Afrin-Syrie
Réfugié.e.s d'Afrin dans le camp Berxwedan ("Résistance") à Fafinê, canton de Shehba (photo Centre d'Information de la Résistance d'Afrin)

Nous publions toutes les semaines les bulletins hebdomadaires des nouvelles d’ Afrin, écrits et traduits en français pour le Centre d’Information de la Résistance d’Afrin. Les bulletins informent à la fois sur la situation militaire, politique et humanitaire autour d’Afrin et plus largement au nord de la Syrie, sur les initiatives de solidarité exprimées à travers le monde ainsi que les prises de positions des différents acteurs politiques, qu’ils analysent.

Créé au début de l’offensive turque sur Afrin, le Centre d’Information de la Résistance d’Afrin dispose d’un compte twitter, d’une chaîne Youtube et d’un site internet, où sont publiés les bulletins mais aussi des dossiers d’information écrits directement par le centre ou par différentes institutions du Nord-Syrie (Croissant Rouge du Kurdistan, TEV-DEM…) ; des analyses politiques de la situation ; des photos et vidéo documentant les crimes de guerre, la résistance populaire et témoignant du quotidien des populations d’Afrin, maintenant pour la plupart devenues réfugiées.

La plupart des informations sont en anglais mais des traductions régulières vers le  français sont effectuées, comme c’est le cas pour tous les précédents bulletins, que vous pouvez aussi trouver sur le site.

Les développements relatifs à Afrin – du 13 au 19 avril 2018

Introduction

Avec la défaite de l’Etat islamique en Syrie et particulièrement après la libération de Raqqa à l’Octobre 2017, l’Etat turc a intensifié ses menaces et attaques sur la Fédération Démocratique du Nord de la Syrie. Dans ce contexte, la Turquie a commencé sa guerre d’invasion sur Afrin le 20 janvier, transgressant le droit international et la souveraineté de son pays voisin. L’armée turque a déclenché cette guerre en coopération avec des groupes djihadistes issus des rangs de l’Armée Syrienne Libre (ASL). Beaucoup d’entre-eux sont des membres d’Al-Qaïda ou de l’Etat islamique. A compter de début mars, tous les districts et la ville d’Afrin ont été sous les bombardements de l’aviation, de l’artillerie et des drones de l’armée turque, qui ont particulièrement ciblé les civils. Les 17 et 18 mars, plus de 200 000 personnes ont quitté Afrin et ont été évacués de la ville afin d’éviter un génocide physique. Depuis, la majorité des personnes sont réfugiées dans le canton de Shehba, sans garanties pour leur sécurité ni soutien international. Dans cette nouvelle étape de la guerre, la confrontation entre les puissances internationales et leurs intérêts se fait plus intense de jour en jour.

Les développements de la semaine passée

Après 90 jours de résistance contre la deuxième plus grande armée de l’OTAN, des centaines de milliers de personnes du canton d’Afrin sont toujours déplacées et font face à des conditions difficiles. L’armée turque et ses alliés de l’ASL mettent en œuvre des politiques de nettoyage ethnique, d’assimilation et de colonisation, empêchant les gens de retourner dans leur village et continuant les préparations pour annexer la région d’Afrin à la Turquie. Dans le même temps, des milliers de djihadistes ont été transférés de la Ghouta à Afrin pour créer des changements démographiques et installer un ordre islamo-turc. La résistance des forces YPG-YPJ se poursuit dans tous les districts du canton d’Afrin, de même que la résistance des personnes déplacées d’Afrin dans la région de Shehba. Les tensions entre les pouvoirs régionaux et internationaux se sont concrétisées avec les attaques aériennes des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de la France sur des infrastructures du régime syrien.

Afrin

Dans le canton occupé d’Afrin, des sources locales ont reporté des vols quotidiens, des menaces, des enlèvements et des tortures de la part de l’armée turque et des forces de l’ASL à l’encontre de la population locale. Des femmes ont été enlevées, violentées et violées par les soldats turcs et ramenées à la nuit tombée. Les forces de l’armée turque ont enlevé des habitants yézidis du village de Qetme dans le district de Shera ; leur sort est encore inconnu. Un représentant d’une commune s’est fait tirer dessus dans les deux jambes par les forces occupantes alors qu’il essayait de rentrer dans son village. De façon générale, les personnes qui travaillaient avec les structures de la Fédération démocratique sont en danger de se faire torturer ou tuer. La division Sultan Murad – entraînée et financée par le MiT – a volé 5000 tonnes de blé des silos d’Afrin [1]. Muhammad Osman, un habitant de Cindirêsê a été torturé par les forces de l’ASL soutenues par l’armée turque pour avoir demandé qu’on lui rende ses propriétés qui avaient été confisquées. Les forces de l’ASL ont aussi torturé des hommes âgés, Hussain Haji Shekho, 55 ans, et Golin Bilal Hamo, 85 ans, du village de Khalkila (district de Reco). Golin Bilal Hamo est le frère de Bilal Hamo, qui a été tué par les forces de l’ASL dans le village de Khalkila la semaine dernière. Dans le village de Shingela (district de Meydana), les forces de l’ASL de Failaq Al-Rahman ont enlevé deux jeunes hommes, Sivar et Beit Atch, dont le sort est toujours inconnu, de même que celui de deux frères, Ayat et Maher Ahmet Rashid, qui ont été enlevés dans le village de Ain Al-Hajjar Al-Kabeer (district de Mabata).

Le 16 Avril, les forces d’occupation turques ont fermé l’hopital Dirsem de la ville d’Afrin [2]. Ils ont aussi transformé les bâtiments de la station de train de Meydan Ekbes (district de Reco) – et 40 maisons de civils dans les alentours – en une prison et un centre de torture contrôlés par les soldats turcs. Ces faits ont été rapportés par deux femmes relâchées après y avoir été torturées [3].

Les forces occupantes empêchent toujours les populations déplacées d’Afrin de retourner dans leurs maisons. Elles continuent le processus de transformation démographique et d’annexion du canton à l’Etat turc. Les noms kurdes des institutions sont remplacés par des noms turcs. L’observatoire syrien des Droits humains reporte qu’une réunion a eu lieu entre les chefs de Failaq Al-Rahman et les services de renseignements turcs pour installer leurs combattants, leurs familles, ainsi que des personnes déplacées de la Ghouta orientale dans la région d’Afrin. L’observatoire a aussi fourni des preuves que les autorités turques avaient transféré plus de 150 familles de la Ghouta orientale vers la région d’Afrin. Néanmoins, de nombreuses personnes déplacées de la Ghouta ont refusé d’être installées à Afrin [4].

Un dossier de l’agence de presse ANHA revèle les relations entre le Conseil National Kurde (ENKS) – maintenant membre du Conseil Civil à Afrin, qui va administrer la région d’Afrin pour le compte de l’Etat turc – et les services de renseignement turc [5]. De plus, le 30 novembre 2017, lors de la participation au programme “Critique libre”, Fuad Aliko (membre de l’ENKS), a parlé de la branche armée de son parti et affirmé : “Nous avons une branche armée, le groupe le plus important au sein de Faylaq Al-Sham”. Ce groupe est le groupe principal parmi les forces de l’ASL qui ont attaqué Afrin. Il a aussi participé à l’occupation d’Azaz et de Jarablus [5].

Shehba et Nord de la Syrie

L’armée turque et les forces de l’ASL continuent d’empêcher les civils de la région d’Afrin de retourner chez eux. L’Observatoire syrien des Droits de l’Homme a indiqué que des centaines d’entre eux ont attendu près de 10 jours au check-point de Kimar, stoppés sans raison. De la même manière, des centaines de familles sont empêchées de retourner chez elles par les forces du régime. De plus, les forces du régime empêchent les personnes déplacées d’Afrin d’atteindre la ville d’Alep. La situation dans la région est très difficile. Des centaines de milliers de civils sont toujours déplacés et les organisations humanitaires ignorent toujours la sévère condition humanitaire et les pénuries en médicaments, traitements et fournitures [4]. A cause des conditions difficiles des réfugiés, plusieurs cas de tuberculose ont été enregistrés. Des aides pour les personnes déplacées d’Afrin ont été envoyées depuis les régions de Cizirê et de l’Euphrate. L’aide est distribuée par le conseil du canton de Shehba en coordination avec les communes des villages de Tel-Qarah.

Le 13 avril, deux corps sans vie ont été retrouvés dans le village d’Abu Son, à 10 kilomètres à l’est de Sêrêkaniye à la frontière turco-syrienne. Un d’entre eux a été identifié comme étant Zayid Abdullah El-Mixêrt du village de Al-Tiroziye à Raqqa [6].

Turquie, Irak, Syrie

Le 13 Avril, le Royaume-Uni, les Etats-Unis et la France ont frappé des installations du régime syrien. Les officiels états-uniens ont dit que ces installations étaient en capacité de produire des armes chimiques et que les attaques étaient destinées à bloquer la production de telles armes.

Une réunion a eu lieu à Izmir entre les commandants de l’armée turque et des représentants des milices d’Idlib : les Frères musulmans, Ahrar al-Sham, Faylaq al-Sham et le mouvement Ismaili mené par le commandant militaire Abdullah alKurdi. La réunion avait notamment pour but de discuter du futur d’Afrin ; il y a été décidé d’installer un système de gouvernement islamique dans la région. Selon les informations disponibles, un accord a amené à la formation du “Conseil de la ville d’Afrin” et sa direction par un kurde musulman. Des membres du Conseil National Kurde (ENKS) et des milices d’Abdullah al-Kurdi devraient rejoindre le conseil [7].

Le 13 Avril, un convoi de près de 85 bus a quitté la ville de Douma. Il transportait des milliers de combattants de Jaysh Al-Islam et leurs familles qui avaient rejeté l’accord passé le 8 avril entre  Jaysh Al-Islam d’un côté et les russes et le régime syrien de l’autre. Ainsi, le convoi est arrivé dans la région d’Al-Bab [8].

Le 14 Avril, les jeunes du Nord de la Syrie ont manifesté à Manbij sous le slogan “Révolte contre l’Occupation Turque”, contre les menaces turques sur le nord de la Syrie et en soutien avec la résistance du peuple d’Afrin. Un membre d’Harakat Al-Qiyam a été tué par les forces de sécurité de la ville de Manbij lors d’une tentative d’assassinat [9].

L’agression turque sur Afrin permet à l’Organisation de l’Etat Islamique (OEI) de se réorganiser et renouveler ses activités. Les cellules dormantes de l’OEI ont mené des actions dans la région de Tabqa. Mihemed Polat, des Forces de Sécurité internes de Tabqa, a indiqué que ces cellules étaient en contact direct avec l’Etat turc : “Les cellules dormantes de l’OEI mènent de sales actions pour détruire la sécurité de la région depuis la libération de Tabqa. Ces cellules sont directement sous le contrôle de l’Etat turc et ont commencé à bouger avec le début de l’opération d’occupation à Afrin” [10].

A Istanbul en Turquie, 3 journalistes de ETHA – Semiha Şahin, Pınar Gayıp et Adil Demirci – ont été arrêtés par la police dans la nuit du 12 avril, dans le cadre de raids dans leurs domiciles. A la même période, un couvre-feu a été déclaré dans 8 hameaux de 3 villages de la province de Bitlis, dans le cadre des préparations pour une opération militaire de l’armée turque. Ayşe Celik, une enseignante de Diyarbakir, a été condamnée à 1 an et 3 mois de prison pour “soutien au terrorisme”. Elle avait parlé lors du programme télévisé “Beyaz Show » des crimes de l’Etat turc contre les populations kurdes à l’est de la Turquie et avait dit : “ne laissez pas les enfants mourir”. L’état d’urgence en Turquie a été reconduit pour trois mois de plus. C’est la 7ème fois que l’Etat turc reconduit l’Etat d’urgence depuis le 21 Juillet 2016. C’est sous le régime de l’Etat d’urgence qu’auront lieu les élections présidentielles et parlementaires qui, prévues en novembre 2019, ont été avancées par Recep Tayyip Erdoğan au 24 juin de cette année.

Le 14 Avril, Human Rights Watch a indiqué que les forces de sécurité du Gouvernement Régional du Kurdistan (GRK, Irak) avaient arrêté au moins 84 manifestants et 4 journalistes à la fin mars. Nombre de ces arrestations paraissent arbitraires et 12 témoins ont dit que les forces de sécurité avaient frappé de nombreux manifestants en essayant de les arrêter pendant les manifestations d’Akrê, Dohuk et Erbil. Human Rights Watch a été informée d’arrestations dans d’autres villes comme Shiladze, Soran et Zakho. Le 25 mars, les travailleurs employés par le GRK ont commencé des journées de manifestations pour protester contre le non-paiement des salaires.

L’opération de l’armée turque au Kurdistan du Sud (Irak) continue dans la région de Bradost où 3 soldats turcs ont été tués et 5 blessés dans les affrontements.

Solidarité avec Afrin

Le 12 Avril, l’antenne du Kongra Star (Mouvement des Femmes au Rojava) dans le district de Serêkanîyê a organisé une manifestation avec la participation des habitants de la ville de Zarkan et ses villages en soutien à la résistance du peuple d’Afrin.

Le 11 Avril, à Bologne (Italie), une bombe rudimentaire a explosé devant une agence de la banque Unicredit, endommageant une partie de la vitrine. La banque tire une grosse partie de ses bénéfices du commerce avec la Turquie. L’action a été menée en soutien avec la résistance du peuple d’Afrin [11]. Depuis l’Italie, a été annoncé un appel global à la solidarité avec Afrin, qui sera lancé le 25 Avril sous le nom « Si Amo Afrin ».

Les populations kurdes du Liban, organisées au sein de l’Association culturelle et sociale Newroz ont envoyé une somme de $ 36,000 au Croissant Rouge du Kurdistan au Rojava pour aider les déplacés d’Afrin à se fournir en médicaments et nourriture.

Le conseil éxecutif de la jeunesse de gauche, organisation de jeunesse du parti de la gauche suédoise, a lancé une campagne de donations pour les YPJ et YPG pour soutenir la résistance à Afrin : “Nous voulons la liberté pour le peuple kurde, et nous l’exigeons maintenant. La Jeunesse de Gauche envoie un message de solidarité aux camarades des YPG et YPJ. Nous nous tenons à vos côtés dans votre combat contre le dictateur Erdogan. La Turquie doit quitter Afrin”.

Le 13 Avril, à Berlin (Allemagne), la jeunesse antifasciste, les internationalistes et la jeunesse kurde ont manifesté en solidarité avec Afrin et pour la libération d’Abdullah Öcalan [12].

Déclarations et analyses

Le maire de Genève, Rémy Pagani a appelé les citoyens suisses et européens à boycotter le tourisme turc : « Ne devenez pas complices de la guerre en partant en vacances en Turquie. Rappelons-nous que se rendre en Turquie pour une raison quelconque revient à soutenir cet Etat économiquement et signifie, en un sens, soutenir la guerre contre les kurdes ».

Le 12 Avril, Michele M. Siders, chef adjointe de la mission états-unienne de l’OSCE a déclaré : « Les Etats-Unis appellent le gouvernement turc à mettre une fin à l’état d’urgence prolongé, à relâcher ceux qui ont été détenus arbitrairement sous l’état d’urgence et à prendre des mesures concrètes pour la sauvegarde de l’Etat de droit, en cohérence avec les obligations et engagements intérieurs et internationaux de la Turquie » [13].

Réagissant aux frappes du Royaume-Uni, de la France et des Etats-Unis sur la Syrie, l’ambassadeur russe Antonov a publié un communiqué : « Un scénario pré-conçu a été exécuté. Encore, nous sommes menacés. Nous avons prévenu que de telles actions ne seraient pas sans conséquences. Toutes les responsabilités de celles-ci appartiennent à Washington, Londres et Paris » [14].

Le rapport de la commission européenne sur l’état d’avancement de la Turquie dans le cadre du processus d’adhésion à l’Union européenne indique que l’Etat turc s’éloigne de l’Union européenne  « grands pas ». Le rapport préliminaire de la commission estime que la Turquie a significativement reculé « dans les domaines de la justice, des réformes publiques et administratives, des droits fondamentaux et de la liberté d’expression » [15]. Néanmoins, la chancelière allemande Angela Merkel et le président turc Recep Tayyip Erdogan ont discuté lundi de la situation en Syrie et des possibles développements dans la région [16].

Après les frappes du Royaume-Uni, des Etats-Unis et de la France sur les installations du régime syrien, les tensions entre la Russie et les Etats-Unis se sont amplifiées. Même si des manœuvres militaires des deux adversaires ont été constatées dans la mer Méditerranée, aucune escalade n’est prévisible dans un futur proche. Le départ des Etats-Unis de Syrie semble être reporté sine die. Selon les analystes états-uniens, quitter la région favoriserait la stratégie de leurs adversaires : les intérêts russes et iraniens pour le contrôle de toute la Syrie. De plus, les contradictions entre la Turquie et le couple Russie-Iran ne sont pas résolues, puisque la Turquie n’a aucune intention de remettre le contrôle des régions syriennes qu’elle occupe au régime syrien. Le rôle de la Turquie comme membre de l’OTAN et alliée de la Russie et de l’Iran est toujours ambigu, d’autant plus que les Etats-Unis et la Russie cherchent tous deux à s’en assurer le soutien en tant qu’alliée à part entière. A. Wess Mitchell, secrétaire d’Etat adjoint pour les affaires européennes et eurasiennes au Département d’Etat des Etats-Unis a déclaré : “La facilité avec laquelle la Turquie a négocié des arrangements avec l’armée russe pour faciliter le lancement de l’Opération “Rameau d’Olivier” dans la région d’Afrin – arrangements pour lesquels les Etats-Unis n’étaient pas dans le secret – est gravement préoccupante”. Du fait de l’absence d’opération majeure, les cellules de l’OEI et de l’ASL sont activées à Manbij, Tabqa et Raqqa, de manière à déstabiliser ces régions de la Fédération Démocratique du Nord de la Syrie.

Sources et informations complémentaires

[1] https://twitter.com/nre6172/status/985562104940974082

[2] https://twitter.com/nre6172/status/985941437085814784

[3] http://english.ajansfirat.com/anf-news-rojava/station-in-afrin-rajo-turned-into-torture-center/

[4] http://www.syriahr.com/en/?p=89605

[5] http://www.hawarnews.com/en/haber/resistance-of-age-yekit-partys-treason-2-h659.html

[6] http://english.ajansfirat.com/anf-news-rojava/turkish-state-turns-the-border-with-rojava-into-a-line-of-torture/

[7] https://twitter.com/BerxwedanaKurd/status/984768555584573440

[8] https://anfenglishmobile.com/news/turkish-state-is-negotiating-with-militias-over-idlib-and-afrin-26148

[9] http://www.syriahr.com/en/?p=89252

[10] https://twitter.com/CivilWarMap/status/985618818226642945

[11] https://anfenglishmobile.com/rojava/isis-sleeper-cells-were-activated-with-the-attack-on-afrin-26100

[11] https://fight4afrin.noblogs.org/11-04-bombattack-on-unicredit-in-bologna-italy/

[12] https://twitter.com/Yekorumet/status/984894890327924736

[13] https://stockholmcf.org/us-mission-to-osce-calls-on-turkish-govt-to-end-state-of-emergency/

[14] https://twitter.com/RusEmbUSA/status/984980480234868736

[15] https://www.politico.eu/article/recep-tayyip-erdogan-turkey-commission-says-turkey-made-big-steps-away-from-eu-report

[16] https://twitter.com/TheRegionOrg/status/986134878914740224