qu’elles ont pu se balader seules dans la rue. Je précise que j’ai vu très peu de femmes voilées et que, quand c’était le cas, c’était un voile léger. Les seules formes de voile quasi-intégral que j’ai vues, c’était chez des réfugiés. Les femmes ont obtenu le droit de travailler. Le Kongra Star les soutient pour qu’elles puissent se mettre à leur compte dans des coopératives. Tout d’un coup, on a une irruption des femmes sur la scène publique, économique, politique, et c’est un des faits les plus parlants. Il y a eu également des avancées très importantes sur le plan législatif, avec l’interdiction de la polygamie et l’interdiction du mariage des mineurs.
Après, on ne peut pas nier que les mentalités ont besoin de temps pour évoluer, voire d’un changement de génération. Clairement, cela ne veut pas dire que tous les hommes du Rojava sont devenus super progressistes, féministes et égalitaires. Il y a encore une grande difficulté pour les femmes à vivre seules par exemple. Et c’est une des raisons de la création du village de Jinwar où je suis allée. C’est un village fait par les femmes et pour les femmes. C’est en cours d’achèvement, il va y avoir une trentaine de maisons fabriquées sur place en brique, terre et paille, avec toute une idée d’agro-écologie et d’autonomie alimentaire, avec un soucis écologique important. C’est un village destiné justement à accueillir des femmes qui ont été victimes de violences conjugales, de violences de guerre ou qui sont veuves de guerres. Parce que c’est aujourd’hui une réalité du pays. C’est encore quelque chose de mal accepté qu’une femme puisse vivre seule. Certaine font aussi tout simplement le choix du célibat. Au début, j’étais un peu sceptique car j’avais peur de tomber dans une nouvelle forme de sectarisme d’un village interdit aux hommes et j’ai été très rapidement détrompée parce que, dès que je suis arrivée, c’était rempli d’hommes. La réalité, c’est qu’il y a beaucoup d’hommes du village voisin qui viennent aider dans la journée aux travaux de construction, de jardinage, etc… Et donc, ce n’est pas un village interdit aux hommes, mais où le comité qui s’occupe du village est composé de femmes, où seules des femmes peuvent être résidentes. C’est aussi un lieu de reconstruction pour que les victimes redeviennent actrices. Je trouve que c’est une démarche intéressante. Cela a fourni de nouveaux aliments à mes réflexions sur le débat en France de la non-mixité de certains ateliers. C’est une chose à laquelle je ne suis spontanément pas très favorable, et justement, c’est cela qui m’interpelle au Rojava. Du coup, j’ai trouvé que l’expérience était menée intelligemment. Cela m’a permis d’avancer dans ma réflexion.
Si je comprends bien, vous trouvez que la question de la non-mixité en France est mal menée, comparée au Rojava ?
Je ne sais pas si elle est mal menée en France, je ne suis pas très experte du sujet. Mais ce que j’ai vu à Jinwar m’a paru faire sens alors que je n’étais pas à priori convaincue du bien-fondé de l’expérience. Mais quand on rencontre ces femmes, qu’on les écoute, qu’on entend leurs témoignages, ce qu’elles ont dû subir avant, on n’est pas dans une non-mixité principielle. La non-mixité, elle a un sens parce qu’on est face à des femmes qui concrètement ne peuvent pas vivre avec des hommes à proximité la nuit, quand il fait noir. On est face à des traumatismes, c’est une donnée importante. Mais, d’un autre côté, le village est totalement ouvert pendant la journée, dans ces travaux etc… et les femmes et les hommes travaillent ensemble, prennent le repas ensemble, sans ce que cela ne pose de problèmes. Je trouve que cela prend un sens.
Avez vous des critiques à faire de ce que vous avez pu observez ?
Sur les choses qui restent à critiquer ou améliorer, je pense que la question de l’écologie qui est un des piliers importants et affirmé du Rojava, doit être le prochain très gros chantier à mener. Parce que de ce point de vue là aussi, on part de loin. On sent qu’il y a un gros besoin là dessus. Au Rojava, plane comme une odeur de gazole permanente du fait de ne pas pouvoir raffiner le pétrole et d’être dépendant du bon vouloir et des embargos permanents et/ou temporaires des uns et des autres pour avoir accès à un carburant un peu près potable. On est très loin de pré-occupations sur les particules fines, les filtres etc… C’est un énorme chantier en termes de santé publique. Sur la question de la santé publique et de la sécurité routière, il y a aussi un énorme chantier. Personne ne met sa ceinture de sécurité, de toute manière, la plupart des véhicules ne sont pas équipés de ceintures de sécurité. Il y a beaucoup d’accidents de la route, beaucoup de morts. Puis, il y a la question du tabac. Je suis une grande fumeuse et je prends ma part. J’aime bien voyager dans les pays du sud et Moyen-Orient car on peut fumer partout, mais là, je n’ai jamais vu ça ! Les cigarettes sont très peu chères, en termes de santé publique, il y a un vrai questionnement par rapport à ça. L’autre truc qui frappe, c’est la question des déchets, Il y a un gros problème de gestion des déchets dans le mécanisme et pour que chacun se sente responsable. C’est un point où vraiment il y a un travail à faire. Visuellement, c’est gênant. Pour le coup, c’est une question de mentalité et d’habitude. Il y a tout un travail de sensibilisation à faire aussi dans ce sens là. Il y a vraiment plein de domaines où il peut y avoir des progrès considérables, notables, visibles en assez peu de temps. Sur la question des sanitaires, cela peut paraître anecdotique, mais je pense que le Rojava est l’endroit où les toilettes sèches prennent tout leur sens. C’est quand même un pays qui est sujet à des épisodes de sécheresses récurrent. Il y a de plus en plus d’initiatives pour reprendre une agriculture plus respectueuse de l’environnement, plus économe en eau, pour reforester les zones qui ont été déforestées partout par le régime pour installer des plans de blé, de colza etc… et l’eau est très peu économisée. Il y a beaucoup à faire sur les économies d’eau. Après, il faut remettre les choses en place. C’est tout jeune, tout récent, je suis ravie qu’ils aient commencé avec les êtres humains qui étaient dans des situations d’oppression intolérables. Et puis ils sont en guerre permanente ! Donc cela ne leur laisse pas un instant pour souffler, se poser et voir par quel bout on prend les choses. C’est aussi ça qu’il faut avoir en tête.
Entretien réalisé par Raphaël Lebrujah