Au moins 67 kolbars ont été tués en 2020 dans la zone frontalière entre le Nord-Kurdistan (Turquie) et l’Est-Kurdistan (Iran).
Les kolbars transportent, au risque de leur vie, de lourdes charges, à travers les frontières qui divisent le Kurdistan

Au moins 67 kolbars ont été tués au cours de l’année 2020 dans la zone frontalière entre le Nord-Kurdistan (Turquie) et l’Est-Kurdistan (Iran). 59 d’entre eux ont été exécutés par les forces de sécurité turques ou iraniennes.

Au moins 67 kolbars ont été tués dans la zone frontalière irano-turque en 2020 et 163 autres ont été blessés d’après un rapport publié par l’initiative Kolbarnews, qui contient des données sur tous les décès de kolbars enregistrés par la police ou publiés dans les médias. Cependant, le nombre de décès est probablement beaucoup plus élevé, car de nombreux incidents ne sont pas signalés. Ces dernières années, plusieurs corps de kolbars disparus ont été retrouvés au printemps, après la fonte des neiges.

Selon le bilan de Kolbarnews, 59 kolbars sont morts l’année dernière à la suite d’exécutions extrajudiciaires par les forces de sécurité des deux pays. 53 kolbars ont été abattus par le Pasdaran iraniens (Gardiens de la Révolution) et six autres par les gardes-frontières turcs. Deux kolbars sont tombés dans une tempête de neige et seraient morts de froid, quatre autres ont été victimes d’un accident mortel en travaillant. Dans deux cas, les décès ont été signalés comme noyade.

Les meurtres délibérés de kolbars ont augmenté depuis la fin de l’année 2018. Le vice-ministre de l’Intérieur iranien, alors responsable des questions de sécurité, Hossein Zolfaghari, avait proclamé une fatwa anticonstitutionnelle et qualifié les kolbars travaillant dans la zone frontalière de « passeurs » qui « doivent être tués ».

Le drame des kolbars et des kesibkar (commerçants frontaliers) s’approfondit. Les gens risquent leur vie dans les circonstances les plus difficiles en raison de mauvaises conditions économiques et d’un chômage élevé afin de gagner un revenu pour eux-mêmes et leurs familles.

Appauvrissement délibéré au Kurdistan

Le régime iranien a appauvri le Kurdistan oriental grâce à une politique économique délibérée. Le Rojhilat (l’Est-Kurdistan) est aujourd’hui l’une des régions les plus pauvres d’Iran. C’est la région la plus défavorisée en termes d’investissements. Le développement de l’agriculture et de l’industrie y est freiné et les chiffres du chômage y sont beaucoup plus élevés que dans les autres régions d’Iran.

130 kolbars blessés dans les bombardements

Selon Kolbarnews, 130 des 163 kolbars blessés l’ont été lors de bombardements par les forces de sécurité iraniennes ou turques. 17 autres ont été blessés à la suite de chutes ou d’explosion de mines. Cinq kolbars ont été capturés par les gardes-frontières iraniens et torturés, et deux autres ont été blessés en raison du froid ou d’accidents de la route. Les soldats des deux pays patrouillent dans les zones frontalières comme de véritables escadrons de la mort sans avoir à rendre compte de leurs actions.

Kolbar et kesibkar

Kolbar est composé des termes kurdes – «kol» – le dos et «bar» – le fardeau. Le kolbar vit du transport de charges à travers des frontières dangereuses. Les produits transportés sont principalement des cigarettes, des téléphones portables, des couvertures, des articles ménagers, du thé et, plus rarement, de l’alcool. Les marchandises sont vendues à des prix très élevés dans des centres commerciaux comme Téhéran. Mais les kolbars qui risquent leur vie pour ce travail reçoivent un salaire journalier dérisoire.

Les kesibkar sont ceux qui voyagent de ville en ville pour trouver des acheteurs pour les marchandises amenées à travers la frontière par les kolbers. Leur âge varie entre 13 et 70 ans. Certains n’ont qu’un diplôme d’études primaires et d’autres des diplômes universitaires.