L’ancienne dirigeante du DBP, Emine Ayna, a été condamnée à deux ans et demi de prison à Diyarbakir pour des discours politiques qu’elle avait prononcés en tant que députée.
L’ancienne coprésidente du Parti des Régions démocratiques (DBP), Emine Ayna, a été condamnée à deux ans et demi de prison en Turquie. Âgée de 55 ans, elle avait publiquement appelé à une solution politique à la question kurde à plusieurs reprises entre 2011 et 2016 et souligné le rôle d’Abdullah Öcalan dans l’apaisement du conflit. Un tribunal de Diyarbakir a déclaré mardi que les discours de la femme politique étaient autant d’indices de « propagande en faveur d’une organisation terroriste ».
Emine Ayna était représentée à l’audience par son avocate, Semra Baylan. Dénonçant un procès d’opinion, celle-ci a fait remarquer à la chambre que les discours critiqués par l’accusation relevaient de la liberté d’expression et avaient été prononcés à une époque où sa cliente était membre du parlement turc et coprésidente d’un parti politique.
Le tribunal a cependant suivi les réquisitions du parquet en condamnant l’ancienne députée kurde à deux ans et demi d’emprisonnement. Pour être définitive, la condamnation doit encore être validée par la cour de cassation.
Qui est Emine Ayna ?
Emine Ayna est née en 1968 à Dicle, dans la province de Diyarbakir. Après avoir obtenu son diplôme de fin d’études secondaires, elle a cofondé puis dirigé l’association de femmes « Gökkuşağı » (Arc-en-ciel) basée à Istanbul. En 2007, elle a été élue députée dans la province kurde de Mardin. Elle a été coprésidente du Parti de la société démocratique (DTP) jusqu’à ce qu’il soit interdit à la fin de 2009. Après l’interdiction du DTP, elle a rejoint le parti qui lui a succédé, le BDP (Parti pour la paix et la démocratie). Elle s’est présentée en tant que candidate indépendante dans la circonscription de Diyarbakir lors des élections législatives de 2011 et a été réélue. Lorsque le BDP s’est rebaptisé DBP (Parti des régions démocratiques) en 2014, Ayna a été élue coprésidente. En 2016, elle s’est retirée de la vie politique active en réaction au siège militaire turc des villes kurdes qui a fait des centaines de victimes.
Figurant parmi les 108 personnes poursuivies dans le cadre de l’affaire dite de « Kobanê », Emine Ayna avait été arrêtée en septembre 2020 et détenue pendant près de neuf mois.