Selon un nouveau rapport de l’organisation des droits humains d’Afrin, au moins 13 personnes ont été assassinées et 208 enlevées cette année par les forces d’occupation à Afrin, dans le nord de la Syrie.
L’Organisation des Droits humains d’Afrin a tenu une conférence de presse dans le camp Serdem à Shehba, qui abrite les réfugiés déplacés d’Afrin après l’invasion de la région par la Turquie en 2018.
Mihemed Ebdo, porte-parole de l’organisation, a présenté le bilan des violations des droits humains commises dans la région occupée d’Afrin depuis le début de l’année 2023. « L’Etat turc viole les droits humains dans la région en commettant des crimes tels que les massacres, les enlèvements, les violences, le pillage et la destruction de la nature », a-t-il déclaré.
Il a fait état de 208 enlèvements par les forces d’occupation turco-djihadistes depuis le début de l’année. Parmi les personnes enlevées, figurent 24 femmes et un mineur. Ce dernier, âgé de 13 ans, a été victime de violences sexuelles. Treize personnes, dont trois femmes, ont été assassinées par les forces d’occupation, précise encore le rapport. Par ailleurs, plus de 16 000 arbres ont été abattus, plus d’un millier d’autres ont été arrachés et plus de 70 hectares de terres ont été brûlés.
Le rapport dénonce également le pillage et la destruction de sites historiques tels que le temple d’Ishtar d’Ayn Dara, le mausolée de Nebi Huri, la grotte Duderi et la tombe de Mar Maron. Selon le rapport, des objets historiques inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO ont été vendus sur le marché noir.
La politique de colonisation se poursuit
Le rapport se penche également sur la modification de la structure démographique de la région et l’implantation de colonies destinées à abriter des populations pro-turques: « L’État turc, en collaboration avec le Qatar, le Koweït et des organisations palestiniennes, construit des colonies dans les villages et les districts du canton d’Afrin. Les Frères musulmans, en particulier, jouent un rôle central dans ce processus. Ils servent de vecteur à l’impérialisme turc dans tout le bassin méditerranéen et au-delà. Les organisations des Frères musulmans al-Ayadi al Bayda, Kuwait al-Rahma (Koweït) et Binyan al-Qatari (Qatar), entre autres, sont également actives à Afrin. »
« Génocide culturel »
« Le plus dangereux des crimes et des violations des droits est la transformation de la démographie de la région. Celle-ci a désormais atteint le niveau d’un génocide culturel », a déclaré Ebdo. Et d’ajouter : « L’envahisseur turc a rebaptisé la place « Azadî », l’une des plus importantes du centre d’Afrin, en place « Atatürk »; il a changé le nom du village de « Qestela Miqdad » en « Selçuk Obası ». Les noms kurdes des lieux importants ont été remplacés par des noms turcs. Des drapeaux turcs et des portraits d’Erdoğan ont été placés partout dans les villages et les villes. Des drapeaux turcs ont été cousus sur les vêtements des élèves. Les enseignes des magasins sont en turc. En plus de toutes ces pratiques racistes, l’occupant turc a détruit des sites religieux et des sanctuaires yézidis, alaouites et chrétiens. Les personnes vivant dans les territoires occupés ont été contraintes de demander des cartes d’identité turques. »
Ebdo a également fait état d’attaques permanentes contre des camps de réfugiés et des villages dans la région autogérée de Shehba, ajoutant : « Toutes ces attaques et ces crimes de guerre se déroulent sous les yeux du monde, mais le monde y est sourd, aveugle et muet. L’objectif de l’État turc est de forcer les habitants des villages et des camps à quitter la région et d’anéantir leur espoir de retourner sur leurs terres à Afrin. »
Appel à l’ONU
En conclusion, Ebdo a appelé toutes les organisations internationales, en particulier les Nations unies (ONU), à « assumer leurs responsabilités humanitaires, morales et politiques », leur demandant de faire « pression sur la Turquie pour qu’elle se retire de toutes les zones occupées du nord de la Syrie, en particulier Afrin », de poursuivre « les criminels de guerre devant les tribunaux internationaux » et d’assurer « le retour des déplacés en toute sécurité ».
Occupée par la Turquie depuis mars 2018, la région d’Afrin est soumise depuis à un régime de terreur exercé par les groupes de mercenaires djihadistes soutenus par la Turquie et les services de renseignement turcs (MIT). La majorité de la population d’origine a fui la région. Selon les statistiques, la part de la population kurde est passée de 90 à 20 pour cent environ. Des centaines de milliers de déplacés d’Afrin se trouvent dans des camps auto-gérés, en périphérie des zones occupées.