À Istanbul, les autorités ont déployé lundi un important dispositif policier pour tenter d’empêcher une manifestation organisée à l'occasion de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes.
Le slogan kurde Jin Jiyan Azadî (Femme Vie Liberté) a retenti lundi dans les rues d'Istanbul, en réaction à son interdiction par le gouverneur de Diyarbakir

À Istanbul, les autorités ont déployé lundi un important dispositif policier pour tenter d’empêcher une manifestation organisée à l’occasion de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes. Malgré l’interdiction de la manifestation, des milliers de personnes sont descendues dans la rue.

Lundi soir, à Istanbul, des policiers déployés en masse ont tenté de perturber une manifestation organisée à l’occasion de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes. Malgré l’interdiction de la manifestation et les rues barricadées, des milliers de femmes et de personnes LGBTIQ se sont rassemblées dans la métropole de l’ouest de la Turquie pour revendiquer leurs droits et protester contre la violence patriarcale et étatique. Selon l’ordre des avocats d’Istanbul, environ 150 arrestations ont eu lieu en marge de la manifestation, motivées entre autres par l’emploi de slogans interdits et l’infraction à la loi sur les rassemblements.

Le gouverneur d’Istanbul avait interdit toutes les manifestations en faveur des droits des femmes dans le centre-ville pour lundi et mardi, justifiant cette décision par la « protection de l’ordre public et la prévention des délits ». Plusieurs heures avant le début de la manifestation, la police avait déjà bouclé le quartier central de Taksim où devait commencer la marche. Les accès aux rues adjacentes étaient barrés par des véhicules blindés et des canons à eau. Les femmes se sont cependant rassemblées dans le quartier portuaire de Karaköy, situé à proximité.

« Jin Jiyan Azadî » ne se laisse pas interdire

Le slogan “Jin Jiyan Azadî” (Femme, Vie, Liberté) a retenti dans le quartier de Karaköy lorsque des milliers de manifestantes ont atteint la jetée en marchant derrière des banderoles. Sur l’une des banderoles en tête de cortège, on pouvait lire: « Police, dégagez. Les rues nous appartiennent ». Parmi les participantes se trouvaient de nombreuses personnalités politiques, dont les députées DEM (Parti de la démocratie et de l’égalité des peuples) Meral Danış Beştaş et Çiçek Otlu, ainsi que la coprésidente du parti Tülay Hatimoğulları. Cette dernière a prononcé un bref discours, évoquant l’interdiction du slogan « Jin Jiyan Azadî » par le gouverneur de la province kurde de Diyarbakir (Amed). « Il est absurde de croire qu’on peut réduire les femmes au silence en interdisant les slogans », a-t-elle dit. « Jin Jiyan Azadî est une formule magique, c’est l’expression de la pratique révolutionnaire du mouvement des femmes kurdes, qui s’est depuis longtemps répandue dans le monde et qui montre une fois de plus le rôle des femmes dans les processus de changement social. Je conseille au gouvernement et à ses fonctionnaires de renoncer à leur mentalité d’interdiction. Nous, les femmes, n’abandonnerons pas la résistance pour l’autodétermination et la liberté. »

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