Dans un communiqué de presse, le porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) a dénoncé les attaques menées contre la population civile par les forces alliées de la Turquie, les qualifiant de possibles violations graves du droit international humanitaire et de crimes de guerre. Il a appelé en conséquence les États qui soutiennent les parties au conflit à respecter et faire respecter le droit international humanitaire.
Rupert Colville, porte-parole du HCDH s’est dit, dans un communiqué publié le 6 décembre, préoccupé par l’évolution inquiétante de la situation et son impact direct sur les civils malgré le fragile cessez-le-feu dans le nord-est du pays.
Mentionnant l’utilisation aveugle d’engins explosifs improvisés (EEI) dans les quartiers résidentiels et les marchés locaux, M. Colville a souligné que ces attaques avaient été menées principalement dans des zones sous contrôle des forces turques et des groupes armés affiliés.
Il a indiqué également que l’instance onusienne avait observé une nouvelle recrudescence des opérations militaires après une relative accalmie des hostilités en octobre, dans la zone dite de « désescalade », à Idlib et dans certaines parties d’Alep.
« Nous sommes gravement préoccupés par l’utilisation accrue des engins explosifs improvisés dans les zones peuplées. Une telle utilisation peut constituer une attaque aveugle, une violation grave du droit international humanitaire et un crime de guerre. Depuis l’accord de cessez-le-feu du 22 octobre, nous avons enregistré une augmentation du nombre d’attaques à l’aide d’engins explosifs improvisés, y compris des engins explosifs improvisés placés à bord de véhicules (EEIV) dans les zones peuplées, y compris les quartiers résidentiels et dans au moins 12 marchés et zones commerciales animés à Hassakê, Raqqa et Alep ».
Selon le responsable onusien, entre le 22 octobre et le 3 décembre, il y a eu au moins 49 attaques avec divers types d’engins explosifs improvisés, dont 43 dans des zones sous le contrôle des forces turques et des groupes armés affiliés. « À la suite de ces attaques, nous avons enregistré au moins 78 morts civiles (dont 53 hommes, 7 femmes et 18 enfants) et 307 blessés. Soixante-douze des morts et 258 des cas de blessure sont survenus dans des zones sous le contrôle des forces turques et des groupes armés affiliés », a ajouté M. Colville.
Le communiqué de presse publié sur le site du HCDH indique encore ce qui suit : « Le 26 novembre, au moins 12 civils, dont huit hommes, deux femmes et deux garçons, ont été tués à la suite de ce qui aurait été un EEIV qui aurait explosé dans un quartier résidentiel de la ville de Tel Halaf, dans la zone rurale de Ras al-Aïn, à Hassakê. Le même jour, six civils, dont quatre hommes et deux garçons, ont été tués lorsqu’un EEIV a explosé près d’une station-service, dans le quartier al-Sina’a de la ville de Tall Abyad, dans le nord de Raqqa.
Malgré le cessez-le-feu, des combats intermittents continuent d’être signalés dans le nord-est de la Syrie. Rien que le 2 décembre, 10 civils, dont 8 garçons, ont été tués et 12 civils, dont 2 femmes et 7 garçons, blessés à la suite de ce qui aurait été des frappes terrestres menées par des groupes armés turcs affiliés qui ont frappé près d’une école dans un quartier résidentiel de la ville de Tall Rifaat, au nord d’Alep. Toutes les victimes étaient des civils déplacés du district d’Afrin, dans le nord-ouest d’Alep, et les enfants tués et blessés étaient âgés de 3 à 15 ans. »
M. Colville a souligné que toutes les parties au conflit devaient immédiatement cesser les attaques indiscriminées contre des civils et des biens de caractère civil, et enquêter sur tous ces incidents.
Le porte-parole a ajouté : « Les États qui soutiennent les parties au conflit, même lorsqu’ils ne participent pas directement aux hostilités, sont tenus de respecter et de faire respecter le droit international humanitaire, en toutes circonstances. Nous exhortons les États à prendre toutes les mesures possibles pour mettre fin à toute violation par leurs alliés. Nous rappelons à toutes les parties au conflit qu’elles ont la responsabilité de protéger les civils et de s’acquitter des obligations que leur impose le droit international. »
Déjà le 15 octobre dernier, le HCDH avait pointé la responsabilité de la Turquie dans de « possibles crimes de guerre » commis au nord de la Syrie par des milices djihadistes pro-turques, faisant en particulier référence à l’assassinat par des mercenaires d’Ahrar al-Sharqiya de la responsable politique kurde Hevrîn Khalaf.