Le 4 janvier 2016, les femmes politiques kurdes Sêvê Demir, Pakize Nayır et Fatma Uyar étaient exécutées par les forces spéciales turques dans la province de Sirnak dont plusieurs districts étaient alors assiégés par l’armée turque.
Le 4 janvier 2016, pendant le couvre-feu dans le district de Silopi à Sirnak, trois femmes politiques kurdes ont été assassinées. Sêvê Demir du DBP (Parti des démocratique des Régions), Fatma Uyar du KJK (Congrès des femmes libres) et Pakize Nayir (présidente de l’Assemblée du peuple de Silopi) ont été exécutées de sang-froid. Les trois femmes avaient prévu de passer du quartier “Karsiyaka” au quartier “Yesilyurt” afin d’aider la population civile. Un char turc les a ciblées. L’armée n’autorisant pas l’entrée des ambulances dans le district, elles ont succombé à leurs blessures après des heures d’agonie.
Situation juridique actuelle
Ces dernières années, l’enquête sur l’assassinat des trois femmes a été classée secrète. De sorte que les avocats se sont vu interdire tout accès au dossier qui comporterait des photographies et des enregistrements.
Pakize Nayir
Pakize Nayir est née le 13 avril 1989 dans le district de Silopi, à Sirnak. Elle a passé son enfance et toute sa vie à Silopi. Pakize a pris en charge la responsabilité matérielle et morale au foyer parental dès son plus jeune âge. Elle a commencé à travailler dans l’industrie textile à l’âge de 12 ans. D’une part, Pakize s’est occupée de sa famille et, d’autre part, elle ne pouvait ignorer la résistance du peuple kurde. Très jeune, elle s’est engagée dans le mouvement de libération kurde, en particulier au sein des organisations de femmes.
Sêvê Demir
Sêvê Demir est née en 1974 dans un village du district de Savur, à Mardin. Elle a dû émigrer à Manisa, en Turquie, dans les années 90 en raison de l’intensification de la répression de l’État. Elle y a travaillé pendant plusieurs années comme ouvrière agricole. Plus tard, Sêvê a décidé de quitter Manisa, car elle ne pouvait pas supporter la discrimination raciste contre les Kurdes. Dans son travail politique, elle a d’abord été activement impliquée dans les organisations de femmes au sein desquelles elle a milité à Ankara, puis à Diyarbakir, Konya et Mardin. Elle a également participé à la fondation de Tevgera Jinên Azad û Demokratik (mouvement des femmes libres et démocratiques) en 2005.
Arrêtée à Nusaybin en 2009, elle a été emprisonnée durant plusieurs années à Diyarbakir. Au cours de sa détention, elle a participé à un mouvement de grève de la faim des prisonniers politiques destiné à dénoncer l’isolement carcéral du leader kurde Abdullah Öcalan sur l’île d’Imrali. Après sa libération, elle a joué un rôle actif dans les activités politiques en tant que membre du DBP en 2014. Lorsque plusieurs villes du Kurdistan ont proclamé la gouvernance autonome en 2015, elle a participé aux activités du parti dans le district de Silopi à Sirnak.
Fatma Uyar
Fatma Uyar est née le 28 août 1988 dans le village de Duhok, à la périphérie de Gabar, en tant que deuxième enfant d’une famille de 7 enfants. Après la naissance de Fatma, sa famille s’est installée dans le centre de Sirnak, où ils vivent encore aujourd’hui. Dans les années 2000, Fatma a appris à connaître le mouvement de résistance politique et l’a rejoint. Elle a d’abord travaillé en tant que membre active du mouvement des jeunes. En 2009, Fatma a été arrêtée et condamnée à 5 ans de prison. Un an après son arrestation, son père Resit Uyar a également été arrêté et envoyé en prison. Fatma et son père Resit étaient dans la même prison à Mardin, jusqu’à ce que Fatma soit transférée à la prison de Siirt après un an et demi. Après sa libération, elle a repris activités politiques, s’engageant notamment au sein du KJA.