Selahattin Demirtaş dénonce l’absence de système judiciaire en Turquie
Selahattin Demirtaş, ancien Coprésident du Parti démocratique des peuples (HDP).

Le procès de l’ancien Coprésident du HDP, Selahattin Demirtaş, a repris à Ankara. L’homme politique kurde a accusé le président turc Recep Tayyip Erdogan de détruire l’ordre constitutionnel.

Le procès du politicien kurde Selahattin Demirtaş s’est poursuivi, mardi 7 janvier, devant la 19ème chambre de la Cour d’assise, à Ankara. L’ancien Coprésident du Parti démocratique des Peuples (HDP) a assisté à l’audience via un système de vidéoconférence depuis la prison de type F d’Edirne où il est incarcéré.

Le procès a été observé par de nombreux représentants du HDP et d’autres partis d’opposition, tandis qu’une délégation d’observateurs de l’ONG Avocats sans Frontières, emmenée par l’avocat suédois Per Stadig, s’est vu refuser l’entrée du pays pour « absence d’accréditation ».

Se plaignant que les les documents introduits dans le procès n’aient pas été portés à la connaissance des avocats de la défense, M. Demirtas a dénoncé l’absence de procès équitable et déclaré qu’il n’y avait plus de système judiciaire digne de ce nom en Turquie :

“Le système établi à travers des procès comme celui-ci est similaire à celui de l’Allemagne d’Hitler. Il y avait autrefois un système judiciaire qui fonctionnait plus ou moins bien, mais aujourd’hui, il n’existe plus. De même, il y avait une bureaucratie qui fonctionnait plus ou moins bien, qui n’existe plus aujourd’hui. Tout est lié à un seul homme. Un seul homme ne peut pas diriger un parti ou un État. Cela n’a rien à voir avec l’intelligence ou la capacité intellectuelle.

C’est le système que Erdoğan veut établir : un système de chaos dans lequel plus rien n’est possible, où personne ne peut exiger de comptes. Cela signifie la destruction de l’ordre constitutionnel. Cela signifie une opération pour prendre le contrôle de l’Etat. Et cette opération a été lancée avec la vague d’arrestations contre le HDP. Une première phase a consisté à lever l’immunité parlementaire, une autre s’est traduite par nos arrestations. Les autres arrestations de militants de l’opposition, de défenseurs des droits humains et de journalistes poursuivent également cet objectif, tout comme l’interdiction des médias d’opposition suite à la tentative de coup d’Etat”.

Le procès devrait reprendre mercredi, à 10 heures.

Le procès de Demirtaş

L’homme politique et défenseurs des droits humains, Selahattin Demirtaş a été arrêté le 4 novembre 2016 en même temps que de nombreux autres membres de son parti, et emprisonné par la suite. Depuis lors, il est détenu dans la prison de haute sécurité d’Edirne.

Inculpé pour « terrorisme », le politicien kurde risque 142 ans d’emprisonnement. Il est accusé, entre autres, d’avoir fondé et dirigé une organisation terroriste. L’accusation est basée sur 31 rapports d’enquête soumis au parlement turc pendant l’exercice de son mandat de Député et ayant conduit à la levée de son immunité parlementaire.

Le 2 septembre 2019, le tribunal a, contre toute attente, révoqué le mandat d’arrêt dont Demirtas faisait l’objet dans le cadre de cette affaire. Mais, ayant préalablement été condamné à plus de quatre ans de prison dans un autre procès, il n’a pas été libéré.

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