Selon Dilbirîn Kobanê, une des coordinatrices de l’opération humanitaire et de sécurité menée depuis plusieurs semaines dans le camp d’Al-Hol, au nord-est de la Syrie, la situation dans le camp représente un danger pour le monde entier.
Depuis plus de deux semaines, les forces de sécurité du nord et de l’est de la Syrie fouillent le camp de réfugiés et d’internement d’al-Hol, près de Hassaké, à la recherche de membres de l’organisation terroriste “État islamique” (EI). Jusqu’à présent, l’opération coordonnée par le commandement des forces de sécurité intérieure (Asayîş) et soutenue par les Forces démocratiques syriennes (FDS) a permis la libération de cinq femmes retenues captives par les djihadistes et l’arrestation d’au moins 150 membres présumés du groupe terroriste, dont des dizaines de femmes. En outre, les forces de sécurité ont saisi de nombreuses armes et découvert des cachettes souterraines. Deux combattants des FDS ont perdu la vie au cours de l’opération alors qu’ils tentaient d’appréhender une cellule djihadiste.
Dilbirîn Kobanê, commandante des Unités de Protection des Femmes (YPJ) est l’une des coordinatrices de l’opération. Elle a commenté pour l’agence de presse Firat News (ANF) le bilan de l’opération et la situation actuelle dans le camp. Elle souligne que le camp al-Hol est une bombe à retardement pour le monde entier, mais que personne n’en prend la responsabilité.
« L’objectif de la première phase de l’opération, explique la commandante, était de freiner la propagation des cellules de l’EI dans la région. Cette opération a permis d’obtenir des résultats très importants: de nombreuses cellules djihadistes ont été interceptées. Après la défaite militaire à Baghouz au printemps 2019, les mercenaires de l’EI ont voulu utiliser le camp pour se réorganiser. Il fallait donc faire quelque chose et la première étape a été franchie l’année dernière sous le commandement de Jiyan Tolhildan*. »
Et de poursuivre: « Les attaques de la Turquie sur la région ont retardé la deuxième phase de l’opération. Le camp est sous surveillance depuis longtemps. Le danger dans le camp allait en s’aggravant en raison des activités croissantes des mercenaires de l’EI. Par conséquent, la deuxième étape de l’opération était nécessaire. Ce camp est dangereux, non seulement pour la région, mais aussi pour le monde entier. Nous devions agir pour mettre fin aux formations et aux entraînements qui visent la propagation de l’idéologie djihadiste. La révolution du Rojava est une révolution humanitaire, il nous incombe donc de lutter contre ce danger. »
Dilbirîn Kobanê rend compte du déroulement de l’opération : « Des mercenaires djihadistes responsables de crimes contre des civils ont été arrêtés au cours de l’opération. Notre action a consisté aussi à retirer les tentes vides du camp, car ces dernières sont utilisées par l’organisation terroriste comme des lieux de formation et de torture; elles servent aussi de salles pour les tribunaux de la charia. Les mercenaires de l’EI avaient construit de longs tunnels et des abris souterrains pour cacher leurs armes. Dans ces tunnels, ils cachaient également les personnes qu’ils tuaient et torturaient.
Une autre raison pour laquelle cette opération était importante est l’endoctrinement des enfants. Depuis des années, le Rojava supporte seul le fardeau de ce camp. Tout le monde voit le danger, mais personne n’a agi de manière responsable jusqu’à présent. C’est le fardeau et le devoir de chacun. Et puis il y a le rôle de l’État turc. L’opération dans le camp d’Al-Hol a dû être reportée à plusieurs reprises en raison des attaques meurtrières menées par la Turquie dans la région. Pour cela, nous disons une fois de plus que chacun doit remplir son devoir humanitaire. Parce que cette situation est dangereuse non seulement pour le Rojava, mais aussi pour le monde entier. C’est pourquoi les peuples du monde doivent aborder cette situation de manière responsable, tout comme les peuples du Rojava. »
*La commandante des YPJ Jiyan Tolhildan, ainsi qu’une autre commandante, Roj Xabûr, et la combattante Barîn Botan ont perdu la vie dans une attaque ciblée de drone turque près de Qamishlo, le 22 juillet dernier