Réunie samedi à Bruxelles, la commission diplomatique du KNK a appelé à l’unité contre les « attaques d’invasion » turques et annoncé une série d’événements pour marquer le centenaire du Traité de Lausanne.
De nombreuses organisations de toutes les parties du Kurdistan ont participé à la réunion de la commission diplomatique du Congrès national du Kurdistan (KNK) qui s’est tenue samedi à Bruxelles. Au cours de la réunion, cette structure qui rassemble 32 partis et institutions du Kurdistan a fermement condamné les attaques turques contre le Sud-Kurdistan (nord de l’Irak) et le Rojava, et souligné à nouveau l’importance d’adopter une position commune contre ces agressions.
Le plan d’invasion turc se poursuit
« Cette réunion est d’une grande importance. Il y a ici des représentants de nombreux partis et institutions des quatre parties du Kurdistan. Les plans des États colonialistes, mis en oeuvre pour détruire le Kurdistan, particulièrement au cours des dix dernières années, se poursuivent aujourd’hui. Le devoir du patriotisme est de s’y opposer », a déclaré le représentant du l’Union patriotique du Kurdistan (UPK), Darsim Zand.
« La cible de la Turquie n’est pas seulement le PKK mais tous les acquis kurdes »
Hikmet Serbilind, président du Parti islamique du Kurdistan, a évoqué les développements importants ayant lieu au Moyen-Orient et souligné la menace représentée par les « ennemis des Kurdes » : « Les ennemis font de gros efforts pour détruire les acquis kurdes. Cependant, les Kurdes sont aujourd’hui une grande force et des acteurs prépondérants. Il leur manque cependant une chose : ils ne sont pas unis. Si les Kurdes parviennent à résoudre leurs problèmes internes et adopter une stratégie commune, les choses seront différentes. Aujourd’hui, il est indispensable pour les Kurdes de s’unir et d’agir ensemble. »
Évoquant les attaques turques au Sud-Kurdistan, M. Serbilind a poursuivi : « La Turquie dit qu’elle attaque pour éliminer la présence du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan), que c’est là son objectif. Mais, si nous regardons l’histoire, nous verrons que Sheikh Said n’était pas le PKK, Dersim n’était pas le PKK; les Kurdes ont toujours été visés là où ils ont gagné. La Turquie a commis un génocide. La cible de l’ennemi, ce sont les Kurdes et leurs acquis. »
« Nous devons mener une action commune contre l’ennemi »
S’exprimant au nom du Parti de l’Union démocratique kurde, Habib İbrahim a souligné que les Kurdes devaient être unis : « Aujourd’hui, l’ennemi veut détruire le peuple kurde dans son ensemble. Tout d’abord, nous devons arrêter les échanges violents via la télévision et la presse. Notre ennemi nous attaque tous les jours, au Rojava, à Shengal et au Bashûr (Sud-Kurdistan). Mais au lieu de prendre position contre lui, nous nous disputons entre nous. Si nous continuons ainsi, nous allons perdre. »
La Turquie étend sa zone d’attaque
La représentante du KNK, Nilüfer Koç, a souligné que l’État turc avait étendu sa zone d’attaque : « Aujourd’hui, ces attaques s’étendent au-delà des zones tenues par le PKK. Les attaques, qui étaient auparavant limitées à la région de Behdinan, se sont maintenant déplacées vers la région gouvernée par l’UPK. Les attaques contre les civils sont en augmentation. Les récentes attaques à Çemçemal et Kelar montrent que l’État turc va encore élargir le champ de ses attaques. En tant que mouvements kurdes, nous devons nous rassembler et prendre une décision. L’Iran ne gardera pas le silence ici. Cela signifie que le Sud-Kurdistan est devenu un champ de bataille. Erdogan ne cesse de dire qu’il veut annexer le Sud-Kurdistan et le Rojava à la Turquie d’ici 2023. »
Prenant la parole au nom du Parti de la Justice du Kurdistan, Ehmed Kurda a déclaré : « Il y a une grande attaque contre les Kurdes. La Turquie bombarde chaque jour le territoire du Kurdistan. Si nous, Kurdes, continuons à regarder sans rien faire, nous serons coupables devant l’histoire. C’est pourquoi nous devons nous unir et nous y opposer d’une seule voix. »
Ankara veut jouer un nouveau rôle à l’occasion du centenaire du traité de Lausanne
Zübeyir Aydar, membre du conseil exécutif du KNK, a clôturé la réunion en déclarant que les Kurdes n’avaient d’autre choix que de s’unir contre les attaques de l’État turc. Il a ajouté qu’à l’occasion du 100e anniversaire du Traité de Lausanne, la Turquie ambitionnait de redessiner les frontières dans la région. Et d’appeler les Kurdes à s’unir contre ces plans afin que ce qui s’est passé il y a 100 ans ne se répète pas.
Pour finir, M. Aydar a annoncé que le KNK organiserait prochainement une série d’événements en Suisse pour marquer le 99e anniversaire du Traité de Lausanne, et que d’autres événements étaient en cours de préparation en vue du centenaire du traité en 2023.