L’armée turque utilise des bombes au phosphore dans son opération contre la guérilla kurde au Sud-Kurdistan, rapporte le centre de presse des HPG.
Le centre de presse des Forces de Défense du Peuple (HPG, branche armée du PKK) a rapporté lundi que l’armée turque avait utilisé des bombes au phosphore le 10 juillet contre les positions de combat de la guérilla situées dans la zone de Şikefta Birîndara, au Sud-Kurdistan (nord de l’Irak). Après d’innombrables utilisations d’armes chimiques et de bombes lourdes, l’armée turque recours aujourd’hui à cette arme redoutable dont l’utilisation est très mal encadrée par le droit international.
Le phosphore – une arme chimique interdite ?
Les bombes au phosphore sont généralement composées d’un mélange de caoutchouc et de phosphore blanc qui s’enflamme au contact de l’air, pouvant atteindre une température de 1.300 degrés. En contact avec la peau, il génère des brûlures graves qui atteignent les organes intérieurs et les os. Une fois que la combustion commence chez les victimes, il est très difficile de l’arrêter. Par ailleurs, l’inflammation du produit au contact de l’air produit une fumée blanche et dense dont l’inhalation génère rapidement des plaies dans les poumons et peut entraîner la mort par asphyxie.
Le protocole additionnel à la Convention sur certaines armes chimiques (CCAC) autorise cependant l’usage des munitions au phosphore sur les objectifs militaires, à condition que ceux-ci ne se trouvent pas à proximité de zones civiles. La classification du phosphore comme arme incendiaire est très critiquée par les organisations de protection des droits humains qui demandent qu’il soit classé comme arme chimique et que son usage soit interdit en toutes circonstances. Toutefois, des puissances internationales comme les États-Unis, la Russie et Israël, qui ont l’habitude de recourir à ce type d’armes, s’y opposent.
Ainsi, les bombes au phosphore ont été utilisées par Israël lors de la guerre du Liban en 2006, par les États-Unis en Irak et, plus récemment, semble-t-il, par la Russie en Ukraine. Elles permettent d’éliminer en peu de temps un grand nombre de personnes dans une zone donnée.
Utilisation du phosphore par la Turquie lors de l’invasion de Serêkaniyê
En octobre 2019, l’armée turque a utilisé des bombes au phosphore lors de l’invasion de la ville de Serêkaniyê, dans le nord de la Syrie. 33 personnes, dont 23 civils et 10 combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS), ont été brûlées lors de cette attaque. Six personnes ayant perdu la vie étaient si gravement brûlées qu’elles n’ont pu être identifiées.
Un laboratoire suisse confirme l’usage du phosphore
En janvier 2020, quelques mois après le massacre de Serêkaniyê à la bombe au phosphore, un laboratoire suisse a annoncé les résultats de son analyse d’un échantillon prélevé sur un combattant blessé des FDS. Les experts ont détecté une teneur significativement élevée en phosphore dans l’échantillon analysé et constaté des brûlures chimiques typiques sur le corps du blessé. L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) s’est cependant rangée du côté de la Turquie et refusé de condamner cet usage.