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Vendredi 9 novembre, un militant politique kurde a été placé en détention par le TGI de Bobigny pour non respect des obligations imposées par le FIJAIT. Rojinfo partage avec nos lecteurs le communiqué du Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) relatif à cette décision qualifiée d' »arbitraire ».

« Depuis plus de deux ans, les militants politiques kurdes sont traqués par la police française, et soumis à des enquêtes honteuses et humiliantes. Jusqu’à présent, près de 150 personnes ont été interrogées, sans fondement, dans le cadre de ces enquêtes. 

Vendredi 9 novembre, un militant kurde a été détenu arbitrairement. Placé en garde à vue le mercredi précédent pour « violation des obligations du FIJAIT » (fichier judiciaire national automatisé des auteurs dinfractions terroristes), il a fait l’objet d’une comparution immédiate devant le TGI de Bobigny, tard dans la soirée de vendredi. Dans le dossier d’enquête monté de toutes de pièces, que d’ailleurs les juges et la procureure n’arrivaient pas à comprendre, il lui est notamment reproché de s’être rendu à l’étranger sans en avertir les autorités françaises. Selon l’enquête, il serait notamment allé à Edimbourg et à Bodrum (Turquie), muni d’un « passeport anglais » et « en compagnie de sa femme et de ses deux enfants ». Or, l’intéressé est célibataire, réfugié en France depuis 2006 et ne détient pas de passeport. Et s’il lui était venue l’idée saugrenue de s’aventurer en Turquie où sa tête est mise à pris, il n’aurait certainement pas pu se trouver ce jour-là devant les juges français. 

Reconnaissant que le dossier ne tenait pas la route, le parquet a demandé un complément d’information. L’affaire a été renvoyée à une audience ultérieure fixée au 20 novembre. Mais, entre temps, l’intéressé a été placé en détention provisoire, sans aucun fondement, juste pour le plaisir d’envoyer en prison une personne anciennement condamnée pour « infraction terroriste en lien avec le PKK ». 

Cette décision intervient deux jours avant l’arrivée d’Erdogan à Paris. Est-ce un hasard ou bien un geste pour plaire à la Turquie ? Quel est l’objectif de la France ? Développer des liens économiques et politiques avec la Turquie ? Développer des liens avec les Kurdes pour renforcer ses positions au Moyen-Orient ? Ou mener une politique durable pour la paix et la stabilité au Moyen-Orient, et notamment au Kurdistan ?

Les Kurdes sont un peuple uni, qu’ils vivent en Turquie, en Syrie, en Iraq, en Iran ou dans la diaspora. La France qui soutient les Kurdes en Syrie et en Irak, criminalise ceux vivant en France.

Le 9 janvier 2013, trois militantes kurdes du PKK ont été exécutées à Paris en plein milieu de la journée. Ces exécutions ont eu lieu dans un contexte de renforcement des liens économiques entre la Turquie et la France. Malgré des preuves irréfutables démontrant l’implication des services de renseignements turcs (MIT) dans cet acte terroriste, la France n’a jamais pris la peine d’élucider l’affaire.

Voilà la France : un pays où les Kurdes sont arrêtés, humiliés et risquent même d’être exécutés par des escadrons de la mort venus de Turquie. 

La France ne s’est jamais autant pliée aux volontés de la Turquie pour développer des liens économiques avec cette dernière. Jusqu’où ira-t-elle dans sa politique de criminalisation contre les Kurdes ?

Le CDK-F condamne avec la plus grande fermeté cette approche politique criminalisant les militants kurdes vivant en France et appelle l’Etat français à changer de politique à l’égard des Kurdes. »