Le camp de réfugiés autogéré de Lavrio, près d'Athènes, a été évacué de force par la police grecque le 5 juillet, à l’aube.
Le camp de réfugiés de Lavrio évacué de force par la police grecque le 5 juillet à l'aube.

Le camp de réfugiés autogéré de Lavrio, près d’Athènes, a été évacué de force par la police grecque le 5 juillet, à l’aube. Plus de cinquante résidents kurdes ont été emmenés par la police. L’opération s’inscrirait dans le cadre d’un accord entre l’OTAN et la Turquie.

La police grecque a mené un raid à l’aube dans le camp de réfugiés autogéré de Lavrio, près d’Athènes, et évacué de force les résidents. Le camp abritait une cinquantaine de réfugiés kurdes originaires de Turquie, de Syrie et d’Irak, dont 19 enfants. Lors du raid, la police aurait forcé les portes des chambres.

Le camp était depuis longtemps pointé du doigt par le gouvernement turc comme étant un « camp d’entraînement terroriste » et un refuge pour les membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et d’autres organisations de gauche interdites en Turquie.

Selon les médias grecs, l’opération est un « geste envers le président turc Recep Tayyip Erdoğan ». On craint que certains des réfugiés kurdes ne soient extradés à la suite de cette action. Le ministère grec de l’immigration et de l’asile avait décidé en avril de fermer progressivement le camp de Lavrio, au prétexte qu’il était inadapté à l’accueil des réfugiés. Dans le cadre de ce processus, une centaine de réfugiés sur les 150 hébergés dans le camp avaient déjà été transférés vers d’autres centres d’hébergement de la région.

Le camp de Lavrio ne servait pas seulement de refuge, mais aussi de centre de solidarité, offrant un soutien aux résidents et favorisant un sentiment de communauté. L’évacuation a été condamnée par de nombreuses ONG grecques. Le centre culturel kurde d’Athènes a dénoncé une action disproportionnée : « Le camp a été envahi par des centaines de policiers et les habitants ont été embarqués de force dans des bus. Il s’agirait du résultat d’un accord entre l’État turc et l’OTAN. » Selon le centre culturel kurde, la version du ministère grec de l’immigration selon laquelle les réfugiés seraient partis volontairement est fausse. L’évacuation a été forcée.

L’évacuation du camp autogéré a eu lieu peu après que le nouveau gouvernement de droite grec ait déclaré vouloir prendre un nouveau départ dans ses relations avec la Turquie. Les 11 et 12 juillet, un sommet de l’OTAN se tiendra en Lituanie, au cours duquel il sera à nouveau question de l’adhésion de la Suède, bloquée par la Turquie.

Lavrio est une petite ville de la province grecque de l’Attique, située à environ 60 kilomètres au sud d’Athènes. C’est là que se trouve l’un des plus anciens camps de réfugiés de Grèce : construit dans les années 1960 pour les réfugiés de la guerre froide en provenance d’Union soviétique, il a accueilli dans les années 1980 principalement des réfugiés politiques de Turquie qui avaient fui le coup d’État militaire. Lavrio est depuis lors connu comme un camp d’accueil pour les réfugiés kurdes, raison pour laquelle il a toujours été une épine dans le pied d’Ankara. À partir de 2014, le camp a accueilli de plus en plus de familles kurdes du Rojava fuyant les attaques de l’État islamique (EI) ou de la Turquie. 

Jusqu’à il y a quelques années, le camp était officiellement reconnu par Athènes et géré avec l’aide de la Croix-Rouge grecque. Mais en 2017, le gouvernement Syriza a surpris tout le monde en privant le camp du soutien de l’État. Depuis lors, Lavrio était une sorte de zone autogérée, financée par des dons, notamment du Croissant-Rouge kurde. L’autogestion du camp fonctionnait selon le principe de l’autonomie démocratique. 

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