Dans un communiqué publié aujourd’hui, 29 mai, sur le site du Conseil de l’Europe, la Présidente de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), Liliane Maury Pasquier, a salué l’arrêt des grèves de la faim en Turquie et appelé à une reprise du processus de paix entre la Turquie et le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK).
« Je suis soulagée d’apprendre que des centaines de détenus et d’autres personnes, dont Leyla Guven et trois autres parlementaires, aient cessé leur grève de la faim », déclare la Présidente de l’APCE en référence à l’arrêt, dimanche 26 mai, des grèves de la faim menées par quelque 7.000 personnes, majoritairement des prisonniers politiques, pour rompre l’isolement carcéral imposé par le gouvernement turc au leader kurde Abdullah Öcalan, sur l’île-prison d’Imrali.
Initié le 7 novembre 2018 par la Députée du Parti démocratique des Peuples (HDP) Leyla Guven, alors qu’elle était détenue dans la prison de Diyarbakir, ce mouvement qui, au-delà de la levée de l’isolement, revendiquait aussi la reprise d’un processus de paix entre la Turquie et le PKK, s’était rapidement répandu dans les geôles turques, mais aussi en Europe. 14 militants politiques ont ainsi jeûné pendant des mois à Strasbourg pour faire entendre leur voix auprès des institutions européennes et en particulier du Comité du Conseil de l’Europe pour la Prévention de la Torture (CPT).
Ce mouvement de contestation sans précédent, relayé par les proches des prisonniers politiques du PKK qui manifestaient quotidiennement devant les prisons et dans la rue, malgré la répression policière, avait contraint le gouvernement turc à autoriser, après 8 ans d’interdiction, une première visite des avocats le 2 mai et une seconde le 22 mai. Entre temps, le Ministre turc de la justice Abdulhamit Gül avait annoncé la levée des mesures interdisant à M. Öcalan de rencontrer ses avocats.
Dans son communiqué, Mme Maury Pasquier se réjouit de cette décision, estimant qu’elle permet désormais les visites régulières des avocats et des membres de la famille d’Ocalan, « conformément aux recommandations du CPT ».
Évoquant les 9 personnes –deux activistes kurdes en Allemagne et 7 prisonniers politiques- qui se sont donné la mort, durant cette période de contestation, pour faire entendre la voix des grévistes de la faim, la Présidente de l’APCE dit penser à elles « avec regret » et appelle à ne pas les oublier. « Je reste cependant fermement convaincue que les problèmes politiques et juridiques doivent être résolus par le dialogue et la négociation, et pas par des actions qui mettent en péril la vie humaine », ajoute-t-elle.
« C’est pourquoi, poursuit-elle, j’appelle instamment toutes les parties prenantes à reprendre le processus de paix », qualifiant celui-ci d’« indispensable » et soulignant qu’il contribuerait à stabiliser la région.