La Turquie mène une politique active de changement démographique dans les zones qu’elle occupe depuis plusieurs années au nord de la Syrie
Les régions de Girê Spî et de Serêkaniyê au nord de la Syrie sont occupées par la Turquie depuis octobre 2019

La Turquie mène une politique active de changement démographique dans les zones qu’elle occupe depuis plusieurs années au nord de la Syrie.

Dans les zones sous occupation turque du nord de la Syrie, les populations autochtones, en particulier les Kurdes, sont contraintes à l’exode et remplacées par des réfugiés syriens originaires d’autres régions du pays. L’une de ces zones est la région de Girê Spî (Tall Abyad). Occupée par la Turquie depuis octobre 2019, cette région, qui faisait partie autrefois des territoires autonomes du Rojava, est désormais contrôlée par les services de renseignement turcs (MIT) et des groupes de mercenaires djihadistes alliés de la Turquie. Selon le Conseil en exil du canton de Girê Spî, plus de 100 000 personnes ont dû fuir la région après l’invasion turque.

D’après l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), les autorités turques ont expulsé mercredi plus de 160 réfugiés syriens, dont des femmes et des enfants, vers les régions occupées de Girê Spî (Tall Abyad) et Serêkaniyê (Ras Al-Ain). L’OSDH note qu’un certain nombre de jeunes hommes ont été envoyés dans la région de Girê Spî sans leurs familles.

Trois jeunes réfugiés syriens ont été arrêtés par des factions djihadistes soutenues par Ankara après avoir passé la frontière turco-syrienne en direction des zones occupées, rapporte encore l’OSDH qui fait état de rançons demandées aux familles en échange de la libération des personnes détenues.

« Les souffrances des Syriens se poursuivent après leur déportation vers les zones contrôlées par les forces turques et leurs mandataires, alors que les autorités turques continuent de procéder à des déplacements forcés », s’indigne l’organisation de défense des droits humains, soulignant que, sous prétexte de « retour sécurisé », la Turquie cherche à installer les déportés dans les complexes construits dans le nord de la Syrie et à provoquer un changement démographique dans la région. L’OSDH dénonce par ailleurs les violences et les pillages auxquels les personnes expulsées sont exposées lorsqu’elles traversent la frontière turco-syrienne.

L’agence de presse Hawarnews (ANHA) a rapporté de son côté l’arrivée de plus de 250 réfugiés dans les zones occupées au cours du mois de juillet. Selon une source locale citée par ANHA, les réfugiés sont installés dans les maisons des personnes déplacées de force.

S’adressant à ANHA, le vice-président du conseil cantonal de Girê Spî, Heza Mihemed, a mis en garde contre les conséquences de la politique de changement démographique de la région. Il a fait remarquer que l’État turc expulsait les réfugiés syriens dans le cadre d’un plan visant à les installer dans les propriétés des personnes déplacées à la suite de l’invasion du 9 octobre 2019.

Selon ANHA, plus de 22 000 réfugiés sont entrés dans le canton occupé de Girê Spî depuis que les autorités turques ont annoncé, début avril 2022, qu’un million de réfugiés seraient expulsés vers les zones occupées de la Syrie.

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