A Hasankeyf, dans la province kurde de Batman, le barrage d’Ilisu continue à faire des ravages. Ce lundi, tandis que des bulldozers s’activaient à détruire le site antique qui sera bientôt englouti sous les eaux du barrage, des drapeaux turcs étaient suspendus à plusieurs endroits.
Dès le mois de février, les commerçants de l’ancien bazar de Hasankeyf, collé au site antique, se sont vu notifier par la Direction publique des Travaux hydrauliques (DSI) l’ordre d’évacuer la zone et de déménager leurs boutiques dans la nouvelle ville construite de l’autre côté du fleuve. Face à leur résistance, les forces de l’ordre sont récemment intervenues, faisant usage de la violence pour les déloger.
Depuis plusieurs jours, les autorités turques s’emploient à détruire, avec des bulldozers, le bazar et le site antique qui représente 12.000 ans d’histoire. L’exhibition ce lundi 11 octobre de drapeaux turcs à plusieurs endroits du site a suscité des réactions d’indignation sur les réseaux sociaux.
Ainsi, la Coordination pour Hasankeyf, un collectif voué à la défense du site antique, s’interroge sur son compte twitter : « Dans quel but et pourquoi le drapeau turc est-il exhibé alors que l’histoire de Hasankeyf est en train d’être anéantie. Cette histoire de 12.000 ans est l’histoire de toute l’humanité. Pour cette histoire et cette nature, la question de l’identité, de la race et de la région de se pose pas. »
Ailleurs sur twitter, on peut lire ceci :« Pourquoi ce drapeau ? Hasankeyf se trouve-t-elle donc sur les terres d’un autre pays ? Est-ce l’expression de la destruction et de la conquête ? Est-ce annoncer, en brandissant le drapeau, la destruction de la civilisation? »
« C’est ici Hasankeyf, ils l’ont détruite avec une grande fierté et ont couronné leur fierté avec un drapeau », écrit un autre internaute sur twitter.
Le photo-journaliste kurde Rusen Takva questionne à son tour la présence de ce drapeau : « Est-ce pour fêter la disparition prochaine de Hasankeyf sous les eaux? »
Le journal turc de gauche « Gazete Yolculuk » y a va également de son commentaire : « Le fascisme utilise le drapeau pour couvrir ses crimes. »