Dans une déclaration en prévision de la visite imminente du président turc Tayyip Erdoğan à Bagdad et à Erbil, le Comité des Relations Extérieures de l’Union des Communautés du Kurdistan (KCK) a exprimé ses inquiétudes quant aux véritables intentions de la Turquie.
Selon la KCK, la Turquie cherche à obtenir une légitimité pour ses 87 bases militaires, ainsi que pour son occupation du territoire irakien, tout en justifiant de nouvelles attaques planifiées.
Prévue pour aujourd’hui, la visite officielle d’Erdoğan, présentée comme une démarche visant à renforcer les relations commerciales et économiques entre les deux pays, masquerait en réalité des ambitions plus sinistres. Le gouvernement turc, enfreignant la souveraineté de l’Irak, utiliserait le territoire et l’espace aérien irakiens à sa guise, menant des bombardements quotidiens qui font de nombreuses victimes civiles. Ces attaques seraient menées avec le soutien politique, militaire et logistique ouvert du Parti Démocratique du Kurdistan (PDK), une collaboration que de nombreux Kurdes et membres de la société irakienne rejettent.
La KCK accuse également la Turquie de semer l’instabilité dans les régions qu’elle pénètre, en exacerbant les conflits ethniques, identitaires et religieux. L’invasion de Chypre, le chaos orchestré à Kirkouk, la présence militaire en Libye, et le soutien continu à l’expansion de l’État islamique (EI) en Irak et en Syrie sont présentés comme des preuves flagrantes de cette politique déstabilisatrice.
Face à une récente défaite électorale et à une crise économique profonde, Erdoğan serait, selon la KCK, en quête de légitimité pour maintenir son influence et celle de son parti, l’AKP. La KCK met en garde le gouvernement de Bagdad contre des engagements à long terme avec un gouvernement en perte de vitesse.
Le communiqué souligne en outre la nécessité pour la société irakienne, les partis politiques, les organisations de la société civile et les médias de prendre position contre l’occupation turque et les plans d’attaques futures, notamment sous couvert de projets de développement ou d’accords sur l’eau et la sécurité.
La KCK appelle le PDK à rompre immédiatement ses relations avec le gouvernement Erdoğan, et à ne pas coopérer avec la Turquie sur des questions préjudiciables au peuple kurde et à la société irakienne. Enfin, il est rappelé que lors de la dernière grande offensive de l’État islamique en 2014, les guérilleros kurdes ont combattu aux côtés du peuple irakien pour défendre des territoires tels que Mossoul, Kirkouk, Erbil, Sinjar et Maxmur, offrant de nombreux martyrs, pendant que la Turquie soutenait les rangs de l’État islamique plutôt que ceux des Irakiens.