L’imaginaire est un enjeu central dans la lutte. Il est un lien qui unit nombre d’individus autour de valeurs et de représentations. Il n’y a qu’à voir la fête du Newroz réinterprétée par le mouvement kurde pour en être convaincu. L’image de Kawa, le forgeron, terrassant la tyrannie de Zahhak a profondément influencé les enfants kurdes nés dans cet imaginaire. C’est pour cela qu’un roman comme celui de Jean-Michel Morel a toute son importance dans la période car il s’agit d’une contribution à un imaginaire en langue française qui commence à se former autour du Rojava.

Retour à Kobane, du nom de la ville martyre où Daech fut vaincu, est un des premiers roman sur la question. Mais que trouve-t-on à travers les pages de ce livre ? Une histoire thriller où un américain et un kurde dans une prison française, cherchent une issue à leur situation respective. L’ambiance est électrique et le danger peut venir de toute part : trahison, vengeance, règlement de compte, fanatique incontrôlable, services secrets, mafia ou encore fasciste turc. Les ingrédients sont réunis pour nous tenir en haleine.

Mais ce ne sont pas ces éléments qui le différencient d’un autre livre. Chaque année, nous avons le droit à une flopée de romans policiers qui racontent d’autres histoires. Ici, nous plongeons dans un univers où on découvre un monde mal connu, le monde kurde à travers les dialogues des principaux protagonistes. Au fil du livre, les difficultés que les kurdes rencontrent, leurs relations conflictuelles avec les États, leurs luttes sont au fond un prétexte pour nous initier à cette question kurde si complexe et à la fois si proche et moderne. Ainsi, l’œuvre fait une bonne introduction à de nombreuses thématiques familières à Rojinfo, mais cette fois-ci, abordées à travers un univers romanesque. Jean-Michel Morel le fait avec sa plume, somme toute agréable, et nous emporte dans une lecture qui nous tient jusqu’à la fin.

Nous pouvons espérer de nombreux autre ouvrages du même type.

Présentation du livre avec la participation de Me Sève Izouli qui s’est rendue récemment au Rojava

Le samedi 24 novembre 2018 à 16h00

106 rue La Fayette, 75010 Paris
M° Poissonnière – Gare de l’Est – Gare du Nord

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