Des représentants de syndicats et de partis politiques de divers pays se sont réunis devant le Parlement européen pour demander à avoir des informations concernant la situation d'Abdullah Öcalan.
Conférence de presse à Bruxelles le 26 juillet 2023

Des représentants de syndicats et de partis politiques de divers pays se sont réunis devant le Parlement européen pour demander à avoir des informations concernant la situation d’Abdullah Öcalan.

Lors d’une conférence de presse tenue mercredi, plus de 40 syndicats, partis et experts ont exprimé leur vive préoccupation quant à la sécurité et au bien-être du dirigeant kurde Abdullah Öcalan. La réponse jugée totalement inadéquate des gouvernements européens, des organisations de défense des droits de l’homme de l’Union européenne (UE) et du Conseil de l’Europe a été mise en lumière, accusant leur inaction de les rendre complices de violations flagrantes des droits de l’homme fondamentaux.

Le Comité pour la prévention de la torture (CPT), l’institution du Conseil de l’Europe chargée de surveiller les conditions d’incarcération d’Öcalan, a également été pointé du doigt. Les participants à la conférence de presse ont déploré le manque d’informations publiques fournies par le CPT sur la situation. La famille d’Öcalan, ses avocats et la communauté kurde exigent des mesures immédiates pour remédier à cette situation épouvantable.

Dans un communiqué de presse émanant de la campagne internationale, il est rappelé qu’en février 1999, le leader politique kurde Abdullah Öcalan avait été enlevé au Kenya par les forces de sécurité turques, alors qu’il bénéficiait de l’asile politique accordé par le président Nelson Mandela en Afrique du Sud.

La détention d’Öcalan est marquée par un isolement total, une violation tant du droit national qu’international. Durant des mois, voire des années, il est privé de tout contact avec ses proches et son équipe juridique, à l’exception d’une période entre 2013 et 2015, pendant laquelle l’État turc avait engagé des négociations avec le mouvement politique kurde dans le but de résoudre le conflit kurde de longue date en Turquie.

En ce moment, 28 mois se sont écoulés depuis le dernier contact de M. Öcalan avec le monde extérieur, suite à un bref appel téléphonique en mars 2021. Les visites de ses proches remontent à mars 2020, et celles de ses avocats à août 2019. Sa dernière rencontre en personne avec un autre détenu d’Imrali date de mars 2020.

Des faits extrêmement préoccupants ont été signalés le 8 juillet 2023. Abdullah Öcalan aurait reçu des lettres anonymes menaçantes par l’intermédiaire de l’administration pénitentiaire d’Imrali, contenant des menaces de mort. Ces allégations soulèvent de graves inquiétudes quant à sa sécurité et son bien-être.

Par ailleurs, le 18 juillet 2023, de nouvelles informations font état d’une « sanction disciplinaire » imposée à Abdullah Öcalan et à d’autres détenus d’Imrali. Ces « sanctions disciplinaires », dépourvues de base juridique turque ou européenne, seraient des mesures politisées visant à prolonger l’isolement. Un exemple cité est celui d’une sanction infligée à M. Öcalan pour avoir prétendument parlé trop fort avec d’autres détenus.

Face à ces faits, la campagne internationale soulève la question de la possible violation par le gouvernement turc de plusieurs cadres juridiques internationaux clés. Les « Règles Mandela » des Nations Unies énoncent clairement les critères relatifs à la torture et aux traitements cruels, inhumains ou dégradants. La campagne exprime une extrême inquiétude concernant le non-respect de ces règles.

La position du Conseil de l’Europe et du Comité pour la prévention de la torture (CPT) suscite également des interrogations. Le CPT a publié plus de 30 rapports sur les conditions de détention à Imrali, critiquant régulièrement le non-respect des normes juridiques internationales contraignantes par la Turquie et appelant les autorités à améliorer les conditions de détention. Les recommandations du CPT sont soutenues et un appel est lancé pour leur mise en œuvre immédiate.

Cependant, la campagne appelle également le CPT à aller plus loin pour remplir sa mission. Suite à la visite de la délégation du CPT à la prison d’Imrali en septembre 2022, des doutes sur la fiabilité des informations contenues dans le rapport du CPT ont été exprimés. Le CPT avait affirmé avoir rencontré Abdullah Öcalan, tandis que le ministre turc de la Justice avait déclaré qu’Öcalan avait refusé la visite. Une demande a été adressée au CPT pour fournir des informations concrètes sur la nature spécifique et les détails de cette visite

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