Comme de nombreux résidents d’Afrin, le jeune homme M.A. a décidé de rester chez lui après l’occupation, mais il ne savait pas qu'il passerait les prochaines années de sa vie sous la torture dans les sous-sols des prisons d'occupation.

Comme de nombreux résidents d’Afrin, M.A. a décidé de rester chez lui après l’occupation de la région par la Turquie en mars 2018, mais il ne savait pas qu’il passerait les prochaines années de sa vie sous la torture, dans les sous-sols des prisons des forces d’occupation.

M.A, qui n’a pas souhaité dévoiler son identité pour des raisons de sécurité, a parlé à l’agence de presse kurde Hawar News (ANHA) des pratiques des forces d’occupation turques.

L’histoire du jeune homme commence 20 jours après l’occupation d’Afrin par l’armée turque et ses mercenaires, lorsqu’une descente est faite chez lui.

Les mercenaires d’al-Jabha al-Shamiyyah ont effectué une perquisition à son domicile avec trois voitures chargées d’armes lourdes. Ce n’était pas une arrestation ordinaire, il a été battu et torturé dans son domicile, puis on lui a bandé les yeux pour l’emmener au « département de la sécurité » où il a été torturé pendant deux jours sans être interrogé.

Les mercenaires ont indiqué qu’il était arrêté dans le cadre d’une enquête et lui ont proposé de verser de l’argent et de l’or en échange de sa libération. Mais M.A n’avait ni argent, ni or. Les mercenaires ont alors continué à torturer M.A. qui se souvient de certains des noms qu’ils utilisaient pour communiquer entre eux.

M.A. est resté 18 jours en garde à vue, pendant lesquels il a été soumis, de façon quotidienne, à des actes de torture de diverses formes, dont des brûlures et des coups de câble sur le corps.

M.A., victime de torture dans les centres de détention des forces d’occupation turques qui témoigne sous couvert d’anonymat

Comme tous les autres détenus, il a été accusé d’être en lien avec l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie (AANES) et placé en détention dans un centre rattaché au tribunal d’Afrin. À chaque détenu était demandée une rançon en échange de sa libération. Celle demandée à M.A était d’un million de livres syriennes ainsi que tous les objets de valeur qu’il possède. 

M.A dit avoir passé 4 jours en cellule d’isolement durant lesquels il n’a reçu qu’un morceau de pain moisi.

Plus de 400 hommes et 40 femmes détenus

M.A a témoigné qu’environ 400 hommes et 40 femmes étaient détenus dans les mêmes conditions, parmi lesquels des personnes âgées.

« Les mercenaires avaient l’habitude d’interroger les femmes tous les 15 jours sous la torture. À plusieurs reprises, nous avons pu voir par la fenêtre de la cellule que les mercenaires emmenaient de force les femmes entre trois et quatre heures du matin, puis les ramenaient dans la cellule au bout de deux heures ».

Les enfants dans la prison centrale d’Afrin

Après avoir été détenu pendant un peu plus de 4 mois dans le centre de détention, M.A a été transféré à la prison centrale située dans le village de Marateh, à Afrin. 

Il dit avoir vu dans cette prison de très jeunes enfants, âgés d’un an et plus. « J’ai vu une famille composée des parents et de leurs enfants dans la prison », a-t-il déclaré.

Il également indiqué qu’il y avait plus de 800 hommes et près de 60 femmes détenus dans la prison centrale d’Afrin.

L’enquête contre M.A a duré 8 mois à l’issue desquels il a été condamné à une peine de 3 ans de prison, ainsi qu’à une amende de deux millions de livres syriennes.

Après un an et demi de détention dans la prison centrale d’Afrin, M.A. a été libéré en échange du paiement d’une rançon.

Après sa libération, le jeune homme a quitté Afrin moyennant une somme de 100 dollars, pour enfin rejoindre une zone sûre.

Laisser un commentaire