Alors que les Kurdes placent de grands espoirs dans le nouveau processus de dialogue en Turquie, ils subissent une nouvelle vague de répression. La Coprésidente du DEM, Tülay Hatimoğulları, critique la tactique ambivalente du gouvernement, appelant celui-ci à plus de clarté.
Depuis que le Parti de la démocratie et de l’égalité des peuples (DEM) a annoncé début février que le fondateur du PKK Abdullah Öcalan, détenu sur l’île d’Imrali, préparait un appel historique pour résoudre la question kurde, les attentions sont braquées sur cette île-prison de la mer de Marmara. Attendu initialement le 15 février, jour anniversaire de l’enlèvement d’Öcalan au Kenya par la Turquie, le message du leader kurde devrait finalement être prononcé dans les prochains jours, selon certaines sources. Dans une interview accordée à l’agence de presse Firat News (ANF), la coprésidente du parti DEM, Tülay Hatimoğulları, a réaffirmé les exigences de son parti, à savoir que le nouveau chapitre des relations turco-kurdes ne doit plus être retardé.
Processus historique
Hatimoğulları a souligné que la Turquie se trouve dans une phase historique où la question kurde est en discussion. Les discussions entre le DEM, Abdullah Öcalan et le gouvernement turc sont d’une grande importance, a-t-elle dit. Lors des visites de la délégation du DEM à Imrali, qui ont eu lieu au cours des deux derniers mois, Öcalan a transmis des messages complets visant à une solution pacifique et démocratique de la question kurde ainsi qu’à la démocratisation de la Turquie dans son ensemble. «Il y a de grands espoirs», a déclaré Hatimoğulları.
Répression malgré le dialogue
Cependant, malgré les discussions en cours, le gouvernement turc continue de réprimer les politiciens et les militants kurdes. Ces dernières semaines, les arrestations se sont succédé, et une vague de purges a touché l’opposition démocratique et la société civile. Les cercles proches du DEM et les partis alliés qui s’engagent également pour une solution à la question kurde sont les plus touchés.
Hatimoğulları a critiqué la «tactique ambivalente» d’Erdoğan, en particulier les poursuites lancées contre le Congrès démocratique des Peuples (HDK), ainsi que la mise sous tutelle des municipalités tenues par le DEM et l’escalade des attaques armées contre la région autonome du nord et de l’est de la Syrie. « Ces actions sont en contradiction avec les efforts de paix et sapent la confiance dans le processus de dialogue », a-t-elle déclaré.
Le rôle du DEM dans le nouveau processus
Lors de l’entretien, la politicienne s’est également exprimée sur les défis que son parti doit relever pour faire avancer le programme de paix. Le DEM se considère comme un médiateur entre Öcalan, la direction du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) et l’État turc. Hatimoğulları a souligné que son parti était prêt à toutes les démarches nécessaires pour faire avancer le processus de paix. Elle a appelé le gouvernement turc à mettre fin à sa politique répressive et à participer de manière constructive aux discussions.
Retards liés au voyage de la délégation d’Imrali au Sud-Kurdistan
Selon le DEM, le message d’Öcalan marquera un tournant historique dans le processus de paix. Le parti d’opposition estime qu’Öcalan peut déplacer la question kurde du champ militaire au champ politique et juridique. Le message du leader kurde est attendu avec impatience non seulement par la population kurde, mais aussi par les autres forces progressistes en Turquie.
Concernant le calendrier de la déclaration d’Öcalan, Hatimoğulları a précisé que les retards étaient liés notamment au voyage de la délégation d’Imrali au Sud-Kurdistan (Irak), Öcalan n’ayant pas encore reçu les compte-rendus des discussions menées avec les partis politiques locaux.
Le gouvernement n’a pas de position claire
Hatimoğulları a souligné toutefois l’absence de position claire du gouvernement turc concernant le processus de paix. Elle a appelé le gouvernement à plus de transparence dans ses plans et ses intentions et à participer activement aux discussions. En outre, la Coprésidente du DEM a exigé de nouveau la levée de l’isolement d’Öcalan et la création d’un cadre juridique pour la poursuite des discussions. En attendant, son parti se concentrera sur le développement d’alliances sociales et poursuivra les discussions avec des groupes sociaux et institutionnels afin de soutenir le processus de paix et de faire avancer la démocratisation de la Turquie, a-t-elle souligné
Appel à la mobilisation de la société en faveur du processus de paix
«La solidarité de toutes les forces démocratiques en Turquie, y compris le mouvement ouvrier, les groupes de défense des droits des femmes, les organisations de jeunesse et d’autres minorités, revêt une importance particulière dans cette phase. Ce n’est que par une large mobilisation de la société que le processus de paix pourra réussir et que le pays pourra être démocratisé», a conclu Hatimoğulları.