Au deuxième jour de son procès Selahattin Demirtas a poursuivi sa défense , insistant sur le fait que l’opération du 4 novembre 2016 avait le résultat d’une volonté politique : » les intermédiaires deviennent les premiers bouc émissaires dans un processus de solution »
La seconde audience du procès du Parti démocratique des peuples (HDP)
Coprésident dans la période précédente, le procès de Selahattin Demirtas continue. Plus de 50 avocats assistent à l’audience, tandis que le coprésident du HDP, Sezai Temelli suit le procès. L’audience se déroule dans une salle de la prison de Sincan et Demirtas a critiqué la limitation des observateurs et de la presse, affirmant que c’était une façon de cacher les débats au public.
« Je voudrais que l’audience soit retransmise en direct »
Demirtas a déclaré : » cette affaire a été préparée par le biais des médias. S’ils font tant confiance aux médias, j’aimerais que cette audience soit diffusée en direct. Quand on m’accuse, tout est extrêmement public, et quand on arrive à l’audience, on prend un luxe de précautions. On essaye de priver le public de ce procès, le gouvernement essaye de cacher l’audience aux yeux des gens.
« 500 000 personnes regarderaient si c’était possible »
Alors que Demirtas continuait sa critique de l’audience, le président du tribunal est intervenu : » Quiconque veut regarder peut le faire,» ce à quoi Demirtas a répondu : « tout le monde ne peut pas être là physiquement. Et même s’ils le pouvaient, il n’y a que 50 places réservées au public. »
De quel pouvoir judiciaire se méfient-ils ?
Demirtas a déclaré : « Le président de ce pays n’a pas envoyé son fils à une déposition entre le 17 et le 25 décembre. Erdogan et Gül ont tous deux dit à différentes occasions qu’ils avaient eux-mêmes empêché Hakan Fidan d’aller déposer. De quel pouvoir judiciaire se méfient-ils ? Celui devant lequel ils nous envoient. Il dit que je suis un terroriste. Pour quelqu’un qui a été emprisonné pour avoir insulté Atatürk, il a dit que que l’affaire devait être portée devant la justice, qu’il n’avait pas à juger lui même. Quand on l’a interrogé sur Kavurmaci, il dit que c’était à la justice de trancher, qu’il ne pouvait pas se prononcer. »
Seule une volonté politique peut coordonner cela
Demirtas a aussi parlé du processus après leur emprisonnement. Sur les perquisitions simultanées aux domiciles de plusieurs membres du Parlement le 4 novembre 2016 sur ordre de 6 procureurs, il a affirmé ; « c’est quelque chose que seule une volonté politique peut coordonner. »
« D’abord la décision a été Kandira, puis Edirne »
Demirtas a parlé de leur emprisonnement et déclaré que le jour de leur arrestation, un avion attendait à l’aéroport de Diyarbakır pour les emmener en prison.
Il dit que des places avaient été réservées pour eux dans les prisons de Silivri et Kandira, qu’en ce qui le concernait le document portait la mention de la prison de Kandira, ce qui a été plus tard barré et changé pour Edirne.
« Nous avons été les bouc-émissaires du processus de solution »
Demirtas a indiqué qu’ils avaient fait beaucoup pour la résolution du conflit et a continué « un jour, si le processus aboutit, quelqu’un aura une médaille. Mais s’il échoue, nous devrons en répondre »
Les intermédiaires sont les premiers bouc-émissaires de la résolution d’un conflit
C’est un des aspects de cette affaire. La perception que « le HDP et Demirtas sont responsables de l’échec du processus a été créée et on a beaucoup écrit à ce sujet. »
« La justice était très pressée »
Demirtas a insisté sur le fait qu’ils avaient été emmenés dans la prison la plus éloignée possible du lieu de jugement et dit : « la justice était si pressée qu’ils ont perquisitionné nos domiciles au milieu de la nuit et nous ont arrêtés, ils auraient pu le faire au Parlement la veille. Ils étaient si pressés qu’ils ont envahi nos domiciles. Ils nous ont mis en garde à vue une journée et ils ont voulu prendre nos dépositions tout de suite. Ils voulaient nous faire passer devant un tribunal le plus vite possible. Mais la justice reste silencieuse quand on nous emmène dans une prison à 1150 kilomètres. Dans la prison d’Edirne, sans qu’on nous donne de justification, tous nos entretiens étaient enregistrés »
L’affaire
C’est la première fois que Demirtas est présent au tribunal pendant l’audience traitant de l’affaire pour laquelle il est en détention préventive. Demirtas est accusé de « direction et financement d’une organisation terroriste », «de « propagande terroriste » et « d’apologie de crimes et de criminels », il risque un total de 142 ans de prison. L’affaire a été transférée de Diyarbakır à la Haute cour criminelle d’Ankara, pour des raisons de sécurité. Demirtas a été mis en examen dans 33 affaires l’année dernière, et l’affaire entendue aujourd’hui est une combinaison des 31 dossiers envoyés au Parlement pour lever son immunité.