C'est régulièrement que nous alertons l'opinion sur la répression qui s'abat sur le Parti démocratique des peuples (HDP), le parti pro kurde mais pas seulement : troisième formation politique du Parlement, elle regroupe les forces démocratiques kurdes et turques. C'est la seule qui s'oppose résolument à la politique islamo-nationaliste du dictateur président Erdoğan.

C’est régulièrement que nous alertons l’opinion sur la répression qui s’abat sur le Parti démocratique des peuples (HDP), le parti pro kurde mais pas seulement : troisième formation politique du Parlement, elle regroupe les forces démocratiques kurdes et turques. C’est la seule qui s’oppose résolument à la politique islamo-nationaliste du dictateur président Erdoğan. Défenseur des minorités opprimées, le HDP fait face à une campagne de haine sans précèdent. Alors que six à sept millions de personnes votent en sa faveur à chaque élection, ses députés, ses maires, ses militants sont régulièrement arrêtés, jugés et emprisonnés. Son chef de file, Selahattin Demirtas, est détenu depuis 2016 en dépit des demandes de libération adressées à Ankara par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), qui juge sa détention illégale. 

Le 17 juin dernier la permanence du HDP à Izmir était attaquée par un commando de trois individus tuant Deniz Poyraz, une jeune militante bénévole qui assurait la permanence.

Le 21 juin, la Cour constitutionnelle acceptait à l’unanimité la demande du procureur général de la Cour de cassation d’ouvrir un procès pour examiner la dissolution du HDP avec interdiction d’exercer une activité politique pour 500 élus et de cadres du HDP (contre 687 à l’origine) tout en s’opposant provisoirement au gel des comptes bancaires du parti. La Cour constitutionnelle avait la possibilité de rejeter l’acte d’accusation. Il y avait suffisamment de raisons juridiques pour le faire, mais elle a choisi de se plier aux injonctions politiques. L’affaire n’est pas close mais cette procédure juridique ouvre la voie à une dissolution qui pourrait être prononcée à l’issue d’un procès dont la date n’est pas encore fixée. Il devrait avoir lieu avant l’élection présidentielle, prévue pour juin 2023, (et annoncée par certains sondages comme risquée pour Erdoğan). Dans l’attente, La répression systématique contre le HDP se poursuit et s’intensifie. Qu’on en juge !

  • assassinat de la jeune Deniz Poyraz, lors d’une attaque contre un bureau du HDP à Izmir.
  • décision de la Cour constitutionnelle visant la dissolution du HDP. 
  • plus de 105 personnes selon les médias turcs, interpellées dans la seule journée du 21 juin.
  • Poursuite des audiences du procès Kobanê. 

Erdoğan a déclaré la guerre totale contre les Kurdes non seulement en Turquie, mais aussi en Syrie et en Irak

Tout en maintenant le HDP sous oppression systématique, le régime répressif d’Erdoğan mène une guerre totale contre les Kurdes, comme le déclare le Conseil Démocratique Kurde en France (CDK-F) qui appelle à une manifestation à Paris le 4 Juillet :

« En avril, la Turquie a lancé une nouvelle campagne militaire de grande envergure au Sud-Kurdistan (nord de l’Irak). De lourdes batailles se poursuivent dans la région, les forces de la guérilla kurde résistant farouchement à cette invasion illégale. Ces attaques à grande échelle ne visent pas seulement la guérilla du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), elles tendent aussi à occuper le Kurdistan du sud.

Profitant de l’absence de réaction, tant au niveau régional qu’international, le régime turc a mis en place un plan d’occupation de l’ensemble du Rojava (région du nord et de l’est de la Syrie) et du Sud-Kurdistan, déterminé à procéder à un nettoyage ethnique de cette vaste zone kurde – longue de 1400 km – allant du nord-ouest de la Syrie à la frontière irako-iranienne. Dans le même temps, la Turquie mène une guerre de drones contre le camp de réfugiés de Makhmour (nord de l’Irak), au mépris profond du droit international, et tente de dépeupler la région de Shengal (Sinjar), où vivent les Yézidis, cherchant à réaliser ainsi ce que Daech n’a pu faire ».

Ces attaques sont dirigées contre tous les acquis kurdes au Moyen-Orient. Le HDP a demandé à plusieurs reprises que les conflits soient résolus par des moyens démocratiques et pacifiques. Cette position anti-guerre du HDP met le régime d’Erdoğan en difficulté car le régime ne peut survivre qu’en élargissant les zones de conflit. Le HDP demande à tous les démocrates de se mobiliser pour empêcher le régime d’Erdoğan d’imposer des politiques conflictuelles qui menacent le HDP et le peuple kurde. 

Par André Métayer.

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