Amnesty International a lancé une action urgente en faveur de la prisonnière politique kurde Zeynab Jalalian détenue par le régime iranien depuis plus de 12 ans. Victime de torture et gravement malade, Zeynab Jalalian est privée de tout traitement médical parce qu’elle refuse de se repentir.
Dénonçant les tortures infligées par des agents du ministère des renseignements iraniens à la prisonnière politique kurde Zeynab Jalalian, Amnesty international a lancé un appel urgent pour la jeune femme qui purge une peine de prison à perpétuité. L’organisation de défense des droits humains précise que les autorités iraniennes refusent délibérément des soins de santé à Mme Jalalian dans le but de la contraindre à fournir des confessions filmées.
« Ce déni intentionnel de soins de santé lui cause de graves douleurs, d’autant plus qu’elle souffre de graves problèmes de santé, y compris de troubles respiratoires post-covid », déclare Amnesty international qui appelle en conséquence à envoyer des lettres au chef de la justice iranienne, Ebrahim Raisi pour demander la libération de Zeynab Jalalian.
Seule femme condamnée à la perpétuité en Iran
Née à Makou en 1982, Zeynab Jalalian a été arrêtée à Kermanshah au cours de l’été 2008, avant d’être condamnée à mort en janvier 2009 par un tribunal révolutionnaire pour « inimitié contre Dieu ». La sentence était liée à l’appartenance de Jalalian au « Parti pour une vie libre au Kurdistan » (PJAK). Elle avait auparavant passé huit mois en détention provisoire dans un établissement du ministère du Renseignement. Elle n’a pas eu le droit à un avocat pendant son procès, qui n’a duré que quelques minutes. La condamnation à mort de Zeynab Jalalian a été commuée en réclusion à perpétuité en novembre 2011. Elle est actuellement la seule prisonnière femme condamnée à une telle peine en Iran.
Covid-19 contracté lors de l’odyssée des transferts
Zeynab Jalalian a été transférée par le ministère des Renseignements dans diverses prisons du pays à quatre reprises en quelques mois, au cours de l’année écoulée. Ayant contracté le Covid-19 au cours d’un de ces transferts, elle souffre aujourd’hui d’un problème respiratoire. En outre, elle a été blessée par les chaînes mises aux poignets et aux chevilles pendant les transports et a été physiquement maltraitée par les forces de sécurité iraniennes. Elle souffre également d’autres problèmes de santé graves en raison des conditions de détention déplorables et des mauvais traitements, notamment des maladies cardiaques, intestinales et rénales, des paralysies et des infections dentaires et de la mâchoire. Suite à des coups répétés portés à la tête, sa vision est gravement altérée. À ce jour, Jalalian n’a reçu des soins médicaux en dehors de la prison qu’à une reprise, lorsqu’elle a été testée positive au COVID-19 en juin dernier.
La Famille de Jalalian victime de répression
Depuis novembre, Mme Jalalian est détenue dans une prison de la ville de Yazd, au centre de l’Iran, à environ 1 400 kilomètres du domicile de sa famille. Après son transfert, son père Ali Jalalian a été détenu pendant un jour à Makou et interrogé par les services de renseignement iraniens qui lui reprochaient d’avoir parlé à des organisations de défense des droits humains et à des médias étrangers de la situation de sa fille.
ONU: Jalalian condamnée pour son engagement en faveur des droits des femmes kurdes
En avril 2016, le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire a appelé l’Iran à libérer immédiatement Zeynab Jalalian, considérant qu’elle était détenue parce qu’elle avait exercé pacifiquement ses droits à la liberté d’expression et d’association à travers « ses activités de militante sociale et politique pour les droits des femmes kurdes » et « son implication dans l’activisme politique… avec l’aile non militante du PJAK ». Le Groupe de travail a déclaré qu’elle s’était vu refuser le droit à un procès équitable et que son traitement constituait une violation de l’interdiction de la torture et des autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Il a souligné en outre que le refus des autorités de fournir des soins médicaux aux prisonniers constitue une torture si cette privation est intentionnelle et inflige « une douleur ou des souffrances graves » à des fins telles que punition, coercition ou intimidation, obtention d’une « confession » ou pour une quelconque raison fondée sur la discrimination de quelque forme qu’elle soit.