Dans un discours approfondi, Cemil Bayık, coprésident du Conseil exécutif de l’Union des Communautés du Kurdistan (KCK), a expliqué la démarche actuelle d'Abdullah Öcalan, affirmant qu'elle résulte de décennies de lutte

Dans un discours approfondi, Cemil Bayık, coprésident du Conseil exécutif de l’Union des Communautés du Kurdistan (KCK), a expliqué la démarche actuelle d’Abdullah Öcalan, affirmant qu’elle résulte de décennies de lutte.

Un manifeste pour la paix et la démocratie

Selon Bayık, Abdullah Öcalan, souvent appelé « Rêber Apo » par ses partisans, a formulé un manifeste pour le XXIe siècle, qui vise à résoudre la question kurde par des moyens démocratiques et politiques, plutôt que par la guerre. « Depuis le début de cette lutte, la quête de Rêber Apo a toujours été de trouver une solution à la question kurde », a-t-il déclaré.

Bayık souligne que la modernité capitaliste a profondément bouleversé le Moyen-Orient et que l’intervention extérieure des puissances capitalistes a exacerbé les tensions. En réponse, Öcalan aurait proposé une alternative démocratique permettant aux peuples de la région de sortir de cette impasse.

Une critique du socialisme d’État

Dans son manifeste, Öcalan analyse également les raisons de l’effondrement du socialisme réel, qu’il attribue à une conception erronée du pouvoir, de l’État et de la nation. Bayık estime que cette réflexion vise à offrir une nouvelle compréhension du socialisme, en corrigeant ses erreurs historiques.

L’émancipation des femmes au cœur du projet

L’un des axes centraux du manifeste d’Öcalan repose sur la libération des femmes, considérée comme une condition essentielle à toute société libre et démocratique. Selon Bayık, Öcalan établit un lien fondamental entre la liberté des femmes et l’émancipation sociale et politique.

Une histoire complexe entre Kurdes et Turcs

Bayık rappelle que l’histoire des relations turco-kurdes a été marquée par des alliances stratégiques, notamment lors de l’expansion de l’Empire ottoman et de la fondation de la République de Turquie. Cependant, selon lui, ces relations ont été rompues après le traité de Lausanne, conduisant à une politique de négation et de répression à l’encontre des Kurdes.

Il critique également l’idéologie de l’État-nation, promue par la modernité capitaliste, qui aurait poussé la Turquie à adopter une politique de monisme culturel et linguistique, entraînant la marginalisation des Kurdes.

Une tentative de résolution politique

Bayık affirme qu’Öcalan a toujours cherché à faire évoluer le mouvement kurde vers une solution politique et démocratique. Il rappelle que dès 1993, Öcalan avait déclaré un cessez-le-feu unilatéral pour initier un dialogue avec le gouvernement turc, une initiative qui aurait été soutenue par l’ancien président Turgut Özal.

Toutefois, selon Bayık, ces efforts ont été systématiquement sabotés par les cercles militaristes et nationalistes turcs. Il cite notamment l’assassinat de Turgut Özal et la destitution de Necmettin Erbakan, qui avait également tenté de trouver une issue politique au conflit.

Un appel au dialogue

Aujourd’hui, Bayık appelle la Turquie à reconnaître les droits du peuple kurde et à abandonner la politique de négation et de répression. Il affirme que seule une approche basée sur le concept de « nation démocratique », proposé par Öcalan, pourrait restaurer des relations pacifiées entre Turcs et Kurdes.

« Nous espérons que l’État et la société turque prendront conscience de cette réalité et abandonneront l’approche de l’extermination », conclut-il.